Virgil Abloh a dévoilé jeudi dernier, au troisième jour de la Paris Fashion Week, sa dernière collection pour Louis Vuitton sous forme d’une performance anti-raciste et anti-homophobe diffusée dans une vidéo de 15 minutes et dévoilée sur la plateforme virtuelle dédiée à l’événement de la FHCM (Fédération de la Haute Couture et de la Mode).
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Tournée dans les montagnes suisses et à l’intérieur du Tennis Club de Paris, la vidéo met en scène la collection et la performance à laquelle participent l’artiste et écrivain Kandis Williams, la danseuse trans Tosh Basco (Boychild) et le rappeur Yasiin Bey (ex-Mos Def), sous une narration dictée par le poète et rappeur Saul Williams et le poète/activiste Kai-Isaiah Jamal.
Inspirée par “Stranger in the Village” (“Un étranger dans le village”), un essai du romancier homosexuel afro-américain James Baldwin, publié en octobre 1953 dans Harper’s Magazine, qui relate ses expériences à l’été 1951 dans le village suisse de Loèche-les-Bains parmi les blancs qui découvrent pour la première fois un homme noir, faisant de lui un étranger dans le village.
À travers cette histoire, Virgil Abloh voulait s’interroger sur la notion d’identité et sur comment les stéréotypes et les uniformes liés aux professions et aux modes de vie peuvent façonner notre personnalité.
“Pour devenir l’architecte de votre propre fortune, vous avez dû refléter les pré-déterminations sociales de ce à quoi cet architecte ressemble. C’est ce qui nous amène à faire inconsciemment confiance à la silhouette d’un costume et à se méfier de celle en sweat-shirt à capuche. Mais ce sont des inventions artificielles : des illusions systémiques”, peut-on lire dans la note de la collection.
“La mode est un outil de la mise en forme de ces identités (…). De façon inconsciente, nous faisons confiance à une silhouette en costume et nous nous méfions en voyant le contour d’un sweatshirt à capuche”, note encore Virgil Abloh. “Un homme d’affaires est-il toujours blanc ? Un basketteur est-il toujours noir ? Sont-ils toujours des hommes hétérosexuels ?”.
Et comment traduit-il ces propos dans sa collection ? Parmi les 70 looks qui composent la collection, plus d’une trentaine arborent un chapeau, une casquette ou un couvre-chef durag si prisé des amateurs du hip-hop.
Les tenues se lisent comme des versions amplifiées de silhouettes classiques : un costume gris a été transformé avec un imprimé marbre trompe-l’œil, tandis que les manteaux ont été considérablement allongés pour traîner sur le sol.
Les jeux de superposition sont quasiment partout tandis que la palette oscille entre des tons neutres (bleu marine, blanc, beige, noir) et ceux métallisés et plus vibrants.
Quant aux imprimés, la fantaisie est amenée par un travail d’hybridation qui se lit comme une exploration de son héritage africain et de sa culture acquise en Occident. Le créateur américain d’origine ghanéenne utilise dans cette collection le kente, textile ghanéen fait de bandes de tissu tissées à la main de soie et de coton, pour réaliser un tissu tartan. “Est-ce que ça rend le kente moins ghanéen et le tartan moins écossais ? La provenance est la réalité, tandis que la propriété est un mythe”, assure-t-il. Une déclaration qui fait forcément allusion aux accusations du designer belge Walter Van Beirendonck, selon lequel il aurait plagié certaines de ses créations – accusations que Abloh a toujours fermement niées.
© Louis Vuitton