La collaboration entre Willy Chavarria et adidas a pris une tournure inattendue. La présentation d’une nouvelle chaussure, la slip-on Oaxaca, a provoqué une vive réaction en ligne, poussant le créateur et l’équipementier à présenter des excuses publiques à la communauté d’Oaxaca. Cet incident soulève des questions fondamentales sur l’inspiration et le respect culturel dans l’univers de la mode et de la sneaker.
Le modèle a été dévoilé le week-end dernier au musée d’art de Porto Rico. L’accueil a été immédiat et majoritairement critique. De nombreux internautes et observateurs ont dénoncé une appropriation culturelle. L’utilisation du nom « Oaxaca » et le fait que la production semble avoir eu lieu en Chine, et non au Mexique, ont alimenté la controverse.

La chaussure elle-même était censée rendre hommage au huarache, cette sandale mexicaine traditionnelle devenue un élément phare du style de rue chicano. La version de Willy Chavarria présentait une tige en cuir premium finement tressée et un bout ouvert. Le design intégrait une semelle de sneaker épaisse et crantée offrant une adhérence fonctionnelle et un look moderne. Le logo d’adidas était estampillé sur le côté de la semelle, tandis que le nom de Chavarria apparaissait à l’arrière et à l’intérieur de la chaussure.
Face au tollé, Willy Chavarria a rapidement réagi. Le créateur américano-mexicain a publié une déclaration dans laquelle il exprime ses regrets. Il a affirmé avec sincérité : « Aux habitants d’Oaxaca, je veux parler avec le cœur de la slip-on Oaxaca que j’ai créée avec Adidas. Mon intention a toujours été d’honorer l’esprit culturel et artistique puissant d’Oaxaca et de ses communautés créatives, un lieu dont la beauté et la résistance m’ont inspiré. Le nom « Oaxaca » n’est pas seulement un mot, c’est une culture vivante, ce sont des gens et c’est une histoire. Je suis profondément désolé que la chaussure ait été appropriée dans ce design et n’ait pas été développée en partenariat direct et significatif avec la communauté d’Oaxaca. » Cela ne correspond pas au respect et à l’approche collaborative que méritent Oaxaca, la communauté zapotèque de Villa Hidalgo Yalalag et ses habitants. Je sais que l’amour ne se donne pas, il se mérite par l’action. Avec respect, Willy Chavarria. »
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adidas a également pris la parole pour présenter ses excuses. La marque aux trois bandes a reconnu sa part de responsabilité dans cette affaire délicate.
Dans son communiqué, l’entreprise a souligné : « adidas reconnaît et valorise la richesse culturelle des communautés indigènes du Mexique et la signification de leur patrimoine artisanal. La « slip-on Oaxaca » s’inspire d’un design d’Oaxaca ancré dans la tradition de Villa Hidalgo Yalálag. Nous présentons nos excuses publiques et réaffirmons notre engagement à collaborer avec Yalálag dans un dialogue respectueux qui honore leur héritage culturel. »

Ce n’est pas la première fois que le designer collabore avec adidas. Les premières pièces avaient été présentées lors de son défilé printemps-été 2025 à New York, en septembre dernier.
La collection rendait hommage à sa culture chicano, avec des silhouettes amples et audacieuses, sa marque de fabrique. Chavarria a bâti sa réputation sur une mode engagée, utilisant ses créations comme une plateforme pour mettre en lumière la communauté latino.
Son engagement l’a d’ailleurs mené à être nommé ambassadeur artistique de l’American Civil Liberties Union (ACLU) en juillet, où il se concentre sur les droits des immigrants et de la communauté LGBTQIA+. Cependant, ce n’est pas la première fois que son activisme lui vaut des critiques. Le mois dernier, après son défilé masculin printemps-été 2026 à Paris, il avait suscité la colère du président salvadorien Nayib Bukele. Ce dernier avait jugé que l’utilisation de mannequins agenouillés, au crâne rasé et vêtus de blanc, rappelait des images du « Centre de confinement du terrorisme » de son pays.
L’affaire de la slip-on Oaxaca met en évidence la ligne fine qui sépare l’hommage de l’appropriation. Pour les marques et les créateurs, cette affaire rappelle l’importance cruciale d’établir un dialogue et un partenariat authentique avec les communautés dont ils s’inspirent. Une simple inspiration, même bien intentionnée, peut être perçue comme une offense si elle n’est pas accompagnée d’une démarche collaborative et respectueuse.