Depuis plusieurs semaines, une information selon laquelle des lignes rouges seraient apparues sur les autoroutes françaises circule massivement dans les médias et sur les réseaux sociaux. Cette prétendue nouveauté, censée renforcer la sécurité routière sur l’A7 et l’A10, est pourtant une pure invention.
Une fausse nouvelle démentie par les concessionnaires d’autoroutes
L’information semblait pourtant crédible. Plusieurs publications, comme L’Internaute, Journal du Geek ou encore BMW Actu, décrivaient avec précision l’installation d’une ligne rouge de quatre kilomètres sur l’autoroute A7 entre Lyon et Marseille, ainsi que d’un dispositif similaire sur l’A10 entre Bordeaux et Périgueux. Ces articles détaillaient même les sanctions encourues : une amende de 135 euros et le retrait de trois points de permis pour avoir franchi cette ligne.
Vinci Autoroutes, le concessionnaire des autoroutes concernées, a formellement démenti ces allégations. « Cette supposée ligne rouge était déjà apparue sur le web en octobre dernier, et nous avions déjà démenti son existence », précise le groupe au journal Le Figaro.
APRR, autre gestionnaire autoroutier, confirme cette version : « Le 16 mai, nous avons vérifié le tracé au sud de l’agglomération lyonnaise, et nous n’y avons pas trouvé cette ligne rouge. Les services de l’exploitation de l’autoroute que nous avons contactés ne confirment pas sa présence ».
Confusion avec un projet espagnol réel
Cette désinformation provient d’une confusion avec une initiative authentique menée en Espagne. Sur l’autoroute A-355 près de Malaga en Andalousie, les autorités régionales ont effectivement installé une ligne rouge sur quatre kilomètres dans le but de réduire les accidents.
Ce projet pilote espagnol, lancé en collaboration avec la Direction générale de la circulation (DGT), visait à alerter visuellement les conducteurs dans une zone particulièrement accidentogène. Six mois après sa mise en place, les résultats se révèlent concluants, avec une diminution de 30 % des accidents graves sur cette portion.
Comment la désinformation s’est-elle propagée ?
La fausse information française reprenait fidèlement les caractéristiques du projet espagnol : tracé de quatre kilomètres, objectif de sécurisation des zones dangereuses, inspiration méditerranéenne. Certains médias ont même mentionné Autoroutes du Sud de la France (ASF) comme porteur du projet, ajoutant des détails sur une phase expérimentale potentiellement étendue au réseau national.
Cette précision a renforcé la crédibilité apparente de l’information. Des journaux ont sollicité des avocats pour commenter les aspects juridiques, créant ainsi un écosystème médiatique cohérent autour d’un fait inexistant.
BFM Lyon a vérifié directement sur le terrain et constaté l’absence totale de marquage rouge sur l’A7. Cette démarche de vérification factuelle souligne l’importance du journalisme de terrain face aux rumeurs en ligne.
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Les leçons d’une intoxication médiatique
Cette affaire met en lumière la manière dont une information peut se propager rapidement et facilement sans qu’une vérification suffisante ait été effectuée. Le mélange entre un fait réel (le projet espagnol) et une transposition inventée (l’application française) a donné lieu à une fausse nouvelle particulièrement tenace.
Les concessionnaires autoroutiers français explorent effectivement diverses innovations pour améliorer la sécurité routière. Cependant, aucun projet de ce type n’est actuellement à l’étude dans le cadre de leurs expérimentations officielles.
« Aucun dispositif de ce type n’a été installé ni testé sur les autoroutes françaises sous la responsabilité de Vinci », confirme définitivement le groupe. Cette clarification met fin aux spéculations sur une possible généralisation de ce marquage coloré sur l’ensemble du réseau français.
Il faut donc rester vigilant face aux informations non sourcées, même lorsqu’elles semblent techniquement plausibles et médiatiquement relayées.
