L’expansion des robotaxis est aujourd’hui la seule planche de salut pour Tesla, qui est confronté à une crise sans précédent. La firme d’Elon Musk traverse une période particulièrement délicate, avec des ventes de véhicules électriques en chute libre et un avenir qui repose entièrement sur une technologie encore balbutiante.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : Tesla a enregistré une chute de 13 % de ses ventes au premier semestre 2025. Au premier semestre 2025, Tesla a enregistré une baisse de 13 % de ses ventes. Cette dégringolade s’explique par une gamme vieillissante et par les dégâts causés par l’activisme politique controversé de son patron.
« Tesla ne peut pas se permettre le moindre faux pas avec le service de robotaxi », prévient Shawn Campbell, conseiller chez Camelthorn Investments et actionnaire de Tesla. Son constat brutal résume parfaitement la situation : « les roues se détachent » de l’activité automobile de la marque, avec des baisses de ventes sur « presque tous les marchés ».
Ross Gerber, PDG de Gerber Kawasaki Wealth and Investment Management, ne mâche pas ses mots : « Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Ils sont mauvais pour une entreprise de croissance qui ne croît plus. »
Mercredi, lors de la conférence téléphonique sur les résultats, Elon Musk a affirmé que Tesla était en train « d’obtenir l’autorisation réglementaire pour lancer » ses robotaxis dans plusieurs États, notamment la Californie, le Nevada, l’Arizona et la Floride.
Le patron de Tesla prévoit que les opérations atteindront « la moitié de la population des États-Unis d’ici la fin de l’année » et se déploieront à grande échelle d’ici la fin de l’année prochaine. Des objectifs pour le moins ambitieux quand on connaît la réalité du terrain.
Actuellement, Tesla n’exploite qu’une petite flotte à Austin, au Texas, qui n’est même pas accessible au grand public. Le service, lancé le 22 juin dernier, utilise une vingtaine de Model Y noires, avec un superviseur humain sur le siège passager. Une approche qui remet en question l’autonomie réelle de ces véhicules.
L’expansion vers la Californie, marché prioritaire selon Musk, s’annonce plus complexe que prévu. Contrairement au Texas, où la réglementation est plus souple, la Californie impose en effet des contrôles stricts sur l’exploitation des véhicules autonomes.
Si Tesla a bien obtenu un premier permis de la California Public Utilities Commission en mars 2025, les autorités californiennes ont confirmé que l’entreprise n’avait pas encore déposé de demande pour les autorisations supplémentaires nécessaires au transport de passagers payants.
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La réglementation californienne exige en effet une série de permis délivrés à la fois par le département des véhicules à moteur (DMV) et par la California Public Utilities Commission (CPUC) pour exploiter un service de robotaxi entièrement autonome.
Les premiers tests publics à Austin ont révélé plusieurs problèmes de circulation et de conduite, comme le montrent les vidéos diffusées sur les réseaux sociaux par les passagers sélectionnés. Ces incidents soulèvent des questions légitimes quant à la maturité de la technologie de Tesla.
Contrairement à ses concurrents, comme Waymo, qui utilisent des capteurs sophistiqués, Tesla mise uniquement sur des caméras pour son système de conduite autonome. Une stratégie visant à réduire les coûts, mais qui divise les experts quant à son efficacité.
Musk espère que l’activité robotaxi aura un « impact matériel » sur les résultats de Tesla d’ici la fin de l’année prochaine. Une promesse déjà revue à la baisse par rapport à ses déclarations d’avril, où il évoquait un impact « vers le milieu de l’année prochaine » et prédisait « des millions de Tesla fonctionnant de manière autonome » d’ici la seconde moitié de 2026.
Ces révisions constantes alimentent le scepticisme des investisseurs. L’action Tesla a chuté de plus de 8 % après l’annonce des résultats, portant la baisse annuelle à près de 18 %.
Face à cette situation critique, Musk a reconnu que Tesla pourrait connaître « quelques trimestres difficiles ». La suppression du crédit d’impôt fédéral de 7 500 $ pour les acheteurs de véhicules électriques, effective le 30 septembre prochain, ne fera qu’aggraver la situation.
L’entreprise mise désormais tout sur le Cybercab, son véhicule entièrement autonome sans volant ni pédales, dont la production ne démarrera pas avant 2026. Un pari technologique et commercial d’envergure pour une entreprise qui peine déjà à tenir ses promesses.
La course contre la montre est engagée pour Tesla. Son avenir dépend maintenant de sa capacité à transformer rapidement ses ambitions en matière de robotaxis en une activité commerciale viable.