Transformant le podium parisien en mirage sensoriel, la collection Printemps 2026 de 3.PARADIS permet à Emeric Tchatchoua de questionner notre rapport au temps. Sous des projecteurs chauffants qui intensifient l’expérience désertique, le créateur livre une méditation vestimentaire sur l’errance et l’impermanence.

Le sable fin recouvre entièrement l’espace de présentation, créant une atmosphère contemplative qui invite naturellement à la lenteur. Cette mise en scène théâtrale permet à Tchatchoua d’explorer son concept « Steps to Nowhere », un hommage poétique à l’artiste Matthew Courtney, récemment disparu. Les mannequins évoluent avec une lenteur calculée, comme accablés par une chaleur invisible, zigzaguant entre les dunes imaginaires.
French Montana et Jean-Charles de Castelbajac participent à cette promenade surréaliste, le premier arborant une veste de smoking blanche déstructurée, le second enveloppé dans un imposant manteau en cuir beige. Cette distribution inhabituelle renforce l’aspect cinématographique de la proposition.
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La Travelers Jacket est au cœur de cette collection. Confectionnée par l’Atelier Latour parisien, elle transforme littéralement le torse en paysage désertique grâce à ses panneaux de nubuck et de daim cousus main. Chaque couture évoque les fissures d’une terre craquelée, tandis que des colombes en cuir appliquées flottent comme des messagères célestes.
Le bomber Fuchsia Illusion déforme les codes classiques à travers le prisme du mirage, créant cette sensation de répétition visuelle propre aux hallucinations thermiques. Les costumes déstructurés s’adoucissent grâce à des drapés fluides évoquant les mouvements du vent dans les dunes.

L’obsession temporelle du créateur se matérialise dans un motif de montres vintage brodé sur les manteaux et les pantalons. Ces garde-temps figés interrogent paradoxalement l’écoulement du temps dans cet environnement où les repères ont disparu.
Le partenariat avec la succession d’Antoine de Saint-Exupéry confère une dimension littéraire évidente à la collection. Le Petit Prince apparaît en jacquard sur des pulls, dessiné au bas de chemises bleu nuit, ou à travers les illustrations originales reprises sur des t-shirts. Cette collaboration résonne parfaitement avec l’ADN de 3.PARADIS, les deux univers partageant cette quête de sens à travers l’errance.

J.M. Weston signe des souliers aux couleurs saisonnières fuchsia et bleu touareg, gravés au laser du motif emblématique de la maison : la colombe. Vilebrequin propose pour sa part une capsule swimwear aux imprimés surréalistes évoquant un jardin d’Éden tropical.
Tchatchoua utilise la mode comme thérapie personnelle, un moyen de raconter des histoires et de guérir. Cette approche introspective donne naissance à des vêtements à la fois fonctionnels et poétiques, construits avec rigueur mais habités d’une sensibilité rare.
Le créateur rappelle que nous sommes tous des voyageurs temporaires traversant nos propres déserts intérieurs. La beauté réside moins dans la destination que dans l’acceptation de cette impermanence magnifique qui caractérise l’existence humaine.