Le monumental Oppenheimer de Christopher Nolan est sorti grand vainqueur de la 96e cérémonie des Oscars, déclenchant une vague d’explosions qui a écrasé la plupart de ses concurrents. Ce drame historique sur la création de la bombe atomique a remporté sept Oscars, dont ceux du meilleur film et du meilleur réalisateur pour Christopher Nolan.
Lors d’une cérémonie assombrie par les protestations suscitées par le conflit israélo-palestinien, les multiples victoires d’Oppenheimer ont résonné comme des échos troublants du tumulte du monde réel qu’il dépeint. Lorsque Cillian Murphy a reçu le prix du meilleur acteur pour son interprétation envoûtante de J. Robert Oppenheimer, il s’est dit, lugubre, “Nous avons fait un film sur l’homme qui a créé la bombe atomique et, pour le meilleur ou pour le pire, nous vivons tous dans le monde d’Oppenheimer”.
Nolan, qui remporte enfin son premier Oscar après de multiples nominations, a rendu hommage au pouvoir du cinéma. “Les films ont un peu plus de 100 ans. Je m’imaginerais être à 100 ans de la peinture ou du théâtre. Nous ne savons pas où va nous mener cet incroyable voyage, mais savoir que vous pensez que j’en fais partie de manière significative me touche au plus haut point.”
Robert Downey Jr. a également remporté le prix du second rôle, en plaisantant sur son passé tumultueux : “Voici mon petit secret : j’avais plus besoin de ce travail qu’il n’avait besoin de moi”. Emma Stone a remporté le prix de la meilleure actrice pour le film décalé Poor Things, qui a également reçu des prix techniques.
Mais Oppenheimer n’a pas monopolisé l’attention. La contestation s’est exprimée dans de nombreux discours, dont la condamnation de l’occupation israélienne par Jonathan Glazer (La zone d’intérêt). Le cinéaste ukrainien Mstyslav Chernov (20 jours à Mariupol) a dénoncé l’invasion russe, regrettant de n’avoir « jamais fait ce film« .
Au cours d’une soirée riche en événements, Billie Eilish est devenue, à 22 ans, la plus jeune lauréate à deux reprises pour « What Was I Made For ? » de « Barbie ». Et la légende de l’animation Hayao Miyazaki, 83 ans, a remporté le prix du meilleur film d’animation pour Le garçon et le héron.
Les grèves qui menacent Hollywood ont été largement évoquées, l’animateur Jimmy Kimmel faisant l’éloge des membres de l’équipe qui ont refusé de franchir les piquets de grève. Il a conclu en lisant une critique cinglante de Donald Trump, couronnant ainsi une soirée à la fois solennelle et irrévérencieuse, véritable reflet de la complexité de notre époque.
La liste complète des primés:
Meilleur film
Oppenheimer (Emma Thomas, Charles Roven et Christopher Nolan, producteurs)
Meilleure réalisation
Christopher Nolan (Oppenheimer)
Meilleur acteur dans un rôle principal
Cillian Murphy (Oppenheimer)
Meilleure actrice dans un rôle principal
Emma Stone (Poor Things)
Meilleur acteur dans un second rôle
Robert Downey Jr (Oppenheimer)
Meilleure actrice dans un second rôle
Da’Vine Joy Randolph (The Holdovers)
Meilleure écriture (scénario adapté)
American Fiction (écrit pour l’écran par Cord Jefferson)
Meilleure écriture (scénario original)
Anatomie d’une chute (Scénario de Justine Triet et Arthur Harari)
Meilleur film d’animation
Le garçon et le héron (Hayao Miyazaki et Toshio Suzuki)
Meilleur long métrage documentaire
20 jours à Mariupol (Mstyslav Chernov, Michelle Mizner et Raney Aronson-Rath)
Meilleur long métrage international
The Zone of Interest (Royaume-Uni)
Meilleur court métrage d’animation
La guerre est finie !, inspiré par la musique de John et Yoko (Dave Mullins et Brad Booker)
Meilleur court métrage en prise de vue réelle
La merveilleuse histoire d’Henry Sugar (Wes Anderson et Steven Rales)
Meilleur court métrage documentaire
The Last Repair Shop (Ben Proudfoot et Kris Bowers)
Meilleure photographie
Oppenheimer (Hoyte van Hoytema)
Meilleure création de costumes
Poor Things (Holly Waddington)
Meilleur maquillage et coiffure
Poor Things (Nadia Stacey, Mark Coulier et Josh Weston)
Meilleure chanson originale
« What Was I Made For » de Barbie (musique et paroles de Billie Eilish et Finneas O’Connell)
Meilleure musique originale
Oppenheimer (Ludwig Göransson)
Meilleure conception de production
Poor Things (Production Design : James Price et Shona Heath ; Décoration : Zsuzsa Mihalek)
Meilleur montage de film
Oppenheimer (Jennifer Lame)
Meilleur son
La zone d’intérêt (Tarn Willers et Johnnie Burn)
Meilleurs effets visuels
Godzilla : Minus One (Takashi Yamazaki, Kiyoko Shibuya, Masaki Takahashi et Tatsuji Nojima)
© Oscars