Andreas Kronthaler vient de marquer le grand retour de Vivienne Westwood sur la scène masculine milanaise avec sa collection printemps 2026. Pour la première fois depuis 2017, la maison britannique présente une collection exclusivement masculine, transformant le Bar Rivoli, près de San Babila, en théâtre d’une révolution vestimentaire.

Le directeur artistique, veuf de la légendaire Dame Vivienne, a orchestré ce come-back avec une vision baptisée « COLAZIONE DA ANDREAS ». Le concept « Dandy Meets Granny » imprègne l’ensemble de la collection, bousculant les codes traditionnels de la mode masculine. Cette approche audacieuse reflète l’ADN punk de la marque, perpétuant l’héritage subversif de sa fondatrice, disparue il y a près de trois ans.
Kronthaler assume pleinement sa philosophie : « Je ne peux pas l’éviter. Je ne crois pas qu’il devrait y avoir des séparations strictes ; ça ne fonctionne jamais vraiment. » Cette liberté créative se traduit par des emprunts assumés aux collections féminines actuelles, créant un dialogue inédit entre masculin et féminin.

Les mannequins déambulent dans cette arcade de marbre, arborant des tenues provocantes : un manteau en fausse fourrure léopard porté avec des chaussures imprimées python, ou encore une robe drapée à motifs floraux, associée à des sandales romaines. Un tabard brodé de roses est associé à des bottes en satin rouge mi-mollet, tandis qu’un maillot de rugby se transforme en silhouette longue.
La collection puise son inspiration dans la nonchalance méditerranéenne et le raffinement britannique. Les costumes en chanvre léger flottent dans des tons neutres délavés, accompagnés de tweeds souples et de chemises en coton à rayures. Cette garde-robe évoque les promenades côtières et les après-midis d’espresso, imprégnée de nostalgie mais résolument moderne.
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Les motifs floraux dessinés à l’encre par l’artiste Dominic Myatt parsèment chemises et tuniques, les couvrant comme des murmures poétiques. Pantalons taille haute, gilets en daim, cols à froufrous et chapeaux à larges bords évoquent l’élégance du Grand Tour, réinventée pour l’édition 2026.
Kronthaler n’hésite pas à provoquer : combinaison en velours avec hublot frontal, colliers script proclamant « Chaos » ou « Sex », manteau à manches bouffantes accessoirisé de talons de grand-mère. Cette approche satirique du peacocking masculin met les pantalons au maximum, pousse les revers jusqu’à l’apex des épaules.
Le DJ Phil Dustin, avec ses cheveux roses à la Zandra Rhodes, incarne parfaitement cette nouvelle masculinité fluide. Vêtu d’un tablier de café minimaliste, de compensées en liège et parcourant les trottoirs de marbre, il symbolise cette génération d’hommes qui s’affranchit des conventions.
« Il y a tellement de choses ici, vraiment, comme aucune autre marque », confie Kronthaler. Cette richesse patrimoniale permet à la maison d’explorer quatre ou cinq périodes distinctes sans verser dans la nostalgie. Les plateformes mythiques qui avaient fait chuter Naomi Campbell en 1993 refont surface, preuve que l’héritage Westwood continue de résonner.
Cette présentation milanaise préfigure un défilé plus conventionnel prévu en janvier. Mais pour l’heure, Vivienne Westwood réaffirme son statut de marque la plus influente de son époque, où subversion rime avec sophistication.