La collection printemps 2026 d’ERL marque un tournant décisif pour le créateur. Le créateur californien abandonne ses motifs de vagues colorées et ses pastels habituels pour explorer un territoire plus sophistiqué : le vestiaire preppy américain revisité avec l’œil malicieux qui caractérise sa marque basée à Venice Beach.

Linnetz puise son inspiration dans ses propres souvenirs d’étudiant à l’université de Californie du Sud, où il a rejoint une fraternité. « Il y a tellement de pompe et de circonstance autour de ce que vous portez, et cette hiérarchie étrange du goût et du pouvoir », explique-t-il. Cette expérience personnelle nourrit directement la collection à travers un personnage fictif nommé Ivy, un étudiant obsédé par Christian, le directeur d’un pensionnat élitiste.
Le créateur développe une réflexion sur les codes vestimentaires en tant qu’instruments de pouvoir social. Cette approche s’inscrit dans une tendance plus large observée lors des défilés masculins printemps-été 2026, où Jonathan Anderson chez DIOR et Michael Rider chez CELINE ont également exploré l’esthétique preppy.

Linnetz qualifie son approche de « méticuleusement détendue ». Les costumes, volontairement non doublés, sont confectionnés en lin et nylon, un matériau qui fait directement écho aux racines californiennes de la maison. Les coupes boxy conservent un esprit jeune tout en gagnant en raffinement.
La palette de couleurs privilégie des tons poudrés (sable, taupe, kaki et brun), ponctués de touches de violet et de jade délavé. Cette sobriété tranche avec l’exubérance habituelle de la marque, ne conservant qu’une seule impression florale sur une chemise ample en rayonne.
Les hoodies confortables et les shorts cargo usés sont toujours présents, mais ils sont désormais accompagnés de chemises amples et de shorts courts, silhouettes récurrentes de cette saison. Les pulls argyle, les boxers en coton et les mailles grand-père sont revisités dans l’esprit ERL, avec des choix de tissus remarquables et des proportions délibérément ajustées.

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Le créateur fait évoluer son approche technique. « Au début, c’était plus un projet artistique. Je ne connaissais rien à la fabrication ou aux aspects commerciaux », confie-t-il. Aujourd’hui, l’importance des matières et des coupes s’affirme, sans pour autant éclipser l’univers narratif qui caractérise la marque.
Linnetz n’a pas participé à la Fashion Week parisienne, car il était occupé par la préparation de son premier long métrage, un thriller des années 1970 qu’il décrit comme « émotionnel » et « plein d’humour ». Cette diversification créative n’empêche pas l’expansion commerciale de la marque.
La marque se prépare à ouvrir son premier flagship à Venice Beach et sa première boutique en Corée du Sud. Le succès coréen s’appuie notamment sur le t-shirt « I Did What Last Night ? » adopté par de nombreuses stars de K-pop. « Nous avons vraiment décollé là-bas », observe Linnetz. « J’ai l’impression qu’ils comprennent ce que je dis. »