La collection Printemps 2026 de Paul Smith transforme les souvenirs de voyage en garde-robe masculine contemporaine. Le créateur britannique puise son inspiration dans un livre de photographies égyptiennes aux couleurs vives, acheté il y a vingt-cinq ans lors d’un voyage sur le Nil avec son épouse Pauline. Redécouverte lors d’un récent rangement, cette trouvaille devient le fil conducteur de cette collection qui célèbre la spontanéité du voyage et l’authenticité des rencontres.

Les motifs de poissons et de fleurs éclatent sur les chemises en crêpe, tandis que les tricots intarsia reprennent ces codes visuels avec une palette de couleurs puisée directement dans les tons passés des clichés vintage. Smith explique avoir voulu reproduire « la surface de l’eau » à travers la texture particulière du coton, créant ce qu’il nomme le « River Print ».
Le défilé se déroule dans l’ancien entrepôt de roulements à billes de la Via Umbria, qui est un showroom depuis 2003. Les invités prennent place sur des caisses colorées habituellement utilisées pour le transport d’eau minérale, créant d’emblée une atmosphère détendue et accessible.

La collection privilégie les coupes amples et confortables. Les shorts évasés se portent avec des chaussettes mi-mollet et des baskets de pilote automobile ou des mocassins souples aux coloris neutres rehaussés de touches acidulées. Les smocks et les chemises à poches rabattues en crêpe de soie offrent une alternative fraîche aux codes vestimentaires traditionnels.
Les costumes explorent des matières inhabituelles : mohair de 280 grammes et lin shot de soie travaillés pour obtenir une texture non conventionnelle. Une veste en daim marron évoque l’esprit « Withnail and I » version luxe, tandis que les manteaux courts en cuir rappellent les années 1970.
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Sir Paul Smith excelle dans l’art de raconter des histoires à travers les détails. Les porte-clés en forme d’écaille de tortue du fictif « Paul Smith Hotel » se portent accrochés aux passants de ceinture. Les étiquettes de bagages en faux crocodile ornent les sacs masculins, évoquant subtilement l’univers du voyage et de l’exploration.
Les bérets spacieux se parent de coques métalliques, de pièces de monnaie et de breloques peace and love, rappelant les souvenirs glanés sur les marchés orientaux. Cette approche transforme l’accessoire en vecteur de mémoire personnelle.

Les associations chromatiques sont surprenantes : vert anis avec gris, orange avec mauve, fuchsia avec olive. Ces combinaisons audacieuses insufflent une énergie seventies à des pièces par ailleurs classiques. Les rayures emblématiques de Smith se réinventent dans des ensembles tricotés qui évoquent Missoni sans ses angles, tout en conservant l’identité unique du créateur.
Smith revendique sa philosophie : créer des vêtements pour la vraie vie, et non pour les podiums. Un mannequin déambule avec un filet d’oranges, symbole de cette approche pragmatique de la mode masculine. Le créateur avoue porter lui-même une veste seersucker à quatre poches plaquées, incarnant parfaitement l’esprit de sa collection.