Puisant dans les coins les plus sombres de nos souvenirs, MM6 Maison Margiela nous transporte à une époque où l’essence de la mode s’affichait non pas dans l’opulence mais dans l’authenticité. Sa collection Printemps 2024, présentée dans un cadre intimiste et sans distraction, a remarquablement contrasté la nature grandiloquente des spectacles de mode typiques d’aujourd’hui. Cependant, ce n’est pas le cadre, mais les vêtements qui ont captivé notre imagination.
En pénétrant dans cette collection, on est immédiatement frappé par la signification profonde des mains qui, contrairement aux tendances habituelles, constituent la base de l’ensemble. MM6 Maison Margiela n’a pas considéré les mains comme un simple outil, mais comme une histoire – comment elles communiquent, ressentent et, fondamentalement, transforment le vêtement. Ce thème est évident dans la façon dont les vêtements s’adaptent au corps, aux humeurs et aux désirs de la personne qui les porte.
Canalisant l’esprit du tailoring milanais du début des années 90, la collection s’est ouverte sur une vision de finesse allongée : un blazer à rayures tombant en cascade sur un pantalon noir semblable à de la soie, associé à une chemise défaite. Ce sens de l’étirement, de l’extension et du déploiement est devenu un point d’ancrage, orientant la collection vers des gilets longs, des vestes allongées et des pantalons qui touchent élégamment le sol. Cette philosophie de conception n’était pas simplement une question d’esthétique ; il s’agissait de permettre aux vêtements de devenir des extensions de la personne qui les portait – des tenues à structure souple et à colonnes qui donnaient une impression de fluidité et d’utilité.
Des détails tels que des fentes, des rabats et des panneaux font écho au thème de la transformation. En clin d’œil à la philosophie d’autonomisation de MM6, ces éléments ne se contentent pas de renforcer l’identité de ceux qui les portent, mais leur permettent de la façonner. L’équipe s’est inspirée des uniformes traditionnels, en particulier du tablier de boucher, qu’elle a réimaginé en associant le pragmatique au poétique.
Pour ajouter une touche ludique, certaines pièces portaient leur description avec fierté. Un débardeur ne se contente pas de s’étendre, il se déclare « allongé ». MM6 n’hésite pas à intégrer l’humour et l’innovation, mêlant le quotidien à l’exceptionnel.
Et n’oublions pas que la mode n’est pas qu’une question d’apparence ; elle peut être un puissant outil de réflexion. S’inspirant de l’héritage de Martin Margiela et de sa vision incisive de la société, cette collection a fait écho aux préoccupations liées à l’évolution du climat. Les hauts baignés de cire, qui s’égouttent pour former une texture unique, n’étaient pas seulement des déclarations de style, mais un rappel des vagues de chaleur intenses que notre monde a subies.
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© Photos : MM6 Maison Margiela
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