Le célèbre restaurant Maxim’s a servi de décor à cette proposition qui a laissé perplexe. Conçue autour du concept de la joie, la collection printemps 2026 de KENZO, signée Nigo, a présenté une série de silhouettes masculines oscillant entre une élégance formelle et une excentricité déconcertante. Cette nouvelle orientation est perçue comme un virage net par rapport à la période initiale du créateur à la tête de la maison. Le style universitaire teinté d’influences japonaises, autrefois sa marque de fabrique, semble désormais céder la place à une direction beaucoup plus singulière.

Le point de départ de Nigo était pourtant simple : le plaisir. Une notion inspirée de ses parties de bowling à Tokyo avec son ami Pharrell Williams. Cette quête de légèreté s’est traduite sur le podium par des motifs de coquelicots et une présence marquée de rose bubblegum. Pourtant, l’atmosphère générale n’était pas aussi réjouissante qu’escompté, alors que les mannequins déambulaient dans le cadre Art nouveau du restaurant. Le vestiaire masculin illustre cette tension fondamentale. D’un côté, des vestes de soirée très bien coupées et des pièces de tailoring à col châle témoignent d’un savoir-faire indéniable. Ces éléments s’inscrivent d’ailleurs dans une tendance formelle observée à Paris.

De l’autre, la collection explorait des territoires plus risqués. Des vestes militaires à brandebourgs côtoient des pantalons harem exagérément amples ou de simples caleçons portés comme des shorts. La proposition devenait encore plus audacieuse avec des sweats à capuche en peluche imitant le tigre, pourvus d’oreilles et d’une longue queue. Le créateur a puisé dans ses propres archives personnelles, affirmant qu’il y avait « beaucoup du Nigo des années 90 » dans cette garde-robe. Cela se voyait dans les boucles de ceinture texturées épelant « KENZO », « WOOF » ou « MEOW ». Des robes de chambre matelassées étaient portées comme manteaux, évoquant une nonchalance étudiée.
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Les accessoires accentuent ce parti pris excentrique. Les chaussures de bowling, clin d’œil à son passe-temps préféré, étaient dotées de semelles plateformes intégrant des boules à neige miniatures. D’autres modèles, aux semelles surdimensionnées, se sont révélés difficiles à porter, comme l’a illustré la chute d’un mannequin durant le défilé. Cette collection soulève des questions quant au positionnement de KENZO au sein du groupe LVMH. Avec l’aide de son directeur du design Joshua Bullen, le directeur artistique semble vouloir s’éloigner d’une approche trop sérieuse de la mode pour privilégier le plaisir et l’énergie.

Le résultat est un exercice de style qui ne laisse pas indifférent. Nigo prend ainsi le contrepied des propositions luxueuses, plus conventionnelles, de ses pairs pour emmener KENZO sur un nouveau chemin. Il ne s’agit plus seulement de puiser dans les archives de Kenzo Takada, mais de construire une nouvelle identité, quitte à dérouter. L’intention est de créer une communauté autour d’une vision forte, une tribu attirée par cette singularité. Cette collection, avec ses réussites et ses partis pris déroutants, se présente comme une expérience audacieuse.