Tesla traverse une période critique. Alors que les résultats financiers du premier trimestre 2024 ont chuté de 71 %, Elon Musk, plus que jamais sous pression, réaffirme sa priorité absolue : la conduite autonome. Un pari risqué, mais indispensable pour redonner un souffle à l’entreprise.
Les dernières annonces de Tesla
Lors d’une récente conférence avec des investisseurs, Elon Musk a confirmé le lancement d’un service commercial de robotaxi à Austin, au Texas, prévu pour juin 2025. Baptisé « Unsupended FSD » (Full Self-Driving), ce service permettrait pour la première fois une conduite entièrement autonome sans intervention humaine.
« Nous allons lancer en juin à Austin le Full Self-Driving en tant que service payant, avec des véhicules sans conducteur », a déclaré Musk. Le déploiement se ferait en deux phases : d’abord avec une flotte appartenant à Tesla en 2025, puis en permettant aux propriétaires privés d’intégrer leurs véhicules dans le réseau à partir de 2026.
Un historique de promesses non tenues
Les observateurs du secteur automobile restent sceptiques, car le patron de Tesla a l’habitude de fixer des délais qui ne sont jamais respectés. Depuis 2018, Musk évoque régulièrement des dates butoirs pour une conduite autonome complète, toutes repoussées par la suite.
En janvier dernier, il parlait d’une autonomie « sans supervision » pour « mi-2025 en Californie et au Texas ». Auparavant, il avait promis un trajet autonome entre New York et Los Angeles pour 2018, puis des échéances systématiquement reportées chaque année depuis 2020.
Ces retards successifs entament la crédibilité du constructeur, d’autant que Musk affirme également qu’il y aura « des millions de Tesla entièrement autonomes » dès la fin 2026, une projection jugée irréaliste par de nombreux experts.
Où en est vraiment la technologie de Tesla ?
Actuellement, les systèmes d’aide à la conduite requièrent une vigilance constante du conducteur. L’Autopilot gère les fonctions basiques, comme le maintien dans la voie et la régulation de vitesse, tandis que le FSD (Full Self-Driving) s’occupe des tâches plus complexes.
En Chine, Tesla a récemment commencé à déployer des fonctions avancées de conduite autonome, incluant le pilotage automatique dans les rues des villes. Cette mise à jour fait suite à plusieurs années de négociations avec les autorités réglementaires chinoises.
La technologie de Tesla se distingue par son approche exclusivement basée sur des caméras, sans lidars, radars ni cartographie 3D. L’entreprise affirme que ses véhicules équipés d’Autopilot sont statistiquement impliqués dans moins d’accidents que les voitures classiques, bien que ces données soient contestées par certains experts.
Les obstacles techniques et réglementaires
En Europe, le déploiement de la conduite autonome Tesla devait initialement débuter au premier trimestre 2025, sous réserve d’approbation réglementaire, mais de nombreux obstacles subsistent. Les anciennes Tesla équipées du matériel HW3 ne pourront probablement jamais atteindre l’autonomie complète, comme l’a récemment admis Musk lui-même.
La réglementation européenne sur les véhicules autonomes est plus stricte qu’aux États-Unis, ce qui pourrait retarder davantage le lancement de la version complète du FSD sur le continent. Les autorités exigent des preuves tangibles de sécurité avant d’autoriser la circulation de véhicules sans supervision humaine.
Une question de survie pour Tesla ?
Cette course à l’autonomie intervient dans un contexte financier difficile pour l’entreprise. Le constructeur doit faire face à une concurrence accrue sur le marché des véhicules électriques, notamment en Chine où les constructeurs locaux gagnent rapidement des parts de marché.
Le pari de Musk est clair : faire de l’autonomie complète un avantage concurrentiel décisif pour l’entreprise. Si la technologie FSD devient réellement opérationnelle, elle pourrait transformer chaque Tesla en source de revenus potentielle pour son propriétaire, créant ainsi un écosystème inédit dans l’industrie automobile.
Perspectives d’avenir
La récente démonstration de Tesla, montrant des véhicules quittant seuls l’usine de Fremont, reste un test limité, réalisé à faible vitesse sur des routes privées. Il est donc loin d’assurer une autonomie complète en environnement urbain complexe.
Les experts du secteur restent prudents quant aux échéances annoncées par Musk. Si le robotaxi d’Austin est effectivement lancé en juin 2025, cela représenterait une avancée majeure pour Tesla, mais les défis techniques et réglementaires demeurent considérables.
Une chose est certaine : la conduite autonome est l’avenir du secteur automobile. Reste à savoir si Tesla parviendra à tenir ses promesses cette fois-ci, ou si Elon Musk devra encore repousser ses ambitions à une date ultérieure.