Un événement de mode aux enjeux importants, souligné par un retard inattendu, un cadre peu familier et un récit enchanteur : tel est le cadre de la collection Alexander McQueen Printemps 2024. Sortant de l’ombre d’obstacles imprévus, la maison de couture a transformé ces limitations en un élan créatif sans pareil. Le spectacle s’est produit plus tard que prévu et dans une ville inattendue – Milan, un lieu qui offrirait un contraste saisissant avec l’éthique de McQueen et permettrait à sa collection de résonner avec des teintes encore plus saisissantes et audacieuses. C’est ainsi que cette floraison printanière retardée a émergé dans les endroits les plus improbables, déployant ses pétales pour révéler une vision audacieuse et pionnière qui remettrait en question le tissu même du monde de la mode.
Dans la plus pure tradition McQueen, la collection Alexander McQueen Printemps 2024 revisite le passé tout en remettant en question les notions conventionnelles de tailleur d’une manière indéniablement avant-gardiste.
Transplantée de son sol natal de Londres, où l’esthétique du tailleur moderne et déconstruit règne en maître, la maison McQueen a émergé sur la scène sartoriale milanaise avec une collection qui contrastait fortement avec ce qui l’entourait. Ici, à Milan, où le langage du tailleur est doux, à simple boutonnage et marine, la maison McQueen a audacieusement présenté une anthologie de modèles principalement noirs ou anthracite.
L’héritage de Savile Row, le berceau du tailoring britannique, est omniprésent dans la collection, comme en témoignent les vestes ou les manteaux à double boutonnage qui portent l’empreinte du fondateur. Pourtant, ces pièces de base sont loin d’être traditionnelles, car elles font preuve d’un raffinement inhabituel dans la silhouette qui, selon nous, se répercutera sur la collection féminine plus tard dans la saison.
L’accessoire le plus audacieux, presque omniprésent, était une cravate étroite en cuir noir, évoquant le « James Bondage ». L’histoire sartoriale de McQueen se poursuit avec les formes et les lignes intrigantes des épaules arrondies du premier manteau noir, les détails du col et les poches difficiles d’accès de deux redingotes réinventées. Ces expériences de forme et de structure sont ensuite juxtaposées aux adaptations conservatrices de Sarah Burton de la tendance des shorts courts, visible tout au long de la saison actuelle de la mode masculine.
Repoussant les limites du tailoring, Burton perturbe sa silhouette définie avec des imprimés abstraits en jacquard et en broderie. Cette exploration, menée en collaboration avec Simon Ungless, collaborateur de longue date de McQueen, donne vie à des motifs résolument non figuratifs.
Les silhouettes masculines de Burton, habillées de ces motifs abstraits, sont contrebalancées par une évolution vers des broderies florales inspirées du clair-obscur, peut-être des roses ou des Rorschach, sur un superbe costume en coton blanc. L’équilibre entre l’abstraction et les détails floraux nous conduit à des gilets de fleurs en tricot crocheté qui évoquent les poupées anatomiquement révélatrices de Damien Hirst. Puis, avec une cape imprimée royale et une parka à nœuds, le porteur est autorisé à s’épanouir au-delà des limites du tailoring traditionnel.
La pièce phare qui a fait pâlir même un sceptique du costume était l’hybride trench motard zippé, un vêtement destiné à raconter l’histoire de celui qui le porte au fil du temps. Grâce à un heureux hasard qui a conduit au retour des créations de Burton en Italie, où la majeure partie de cette collection a été réalisée, la collection Alexander McQueen Printemps 2024 s’est déroulée comme une histoire de dépassement des difficultés et d’innovation au milieu des contraintes, affirmant une fois de plus que les frontières de la mode sont faites pour être repoussées, réimaginées et transcendées.
© Photos : Alexander McQueen
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