Mardi, Amazon a démenti avoir approuvé un projet d’affichage des coûts des droits de douane sur sa plateforme américaine, après une vive réaction de la Maison Blanche qui a qualifié cette initiative supposée d’« acte hostile et politique ».
Le site d’information Punchbowl News avait rapporté que le géant du e-commerce envisageait de détailler aux consommateurs américains l’impact des tarifs douaniers imposés par l’administration Trump sur les prix des produits. Cette information a provoqué une tempête médiatique et une réponse immédiate de Washington.
« C’est un acte hostile et politique de la part d’Amazon », a déclaré Karoline Leavitt, porte-parole de la Maison Blanche, lors d’un point presse. « Pourquoi Amazon n’a-t-il pas fait cela lorsque l’administration Biden a provoqué une inflation record depuis 40 ans ? », a-t-elle ajouté, concluant que « c’est une autre des raisons pour lesquelles les Américains devraient acheter américain ».
La porte-parole a également accusé Amazon d’entretenir des liens avec « une entité de propagande chinoise », brandissant un article de Reuters de 2021 évoquant un partenariat entre l’entreprise et les autorités chinoises. Elle a précisé avoir évoqué le sujet avec Donald Trump par téléphone.
La réponse d’Amazon
Face à cette controverse, Amazon a rapidement clarifié sa position. « L’équipe qui gère notre boutique Amazon Haul à prix ultra-bas a envisagé d’afficher des frais d’importation sur certains produits. Cela n’a jamais été envisagé pour le site principal d’Amazon et aucune mesure n’a été mise en place sur les autres sites du groupe », a déclaré un porte-parole du groupe.
Selon CNN, Donald Trump aurait personnellement appelé Jeff Bezos, fondateur d’Amazon, pour se plaindre de ce projet. Même s’il n’occupe plus de fonctions opérationnelles depuis 2021, Jeff Bezos reste président exécutif du conseil d’administration et détient près de 9 % des titres de la société.
Quel est l’impact réel des droits de douane ?
Pendant ce temps, les nouveaux tarifs douaniers commencent déjà à se faire sentir sur la plateforme. Les droits de douane atteignent désormais 145 % pour la majorité des produits importés de Chine. Selon la société d’analyse SmartScout, 930 articles ont enregistré une augmentation moyenne de 29 %.
De nombreux vendeurs tiers sur Amazon, qui représentent environ 60 % des ventes de la plateforme, ont déjà augmenté leurs prix pour absorber l’effet des nouveaux tarifs. Ces vendeurs, souvent basés en Chine ou dépendants de fournisseurs chinois, fonctionnent avec des marges réduites qui ne leur permettent pas de supporter une telle hausse des coûts.
« Bien que l’entreprise fera tout son possible pour atténuer l’impact, certains vendeurs seront contraints de répercuter le coût supplémentaire des tarifs sur le prix final payé par le consommateur », avait reconnu Andy Jassy, directeur exécutif d’Amazon, lors d’une interview avec CNBC.
Des stratégies d’adaptation variées
Face à cette situation, les vendeurs chinois adoptent différentes approches. Certains augmentent leurs prix sur le marché américain, d’autres limitent leurs stocks ou réduisent leurs investissements publicitaires. Certains envisagent même de quitter complètement le marché américain pour se concentrer sur d’autres régions où les barrières douanières sont moins contraignantes, comme l’Europe ou le Canada.
Des entreprises comme Zulay Kitchen en Floride, qui vend des appareils de cuisine fabriqués en Chine, doivent ainsi repenser leur chaîne d’approvisionnement. « Nous envisageons de relocaliser la fabrication en Inde, au Mexique et sur d’autres marchés où les taxes sont moins élevées, mais le processus prendra au minimum un à deux ans », explique Aaron Cordovez, cofondateur de la société.
Un impact sur les événements commerciaux d’Amazon
La situation affecte également la participation aux Jours Prime d’Amazon prévus en juillet. Reuters révélait récemment que plusieurs commerçants reconsidéraient leur participation à cet événement majeur. Certains vendeurs de produits importés de Chine ont décidé de ne pas participer à l’édition 2025 ou de réduire le pourcentage de leurs remises.
D’autres plateformes comme Shein et Temu ont déjà ajusté leur politique tarifaire. Temu ajoute désormais une ligne « droits de douane » qui distingue cette contribution du prix final.
Dans ce contexte de tensions commerciales croissantes entre les États-Unis et la Chine, la question de la transparence des coûts liés aux droits de douane reste sensible. Si elle peut sembler bénéfique pour les consommateurs, elle risque d’être perçue comme une critique de la politique commerciale de l’administration Trump, illustrant ainsi le délicat équilibre que les géants du e-commerce doivent maintenir dans l’environnement politique actuel.