Stefano Gallici, qui prend le poste de directeur de la création chez Ann Demeulemeester, a dévoilé une collection faisant écho aux cliquetis des trains et à l’ambiance industrielle qui tourbillonnait dans l’air lors de sa présentation. La collection Printemps 2024 est un récit à la fois sombre et enchanteur qui résume parfaitement le parcours historique de la marque, jalonné de transitions et de transformations. La célèbre signature d’Ann Demeulemeester, à savoir les coupes androgynes, les transparences séduisantes et les emblématiques chemises blanches allongées, est intégrée sans effort dans le récit de Gallici, mêlant les inspirations du passé aux innovations du présent.
Gallici a imprimé sa vision sur l’héritage de la marque avec un savant mélange de sensibilité et d’audace. Il s’éloigne de son prédécesseur, Ludovic de Saint Sernin, et s’engage dans une odyssée caractérisée par une sensualité enrichie, plus sombre et texturée. Là où la peau nue retenait le regard, ce sont désormais des couches douces et une grâce indicible qui retiennent l’attention.
Le défilé a été marqué par de lourdes ceintures de cuir, de longs rubans qui embrassaient le sol et des mannequins dont la démarche décidée reflétait une confiance inexprimée, mais palpable. Pourtant, la collection était le reflet d’une vérité plus profonde ; une danse intime de tissus et de silhouettes qui proclamait la renaissance de la marque tout en honorant son héritage estimé. Au milieu de cette évolution révérée, des touches de couleur et des territoires à l’aspect utilitaire se sont manifestés, signifiant la volonté de Gallici d’explorer au-delà des horizons établis.
Pourtant, la mélodie obsédante de ce qui aurait pu être est restée dans l’air. La collection Printemps 2024, bien que convaincante, appelait l’étincelle poétique – une touche élémentaire qui insufflerait vie et âme, fusionnant le tangible et l’éthéré. Gallici, qui a rejoint Ann Demeulemeester en 2020, est resté une figure énigmatique, et la mode attend avec impatience le dévoilement des profondeurs de son âme créative.
Dans les échos persistants du défilé, une note manuscrite postée sur le compte Instagram de Gallici proclame un nouveau manifeste : “La liberté d’être comme on veut, sans limite. C’est ce qu’Ann Demeulemeester représente aujourd’hui.” Avec “la conscience et le respect, plutôt que la déférence et l’orthodoxie”, qui résonnent comme un mantra, il nous est rappelé que les domaines de la mode sont en perpétuelle évolution, en constante adaptation et infiniment créatifs.
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© Photos : Ann Demeulemeester
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