La New-York Historical Society acquiert les précieuses archives de Bill Cunningham

La New-York Historical Society acquiert les archives complètes de Bill Cunningham, préservant ainsi l'héritage du légendaire photographe de mode du New York Times pour les futures générations de chercheurs.

Par
Olivier Delavande
Fils d’un père français et d’une mère vietnamienne, Olivier Delavande a baigné dans une double culture qui a façonné sa curiosité et son ouverture d’esprit dès...
7 Minutes de lecture
Bill Cunningham photographiant trois mannequins au palais de justice du comté de New York - © New-York Historical Society

Cette acquisition majeure marquera l’histoire de la photographie de mode new-yorkaise. L’institution culturelle de renom, la New-York Historical Society, a obtenu l’intégralité des archives de Bill Cunningham, ce chroniqueur de mode légendaire qui sillonnait les rues de Manhattan à vélo, appareil photo en bandoulière et veste bleue signature sur le dos.

Cette acquisition met fin à près d’une décennie d’incertitude quant au devenir de l’œuvre du photographe du New York Times, décédé en 2016 à l’âge de 87 ans. L’homme qui transformait chaque sortie en reportage de mode avait d’ailleurs confié, non sans humour noir, qu’il préférait voir ses images brûler plutôt que de les voir tomber entre de mauvaises mains.

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La New-York Historical Society acquiert les précieuses archives de Bill Cunningham
Anna Piaggi, l’une des muses de Bill Cunningham (1984) – © Photo : Bill Cunningham (New-York Historical Society)

Un trésor photographique enfin préservé !

Les archives de Bill Cunningham constituent un patrimoine considérable : des dizaines de milliers de photographies, de négatifs, de diapositives, de planches-contact et d’objets personnels qui documentent l’évolution de la mode new-yorkaise sur plusieurs décennies. Jusqu’alors, cette collection exceptionnelle était conservée dans le studio du photographe, au-dessus du Carnegie Hall, et soigneusement organisée en rangées de dossiers et de boîtes par Patricia Simonson, sa nièce et co-exécutrice testamentaire.

Louise Mirrer, présidente de la New York Historical Society, souligne la richesse extraordinaire de cet ensemble : « Bill a transformé la mode en anthropologie culturelle. Il a trouvé le pouls de la ville dans tous ses recoins, photographiant les paillettes, les riches, la crème de la crème, et s’arrêtant en chemin avec son vélo pour photographier d’autres choses qui l’intriguaient, comme la scène grunge ou une fête downtown. »

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Une décision mûrement réfléchie

Pour Patricia Simonson, le choix de la New-York Historical Society comme dépositaire de l’héritage photographique de son oncle répond à une logique géographique et symbolique évidente. « Mon sentiment était qu’aujourd’hui, près de neuf ans après la mort de Bill, il était temps de trouver un foyer convenable, un endroit qui numériserait son travail et le rendrait accessible au public », explique-t-elle.

Selon elle, l’emplacement du musée, sur Central Park West, « là où une grande partie de son travail a eu lieu », constitue l’écrin idéal pour cette collection estimée à un million de dollars selon les documents judiciaires du tribunal de Manhattan.

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Un chroniqueur pudique et exigeant

Bill Cunningham était un personnage paradoxal : une figure publique reconnue — il a été déclaré « monument vivant » en 2009 par la New York Landmarks Conservancy —, mais un homme profondément discret, modeste et farouchement protecteur de son héritage. Cette pudeur l’avait d’ailleurs conduit à décliner une rétrospective au Metropolitan Museum of Art, estimant que cela constituerait « une diversion » de son travail quotidien.

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Interrogé par Fern Mallis, consultante influente dans les domaines de la mode et du design, sur la question de son héritage lors d’un entretien en 2014 au 92nd Street Y, Cunningham avait répondu avec sa franchise habituelle : « Qui pense à un héritage ? Je suis un ouvrier dans une usine. Tout ce à quoi nous pensons là-bas, c’est ce que nous faisons aujourd’hui. »

Cette humilité apparente cachait pourtant une véritable terreur — le mot est de lui — que ses images, parfois peu flatteuses, tombent entre de mauvaises mains.

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La New-York Historical Society acquiert les précieuses archives de Bill Cunningham
Gare de Grand Central Terminal – © Photo : Bill Cunningham (New-York Historical Society)

Un projet d’envergure pour l’avenir

Les archives de Bill Cunningham trouveront leur place définitive dans l’aile Tang Wing for American Democracy, dont l’ouverture est prévue pour l’année prochaine. Cette installation permettra aux chercheurs et universitaires des générations futures d’accéder à cette documentation unique sur l’évolution culturelle et vestimentaire de la ville.

Louise Mirrer confie d’ailleurs : « C’est une sorte d’histoire de New York qui n’existe nulle part ailleurs. » Cette perspective historique unique justifie pleinement l’enthousiasme du musée pour cette acquisition exceptionnelle.

Des liens anciens unissent Cunningham à l’institution

Cette collaboration entre Cunningham et la New-York Historical Society ne date pas d’hier. Le photographe avait déjà fait don d’une partie de ses objets personnels au musée il y a quelques années. Une exposition intitulée Facades, présentant son essai photographique associant mannequins en costumes d’époque et décors historiques, s’appuyait déjà sur ces fonds en 2014.

Louise Mirrer suggère d’ailleurs que Cunningham lui-même aurait probablement approuvé ce choix : « Je pense vraiment que Bill verrait cela comme sa maison. »

Une programmation ambitieuse est en perspective

Le musée prévoit de présenter dès la fin de l’année les célèbres « Evening Hours » de Cunningham, ses photographies largement plébiscitées qui documentent les galas caritatifs et les événements philanthropiques de la ville. Cette exposition constituera le prélude à une présentation plus ambitieuse de l’œuvre du photographe dans la nouvelle aile.

Cette acquisition majeure confirme le rôle central de la New-York Historical Society dans la préservation du patrimoine culturel new-yorkais. Les archives de Bill Cunningham rejoignent ainsi les collections permanentes d’une institution qui comprend parfaitement l’importance de cet héritage photographique unique pour comprendre l’évolution sociale et vestimentaire de la métropole américaine.

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