Glenn Martens, qui succède à John Galliano, a marqué ses débuts chez Maison Margiela avec une collection couture automne 2025 présentée au Centquatre, le même lieu où Martin Margiela avait tiré sa révérence en 2009.

Cette première collection masculine de Martens chez Maison Margiela révèle une approche résolument différente de celle de ses prédécesseurs. Les silhouettes masculines se parent de masques inquiétants : certains sont en plastique suffocant, d’autres métalliques et encagent presque entièrement la tête. Cette obsession du visage caché, héritée du fondateur, prend ici une dimension plus sombre et perturbante.
Les pièces puisent leur inspiration dans l’architecture gothique flamande, territoire natal du créateur. Bruges et ses atmosphères médiévales imprègnent chaque création, des imprimés floraux inspirés de natures mortes du XVII^e siècle aux détails architecturaux reproduits sur les vêtements.

Martens bouleverse les attentes avec des trench-coats entièrement conçus en plastique transparent, évoquant le verre soufflé selon ses propres mots. Cette audace matérielle s’étend aux jeans masculins, littéralement peints à la peinture à l’huile, qui figent une ceinture lâche dans un mouvement perpétuel.
Le créateur pousse l’upcycling masculin vers de nouveaux territoires. Les blousons de motard vintage, pièces emblématiques de la garde-robe de la marque, se parent de patchworks de papier peint ancien. Des bijoux de récupération, assemblés à partir de fins de stock, créent des accessoires inédits.
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L’esthétique masculine de Martens s’inspire des statues gothiques d’église, créant des silhouettes spectrales particulièrement saisissantes. Deux mannequins drapés évoquent directement cette statuaire religieuse, créant une confrontation troublante avec notre époque.

Les velours métallisés enveloppent les corps masculins dans des drapés volumineux, presque sacerdotaux. Ces pièces lumineuses contrastent avec la rudesse des matières récupérées, créant un dialogue permanent entre noblesse et brutalité.
Chez Martens, le travail artisanal s’articule autour de techniques de collage et de récupération. Des papiers peints anciens aux motifs floraux délavés, souillés et craquelés habillent les silhouettes, comme s’ils avaient été enterrés pendant des décennies.

Les corsets masculins adoptent une construction étrange, avec des hanches projetées vers l’avant et un buste frontal, qui semble être une référence à l’héritage de Galliano. Cette architecture corporelle redéfinit la silhouette masculine traditionnelle.
Renzo Rosso, propriétaire de la maison, avait prévenu de la difficulté de succéder à Galliano. Martens relève le défi avec une collection masculine qui honore l’héritage transgressif de Margiela tout en proposant sa propre vision.

Les pièces oscillent entre délicatesse poétique et brutalité assumée. Des robes corsetées en voile transparent pour homme, des ceintures réduites à un fil et des motifs floraux doublés de découpes 3D témoignent de cette dualité.
Gaetano Sciuto, le directeur général de la maison, a révélé que cette collection artisanale masculine serait désormais commercialisée. Depuis 1989, ces créations servaient principalement d’image et de laboratoire de recherche. Cette décision marque un tournant commercial important pour la marque.
Les cinquante silhouettes présentées illustrent cette profession de foi tant attendue. Martens prouve qu’il a la vision nécessaire pour faire évoluer la garde-robe masculine de la maison vers de nouveaux territoires esthétiques.





