La FCC valide définitivement la fusion de Skydance et Paramount pour 8 milliards de dollars

La FCC approuve la fusion de Skydance et Paramount de 8 milliards après des engagements controversés sur CBS News. David Ellison prend les rênes d'un empire fragilisé par les tensions politiques et les départs de dirigeants.

Par
Stéphane Leonelli
Stéphane Leonelli est rédacteur numérique chez Essential Homme, où il se spécialise dans le domaine des sneakers. Son parcours professionnel comprend également la couverture de la...
8 Minutes de lecture

La fusion de Skydance et Paramount vient de franchir son dernier obstacle réglementaire, la FCC ayant approuvé jeudi le rachat de 8 milliards de dollars. Cette validation met fin à plus de 250 jours d’examen et ouvre la voie à l’une des restructurations les plus importantes du paysage audiovisuel américain depuis une décennie.

David Ellison, fils du milliardaire de la tech Larry Ellison, va pouvoir prendre les rênes de l’empire Paramount, qui regroupe CBS, Paramount Pictures, Comedy Central et Nickelodeon. Le vote des commissaires de la FCC s’est soldé par deux voix pour et une voix contre, suivant les lignes politiques traditionnelles.

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Un parcours semé d’embûches politiques

L’approbation de cette acquisition ne s’est pas faite sans heurts. Brendan Carr, président de la FCC nommé par Trump, a conditionné son feu vert à plusieurs engagements de la part de Skydance. Le studio s’est notamment engagé à nommer un médiateur pour CBS News et à ne pas mettre en place de programmes de diversité, d’équité et d’inclusion.

« Les Américains ne font plus confiance aux médias nationaux traditionnels pour rapporter les faits de manière complète, précise et équitable », a déclaré Carr dans son communiqué. Cette déclaration révèle l’ampleur des tensions politiques qui ont entouré ce dossier.

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Anna Gomez, la seule commissaire démocrate, s’est opposée à cette transaction qu’elle qualifie de « capitulation lâche ». Elle dénonce des « contrôles sans précédent » sur les décisions éditoriales, qui violent selon elle le Premier amendement.

Le règlement controversé avec Trump

L’ombre du procès intenté par Donald Trump plane sur cette validation. Paramount a accepté de verser 16 millions de dollars pour solder le différend lié au montage d’une interview de Kamala Harris dans l’émission « 60 Minutes ». Ce règlement, intervenu quelques semaines avant l’approbation de la FCC, alimente les soupçons de corruption.

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En octobre dernier, Trump avait porté plainte, estimant que CBS avait nui à ses chances électorales en diffusant deux versions différentes d’une réponse de l’ancienne vice-présidente. Bien que Paramount affirme que ce règlement n’a aucun lien avec l’examen réglementaire, le moment choisi pour le conclure interpelle de nombreux observateurs.

Stephen Colbert, l’animateur vedette de CBS, avait qualifié ce paiement de « gros pot-de-vin » avant que sa chaîne n’annonce l’arrêt de son émission l’année prochaine. L’humoriste, critique féroce de Trump, paie peut-être le prix de ses positions politiques.

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Bouleversements en vue pour CBS News

Les changements promis par Skydance Media risquent de transformer profondément la chaîne. Bill Owens, le producteur exécutif historique de « 60 Minutes », avait déjà démissionné au printemps dernier, dénonçant les pressions de la direction. Wendy McMahon, la présidente de CBS News, a également quitté ses fonctions un mois plus tard.

Ces départs successifs témoignent des turbulences qui secouent la rédaction depuis l’annonce du rachat. Les journalistes de CBS craignent désormais une ingérence accrue dans leur travail éditorial, notamment sur les sujets concernant l’administration Trump.

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David Ellison devra rassurer ses équipes tout en respectant les engagements pris auprès de la FCC. L’équilibre entre indépendance journalistique et nouvelles contraintes réglementaires s’annonce délicat.

Un empire du divertissement en mutation

Au-delà des enjeux politiques, cette fusion redessine la carte du divertissement américain. Skydance apporte son savoir-faire technique et ses succès récents, comme Top Gun : Maverick. Paramount possède un catalogue historique et des marques iconiques qui font défaut au studio d’Ellison.

George Cheeks devrait conserver son poste parmi les trois dirigeants actuels de Paramount. Les deux autres co-PDG, Brian Robbins et Chris McCarthy, n’ont pas encore dévoilé leurs intentions. Cette incertitude pèse sur les équipes créatives, qui attendent des précisions sur la nouvelle stratégie.

Les synergies promises incluent 2 milliards de dollars d’économies potentielles. Ces réductions de coûts inquiètent naturellement les salariés, qui redoutent de voir des suppressions d’emplois massives après la finalisation de l’opération.

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Impact sur les contenus et la création

Comedy Central et ses programmes phares, comme South Park, se retrouvent au cœur des préoccupations. Les créateurs de la série ont exprimé leur mécontentement lors des négociations sur l’avenir de la série. Un épisode récent montrait d’ailleurs Trump au lit avec Satan, une allusion à peine voilée aux pressions exercées sur CBS.

« Le type peut faire ce qu’il veut maintenant que quelqu’un a cédé », fait dire l’épisode au personnage de Jésus. Cette référence directe aux événements récents illustre la tension créative qui règne au sein des studios Paramount.

Jon Stewart, animateur de The Daily Show sur Comedy Central, a également critiqué l’annulation de l’émission de Colbert. Ces voix discordantes révèlent les fractures internes que la nouvelle direction devra gérer.

Perspectives financières et stratégiques

Paramount traversait une période difficile, avec une baisse de 6 % de son chiffre d’affaires au premier trimestre et une chute de 19 % de ses revenus publicitaires. Le service de streaming Paramount+ compte néanmoins 79 millions d’abonnés, ce qui constitue un atout non négligeable pour l’avenir.

L’injection de 1,5 milliard de dollars promise par Skydance devrait redynamiser les activités. Cette manne financière arrive à point nommé pour une entreprise qui peinait à rivaliser avec Netflix, Disney et Amazon dans la guerre du streaming.

Shari Redstone, actionnaire de contrôle de Paramount, sort gagnante de cette opération après des mois d’incertitude. Elle évite ainsi de payer une pénalité de 400 millions de dollars en cas d’échec du rachat.

L’avenir du géant du divertissement

La finalisation de l’accord dans les prochaines semaines marquera la fin de l’ère Redstone, après des décennies de contrôle familial. David Ellison hérite d’un empire fragile, mais au potentiel immense, à condition de savoir habilement naviguer entre contraintes politiques et impératifs créatifs.

Jeff Shell, l’ancien patron de NBCUniversal, rejoindra l’équipe dirigeante en tant que président. Son expérience dans la gestion de grands groupes médias sera précieuse pour orchestrer cette transition délicate.

L’industrie du divertissement observe attentivement cette fusion qui pourrait redéfinir les équilibres concurrentiels. Le succès de Skydance-Paramount dépendra de sa capacité à préserver la liberté créative tout en satisfaisant aux exigences réglementaires du nouveau contexte politique américain.

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