Florence, cœur historique de la mode italienne, a été le théâtre de la collection masculine MM6 Maison Margiela automne 2025, présentée dans le cadre de l’édition hivernale du Pitti Uomo. Cet événement a marqué un moment décisif pour la marque, puisqu’il s’agissait de sa première présentation masculine autonome. Elle y a présenté une réinterprétation audacieuse de la mode masculine traditionnelle, avec une touche sensuelle et rebelle. S’inspirant des dualités de la ville – sa beauté sublime et son énergie brute -, la collection a offert une vision élégante, sophistiquée et provocante de la masculinité.
Le cadre lui-même était une déclaration : la grande serre en verre du XIXe siècle connue sous le nom de Tepidarium del Roster, nichée dans le Giardino dell’Orticoltura de Florence. L’architecture fantaisiste Art nouveau du lieu créait un contraste visuel frappant avec la collection, presque entièrement noire, qui reflétait les thèmes sous-jacents des créations. Ce choix de lieu a également constitué un hommage subtil à l’emblématique défilé Pitti Uomo tout blanc de Martin Margiela en 2006, mais l’équipe de MM6 Maison Margiela a forgé sa propre identité en proposant une esthétique plus sombre et plus sensuelle.
La collection a redéfini les classiques de la mode masculine dans une optique de sophistication moderne et d’étrangeté subtile. Le lin a été enduit et caoutchouté pour ressembler à du cuir noir, tandis qu’un costume de smoking en lurex turquoise est apparu à la fois luxueux et délibérément abîmé, avec des coutures déchirées. Le denim noir a été méticuleusement peint à l’aérographe pour créer l’illusion d’être éclairé par un projecteur qui s’éteint, ce qui ajoute une touche théâtrale. L’intégration de fines cravaches en cuir suspendues aux pantalons et de cravates en mousseline de soie noire serrées par des lanières de cuir a contribué à une esthétique globale qui transmettait une énergie brute et provocante. L’incorporation d’accents de fausse fourrure a encore remis en question les notions conventionnelles du genre dans la mode en brouillant les lignes entre les styles masculins et féminins.
Miles Davis, musicien de jazz emblématique réputé pour son style impeccable, a servi de point de référence pour la collection. Le moodboard de l’équipe a mis en avant le style sans effort de Miles Davis, ce qui était évident dans les silhouettes élégantes et ajustées, et dans l’assurance générale des créations. La bande-son, qui comprenait « This is Hardcore » de Pulp, a encore renforcé l’ambiance sensuelle et nerveuse de la collection.
Les choix de casting ont joué un rôle essentiel pour donner vie à la collection. Des mannequins à la personnalité forte et distincte ont incarné les archétypes des cool kids, des bikers et des rockers, réimaginés sous la forme d’adultes un peu méchants. Cette approche a donné de la profondeur à la présentation, la rendant plus qu’un simple étalage de vêtements, mais une représentation de personnages et d’attitudes.
Bien que la collection ait adopté une esthétique plus habillée et plus soignée que les précédentes propositions de MM6 Maison Margiela, elle a conservé l’esprit subversif caractéristique de la marque. Les blazers structurés en Lurex scintillant et en velours à pois, associés à des pantalons skinny, offrent une vision moderne du tailoring de soirée. Les vêtements d’extérieur, fabriqués à partir de lin enduit et caoutchouté, ressemblent à du cuir et sont portés avec des gants de motard empochés, alliant sophistication et côté rebelle. Parmi les pièces les plus remarquables, citons un manteau de voiture irisé en satin surteint, des blousons bombardiers en daim et un trench-coat kaki fluide. Un peacoat orné de ruban adhésif au lieu de cuir rendait hommage à l’éthique de bricolage de Martin Margiela, suggérant que le luxe peut être à la fois accessible et inventif.
Le défilé lui-même était un spectacle, les mannequins s’arrêtant sur une plate-forme surélevée sous des flashs alternés de lumière rouge, verte et bleue. Cette mise en scène dramatique, associée aux poses saisissantes des mannequins, a créé une atmosphère théâtrale captivante qui a enthousiasmé le public. Toutefois, certains critiques ont fait remarquer que le défilé manquait de l’énergie grinçante et percutante typiquement associée à la marque, suggérant qu’une approche plus audacieuse aurait pu rendre le moment encore plus percutant.