Le retour de Paul Smith à Florence pour le salon Pitti Uomo, après 31 ans d’absence, n’était pas seulement un retour sentimental, c’était aussi une exploration vibrante de l’énergie artistique et de la subversion vestimentaire. S’inspirant des swinging sixties et de l’esprit bohème du Soho londonien, la collection masculine Printemps 2025 de Paul Smith a magistralement mêlé l’artisanat italien à une touche d’excentricité britannique.
La présentation elle-même, judicieusement baptisée “The Paul Cafè”, s’est déroulée dans les salles dorées et les jardins verdoyants de la Villa Favard. C’est dans ce cadre opulent que Paul Smith a dévoilé une collection destinée à l’âme créative. Il s’agit de cravates nouées lâchement et ornées de motifs de souvenirs qui apparaissent sous des vestes de corvée, de silhouettes décontractées inspirées du tailoring déconstruit et d’un mélange ludique de textures et de motifs. Les pantalons en denim à coupe carotte arborent des motifs floraux ton sur ton, tandis que les chemises de pyjama soyeuses ajoutent une touche de luxe nonchalant. Des pantalons de tailleur plissés et surdimensionnés en pied-de-poule et à carreaux Prince de Galles complétaient le look, trouvant un équilibre parfait entre élégance formelle et flair artistique.
Paul Smith a également collaboré avec la marque de denim emblématique Lee, renforçant ainsi l’esprit workwear de la collection, une tendance qui a prévalu tout au long du salon Pitti Uomo.
Bien qu’il se dise nerveux, Sir Paul Smith a fait une présentation convaincante. Il a régalé le public d’anecdotes sur ses années de formation dans le Soho des années 1960, intégrant ces expériences dans le tissu même de la collection. Des revers proéminents et des cravates étroites ornées d’un mélange de points de repère florentins et de références à Soho ont rendu hommage à son éveil créatif. Le podium lui-même, orné d’un pêle-mêle de chevalets d’artistes, rappelait visuellement l’effervescence artistique de l’époque.
Paul Smith s’est inspiré du charme louche de figures emblématiques telles que Francis Bacon et Lucian Freud, comme en témoignent des détails tels que des chaussures peintes en blanc et une étonnante chemise à smocks en lin issue d’une collection de 1979. La collection comportait également une paire de vestes cintrées sur des pantalons de charpentier, d’inspiration freudienne, un des points forts de la collaboration avec Lee.
Bien que les goûts musicaux du créateur aient penché vers le jazz dans sa jeunesse (il a vu les légendaires Miles Davis et Georgie Fame se produire au Flamingo Club), la collection s’est indéniablement inspirée des grands classiques de la mode masculine. Les tenues de soirée à col châle brodé, particulièrement populaires dans sa boutique de Los Angeles, illustrent cet esprit d’improvisation. Des touches de couleurs vives, comme une veste de campagne turquoise et un Harrington jaune soleil, ont ponctué la collection, ajoutant des contrepoints ludiques aux trenchs à carreaux et aux chemises rayées, une nouvelle approche du motif emblématique de la marque.