Nichées dans les vastes étendues des terres de Xi’an, des tombes racontent des histoires d’opulence, de pouvoir et de lien unique entre l’humanité et la nature. Avec la récente mise au jour de la tombe de Baling de l’empereur Han Wendi, le monde est désormais le témoin d’un étonnant témoignage du riche passé de la Chine. Mettant en évidence le lien entre les vivants et les défunts, et la représentation d’un écosystème entier à travers les créatures ensevelies, ces tombes offrent un aperçu fascinant des jardins royaux de la dynastie des Han de l’Ouest.
Mettre au jour le passé majestueux de la Chine
Le 14 décembre 2021 a marqué un tournant dans les annales de l’histoire archéologique. Le dévoilement du véritable emplacement du mausolée Baling – un débat qui a duré sept siècles – a offert plus qu’une fin de non-recevoir aux historiens et aux archéologues. Il a révélé une riche tapisserie de la vie d’une époque révolue, un monde peuplé d’animaux qui parcouraient autrefois les paysages de la Chine, et d’autres qui n’ont peut-être foulé ses terres que dans les limites des jardins royaux.
Les tombes, avec leur vaste étendue, se dressent comme des sentinelles silencieuses qui gardent l’héritage des empereurs et des impératrices. Leur proximité – la tombe de l’impératrice Dou, la tombe Nanling de l’impératrice Bo et le site précédemment confondu de Fenghuangzui – laisse entrevoir un centre de pouvoir central, faisant écho à la puissance de la dynastie des Han de l’Ouest. Les artefacts, qui vont de la poterie et de la ferronnerie aux objets en or et en argent, sont autant de témoignages silencieux de l’apogée artistique et culturelle d’une époque révolue.
Mais les fosses sacrificielles sont peut-être les plus intrigantes de toutes. Avec les restes d’animaux tels que des chevaux, des moutons, des porcs et même des créatures sauvages rares comme des tigres, des yaks et des bisons indiens, les fosses offrent un aperçu de la biodiversité de l’époque. On y a notamment trouvé le tapir malais, aujourd’hui éteint en Chine, dont la présence renvoie à des mentions dans divers textes et reliques historiques, et met en lumière son existence dans le nord de la Chine sous la dynastie Han.
Échos d’un jardin luxuriant
Les restes d’animaux mis au jour invitent à imaginer les jardins royaux de la dynastie des Han de l’Ouest. Contrairement à ce que l’on a pu voir auparavant, ces animaux enterrés ne servaient pas uniquement à des fins rituelles. Ils symbolisent la relation complexe entre les hommes, en particulier les membres de la famille royale, et la nature. Ils offrent des indices sur les vastes jardins mentionnés dans les textes historiques, donnant vie aux pages de la littérature ancienne.
La présence d’animaux comme le tapir malais ou le bison indien en dit long sur les conditions climatiques de l’époque. Elle laisse entrevoir une période marquée par la chaleur et l’humidité, offrant un habitat naturel à une myriade de créatures. L’éventail des animaux, des tigres aux pandas géants en passant par les chevreuils, témoigne d’un écosystème biodiversifié, dressant le tableau du premier jardin botanique royal opulent de Chine.
Certains de ces animaux, que l’on ne voit plus dans la région, doivent leur absence à divers changements écologiques, à des interventions humaines et à des fluctuations climatiques. Les résultats de l’étude répondent également à un débat académique de longue date, en renforçant le caractère distinctif des tapirs et des pandas géants sous la dynastie des Han de l’Ouest.
« L’étroite association entre la royauté et les animaux, en particulier le goût de l’empereur Wen pour la chasse, donne un aperçu intime des prédilections et des choix personnels, » remarque l’historien renommé Liu Xiang. « Il ne s’agit pas seulement des animaux, mais aussi de comprendre le pouls d’une époque. »
Traiter les morts comme les vivants
Profondément ancré dans la culture chinoise, le concept consistant à fournir aux défunts les équipements dont ils ont bénéficié durant leur vie réaffirme la croyance en la continuité de la vie après la mort. Cette pratique, particulièrement répandue après la dynastie Qin et pendant la dynastie Han occidentale, visait à combler le fossé entre la vie et la mort. Les animaux rares enterrés aux côtés des empereurs et des impératrices témoignaient de leur importance dans la vie royale. Qu’ils fassent partie de leurs jardins ou de leurs expéditions de chasse, ces animaux jouaient un rôle crucial.
De plus, cette découverte a élargi les horizons des études comparatives, offrant un trésor de spécimens d’espèces animales disparues. Pour les musées du monde entier, ces découvertes sont une aubaine, car elles enrichissent leurs expositions et permettent aux visiteurs de voyager dans le temps.
Lorsque le soleil se couche sur la plaine de Bailu, il projette une teinte dorée sur les tombes, semblant relier le passé au présent. Les tombes et les trésors qu’elles abritent – en particulier les bêtes rares des jardins royaux – sont un rappel poignant de l’illustre histoire de la Chine, qui attend d’être explorée, comprise et appréciée. Le jardin silencieux de la dynastie Han, qui résonnait autrefois des bruits de la vie, résonne aujourd’hui d’histoires et de secrets, murmurant des récits d’une époque où les hommes, dans toute leur puissance impériale, se tenaient en admiration devant la nature.
Source : China Social Sciences Network
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