South Park n’a jamais hésité à bousculer les conventions, et la saison 27 de la série animée le confirme : Trump reste une cible de choix pour Trey Parker et Matt Stone. Malgré un accord financier de 16 millions de dollars entre Paramount et le président américain, les créateurs de la série culte de Comedy Central ont choisi de redoubler d’efforts plutôt que de faire profil bas.
L’épisode de la première de la saison, diffusé mercredi soir, constitue un véritable camouflet pour l’administration Trump. Les téléspectateurs ont découvert une représentation particulièrement osée du président, notamment une scène où il apparaît nu au lit avec Satan. Cette séquence audacieuse aborde directement les rumeurs concernant les liens présumés entre Trump et Jeffrey Epstein, le financier déchu.
Un personnage de Jésus porteur d’avertissements
La subtilité n’a jamais été le fort de South Park, mais cette fois, Parker et Stone ont opté pour une approche méta-textuelle saisissante. Un personnage représentant Jésus-Christ rend visite à l’école élémentaire de la série avant de révéler sa véritable mission. « Trump m’a envoyé parce que cela faisait partie d’un procès et d’un accord avec Paramount », déclare le personnage divin.
Le message devient encore plus explicite lorsque Jésus met en garde les habitants de South Park : « Vous avez vu ce qui est arrivé à CBS ? Eh bien, devinez qui possède CBS ? Paramount ! Vous voulez vraiment finir comme Colbert ? Arrêtez d’être stupides. Taisez-vous, ou nous serons annulés, bande d’idiots ! »
Cette référence directe à l’annulation récente de The Late Show with Stephen Colbert soulève des questions sur les motivations réelles de cette décision. Paramount justifie officiellement cette annulation par des raisons purement financières, l’émission ayant perdu 40 millions de dollars l’année dernière, selon des sources internes.
Le timing révélateur d’une contre-attaque médiatique
L’ironie de la situation atteint son paroxysme quand on considère le calendrier de ces événements. L’épisode controversé a en effet été diffusé quelques heures seulement après l’annonce du nouveau contrat de la société de production de Parker et Stone, Park County, avec Paramount. Cet accord pharaonique de 1,25 milliard de dollars sur cinq ans témoigne du poids économique considérable de la franchise.
Stephen Colbert lui-même n’a pas manqué de réagir à cette situation paradoxale. Sur son plateau, il a commenté avec son ironie habituelle les déclarations de Trump concernant le règlement : « Cela signifie qu’en pliant le genou, ils ont perdu environ 40 millions de dollars cette année. Ils feraient mieux de faire attention, ils pourraient être annulés. Pour des raisons purement financières. Purement. »
La réaction de l’administration Trump
La Maison Blanche n’a pas tardé à riposter par la voix de Taylor Rogers, secrétaire adjointe à la presse. Sa déclaration cinglante reflète l’agacement de l’administration : « Cette émission n’est plus pertinente depuis plus de 20 ans et s’accroche par un fil à des idées sans inspiration dans une tentative désespérée d’attirer l’attention. »
Cette réponse officielle contraste avec l’impact culturel persistant de South Park, qui continue de générer des milliards de dollars et d’influencer le débat public américain, plus de deux décennies après sa création.
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Les créateurs assument pleinement leurs choix
Lors du Comic-Con de San Diego, Parker et Stone ont abordé la polémique avec leur désinvolture caractéristique. Interrogés sur les réactions suscitées par l’épisode, Parker et Stone ont répondu avec leur flegme habituel : « Nous sommes terriblement désolés. »
Les négociations tendues avec Paramount et les futurs propriétaires Skydance concernant les droits de diffusion en streaming avaient créé de l’incertitude. Parker et Stone avaient même publié un message enflammé sur les réseaux sociaux : « Cette fusion est un bordel et elle fout en l’air South Park. Nous sommes au studio en train de travailler sur de nouveaux épisodes, et nous espérons que les fans pourront les voir d’une manière ou d’une autre. »
L’enjeu était celui des droits de diffusion et de la liberté créative
Le nouveau contrat permet finalement à South Park de rejoindre la plateforme Paramount+ aux États-Unis pour la première fois, avec une production de dix épisodes par an. Cette migration vers le streaming représente un enjeu majeur pour l’avenir de la série, mais aussi pour la liberté créative de ses créateurs.
Les tensions autour des contenus politiquement sensibles ne se limitent pas à South Park. Jon Stewart, animateur de The Daily Show sur Comedy Central, a également critiqué Paramount, accusant la compagnie d’avoir « perdu le bénéfice du doute » concernant ses motivations, après avoir « vendu leur programme d’information phare pour payer des frais d’extorsion à ce président ».
Le paysage médiatique sous pression
L’affaire South Park révèle les tensions croissantes qui traversent l’industrie du divertissement américain. Entre pressions politiques, contraintes économiques et impératifs créatifs, les producteurs de contenus évoluent dans un environnement de plus en plus instable.
L’approbation, jeudi dernier, par la Commission fédérale des communications, de l’acquisition de Paramount Global par Skydance pour 8 milliards de dollars, marque une nouvelle étape. David Ellison prendra bientôt les rênes de cet empire médiatique qui comprend Comedy Central, CBS et d’autres propriétés influentes.
Cette transition soulève des interrogations légitimes quant à l’indépendance éditoriale future des programmes. Parker et Stone semblent déterminés à maintenir leur ligne satirique, quitte à provoquer de nouveaux remous politiques et financiers.