L’essentiel :
– Trump annonce des tarifs douaniers de 50% sur l’Union européenne à partir du 1er juin 2025, ciblant 500 milliards d’euros d’exportations européennes.
– Apple est menacé de droits de douane de 25 % si les iPhone ne sont pas fabriqués aux États-Unis, malgré l’absence d’infrastructures de production américaines.
– Les marchés financiers ont immédiatement chuté, avec une baisse de 3 % du titre Apple et des indices européens en forte baisse.
– Les négociations commerciales sont au point mort, car Trump refuse tout compromis et privilégie la pression tarifaire à la diplomatie.
Le président américain Donald Trump a relancé vendredi sa guerre commerciale en brandissant de nouvelles menaces de tarifs douaniers contre l’Union européenne et Apple. Cette escalade soudaine marque un retour aux tensions commerciales après des semaines d’accalmie relative qui avaient permis aux marchés de souffler.
Dans un message publié sur sa plateforme Truth Social, Trump a annoncé recommander « des droits de douane directs de 50 % sur l’Union européenne à compter du 1er juin 2025 ». Le président américain justifie cette décision par l’échec des négociations commerciales avec Bruxelles, déclarant que les discussions « ne vont nulle part » et qualifiant les Européens de « très difficiles » à traiter.
L’Europe dans le viseur commercial américain
Cette menace vise directement les 500 milliards d’euros d’exportations européennes vers les États-Unis, menées par l’Allemagne avec 161 milliards d’euros, l’Irlande avec 72 milliards d’euros et l’Italie avec 65 milliards d’euros. Les secteurs pharmaceutiques, automobiles et aéronautiques sont potentiellement les plus touchés par ces nouvelles surtaxes.
La Commission européenne a réagi avec mesure, le commissaire au Commerce, Maros Sefcovic, rappelant que les échanges commerciaux « doivent être guidés par le respect mutuel, non par les menaces ». Une conversation téléphonique était prévue entre M. Sefcovic et son homologue américain Jamieson Greer pour tenter de désamorcer la crise.
Selon les analystes, cette nouvelle escalade reflète la frustration de Trump face à la lenteur des négociations. « L’UE est l’une des régions les moins appréciées de Trump, et il ne semble pas avoir de bonnes relations avec ses dirigeants, ce qui augmente les chances d’une guerre commerciale prolongée », analyse Kathleen Brooks, directrice de la recherche chez XTB.
Apple est pris pour cible dans la bataille des smartphones
Parallèlement aux menaces européennes, Trump a directement pris pour cible Apple en menaçant d’imposer « au moins 25 % » de droits de douane sur les iPhone fabriqués à l’étranger. Le président américain a précisé que cette mesure s’appliquerait également à « Samsung et tous ceux qui fabriquent ce produit », étendant ainsi sa menace à l’ensemble de l’industrie des smartphones.
Cette pression sur Apple s’inscrit dans la stratégie de relocalisation industrielle de Trump. Le président a rappelé avoir informé Tim Cook, le PDG d’Apple, qu’il s’attendait à ce que les iPhone vendus aux États-Unis soient fabriqués et construits aux États-Unis, et non en Inde ou ailleurs.
La situation devient particulièrement complexe pour Apple, qui avait récemment accéléré ses plans de production en Inde pour contourner les tarifs chinois. Tim Cook avait même annoncé que « la majorité des iPhone vendus aux États-Unis » pendant le trimestre en cours seraient issus de ce pays. Cette stratégie de diversification géographique est désormais remise en question par les nouvelles exigences américaines.
Un défi technologique et économique de taille
La demande de Trump représente un défi technique considérable. Comme le souligne Gil Luria, analyste chez D.A. Davidson & Co, « il est difficile d’imaginer qu’Apple puisse être pleinement conforme à cette demande du président dans les 3 à 5 prochaines années ». Les États-Unis ne disposent tout simplement pas de l’infrastructure nécessaire pour produire des smartphones en grande quantité.
Apple a confié environ 80 % de la fabrication des iPhone à des entreprises chinoises, et la production locale est actuellement inexistante. Une relocalisation complète nécessiterait des investissements massifs et plusieurs années de développement industriel.
Impact immédiat sur les marchés financiers
Les menaces de Trump ont provoqué une chute immédiate des marchés financiers. Les actions d’Apple ont perdu 3 % après l’annonce présidentielle, tandis que les principaux indices européens et américains ont également reculé. Les secteurs du luxe français et de l’industrie automobile allemande ont particulièrement souffert de ces annonces.
Cette volatilité souligne la sensibilité des marchés aux déclarations commerciales de Trump. Les investisseurs redoutent un retour aux tensions de 2024, quand les menaces tarifaires avaient déjà provoqué des ventes massives d’actifs américains.
Négociations au point mort
Malgré les discussions en cours, les négociations semblent piétiner. Trump a clairement déclaré qu’il ne cherchait pas d’accord avec l’UE, préférant maintenir la pression tarifaire. Cette approche contraste avec les négociations plus apaisées menées avec le Japon, où les discussions semblent progresser de manière plus constructive.
L’Union européenne avait déjà engagé une procédure de règlement des différends auprès de l’OMC contre les tarifs américains, qu’elle considère comme « contraires de manière flagrante aux règles fondamentales » de l’organisation internationale.
Alors que la trêve de 90 jours sur les tarifs réciproques approche de son terme en juillet, les prochaines semaines seront déterminantes pour savoir si Washington et ses partenaires commerciaux parviendront à trouver un terrain d’entente ou si une nouvelle escalade commerciale mondiale est inévitable.
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