Paul Poiret au Musée des Arts Décoratifs, le couturier qui a libéré les femmes et révolutionné la mode !

L'exposition « Paul Poiret. La mode est une fête » révèle l'univers créatif d'un couturier révolutionnaire qui, au-delà de la mode, a exploré les arts décoratifs, la parfumerie et l'art de vivre au début du XXe siècle.

6 Minutes de lecture
Paul Poiret et le mannequin Renée dans les salons de sa maison de couture - © Photo : Thérèse Bonnet, Bibliothèque historique de la ville de Paris

L’exposition « Paul Poiret. La mode est une fête » s’installera au musée des Arts décoratifs du 25 juin 2025 au 11 janvier 2026. Cette première monographie consacrée à Paul Poiret (1879-1944), figure emblématique de la haute couture parisienne du début du XXe siècle, promet une immersion complète dans l’univers foisonnant de ce créateur visionnaire. Réputé pour avoir libéré les femmes du carcan des corsets, ce couturier révolutionnaire a transformé radicalement les codes vestimentaires de son époque.

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Le libérateur de la silhouette féminine

Né à Paris en 1879, Paul Poiret commence sa carrière comme apprenti dans plusieurs maisons prestigieuses. Il se forme auprès de Jacques Doucet dès 1898, puis rejoint la maison Worth en 1901. Cette expérience lui apporte le savoir-faire nécessaire pour fonder sa propre maison de couture en 1903.

Paul Poiret au Musée des Arts Décoratifs, le couturier qui a libéré les femmes et révolutionné la mode !
George Barbier – Couverture du magazine Les Modes, Avril 1912 Paris, Manzi, Joyant et Cie, 1912, Héliogravure – © Les Arts Décoratifs

Poiret rompt rapidement avec la silhouette en S caractéristique du début du siècle. Sa vision novatrice se manifeste pleinement dans la robe du soir Joséphine de 1907, véritable manifeste esthétique. Cette création révolutionnaire se caractérise par une taille remontée sous la poitrine, maintenue par un simple ruban en gros-grain légèrement baleiné. Cette structure simplifiée annonce une nouvelle ère vestimentaire.

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Sa palette chromatique, particulièrement audacieuse pour l’époque, s’inspire directement du fauvisme. Les couleurs vives et acides remplacent alors les teintes sombres alors en vogue. Cette approche coloriste témoigne de sa sensibilité artistique et de sa proximité avec les mouvements d’avant-garde.

Un créateur total aux horizons multiples

Véritable précurseur du concept de directeur artistique, Paul Poiret étend son univers créatif à de nombreux domaines. En 1911, il fonde deux entreprises complémentaires : Martine, dédiée à la décoration d’intérieur, et Les Parfums de Rosine.

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Les voyages constituent une source d’inspiration majeure dans son parcours créatif. Ses périples en Europe et au Maghreb nourrissent profondément son imagination. De ces expériences, il rapporte des tissus et des broderies qu’il intègre ensuite dans ses créations, allant jusqu’à nommer certaines tenues d’après les lieux visités : Marrakech, Tolède, etc.

La dimension festive occupe également une place centrale dans sa démarche créative. Ses soirées somptueuses, telles que Les Festes de Bacchus ou La Mille et deuxième Nuit, rassemblent artistes et mondains dans des mises en scène spectaculaires. Ces événements contribuent à façonner son image publique tout en servant de vitrines promotionnelles pour ses créations.

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Paul Poiret au Musée des Arts Décoratifs, le couturier qui a libéré les femmes et révolutionné la mode !
Christian Dior par John Galliano — Ensemble du soir manteau et robe, Stourhead Paris, collection haute couture printemps/été 1998 – © Les Arts Décoratifs / Christophe Dellière

Une exposition ambitieuse et immersive

Le parcours chronologique et thématique conçu par Marie-Sophie Carron de la Carrière, conservatrice en chef du patrimoine, propose une plongée fascinante dans le Paris moderne du premier quart du XXe siècle. La scénographie signée Studio PAF transforme les salles en décors immersifs sous la houlette d’Anette Lenz, directrice artistique.

L’exposition rassemble pas moins de 550 œuvres issues des collections du musée. Vêtements, accessoires, dessins, photographies, objets d’art décoratif et archives personnelles composent un tableau exhaustif de l’univers Poiret. Des pièces exceptionnelles, comme la robe du soir Mosaïque (vers 1908) et le manteau La Perse (1911), illustrent la fructueuse collaboration entre le couturier et l’artiste Raoul Dufy.

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L’exposition met également en lumière les relations privilégiées que Poiret entretenait avec les artistes de son temps. Collectionneur averti, il s’entoure de talents novateurs comme Paul Iribe, Georges Lepape ou Maurice de Vlaminck. Ces amitiés artistiques donnent naissance à des créations hybrides où mode et beaux-arts fusionnent harmonieusement.

Paul Poiret au Musée des Arts Décoratifs, le couturier qui a libéré les femmes et révolutionné la mode !
Paul Poiret — Manteau du soir Paris, vers 1910. Gros de Tours liseré à décor broché de fils doré or et de lames argent, taffetas changeant, passementerie et métal argenté – © Les Arts Décoratifs / Christophe Dellière

L’héritage vivant d’un visionnaire

Des couturiers comme John Galliano, Christian Dior, Yves Saint Laurent ou Christian Lacroix ont puisé dans son imaginaire riche et cosmopolite. Plus récemment encore, en 2024, Alphonse Maitrepierre témoigne de la persistance de son héritage.

Poiret apparaît aujourd’hui comme le pionnier d’une approche globale de la création. Premier couturier à collaborer systématiquement avec des artistes pour ses textiles, ses décors et ses supports de communication, il préfigure les pratiques contemporaines de collaboration entre marques de mode et artistes.

Sa trajectoire professionnelle mouvementée reflète également les aléas de la création. Confronté à des difficultés financières après la Première Guerre mondiale, il est contraint de vendre sa maison de couture en novembre 1924, avant de la quitter définitivement en décembre 1929. Sa participation ruineuse à l’Exposition Internationale des Arts Décoratifs et Industriels Modernes de 1925 illustre les tensions entre ambition artistique et réalités économiques.

« Paul Poiret. La mode est une fête »
Du 25 juin 2025 au 11 janvier 2026
Musée des Arts décoratifs
107, rue de Rivoli, Paris 1er

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