Iniye Tokyo James vient de présenter sa collection Tokyo James printemps 2026 à Milan. Il s’impose comme l’un des rares créateurs noirs à défiler sur le calendrier officiel milanais. Sa collection « Chaos » propose une vision radicale de la mode masculine contemporaine.
Il revendique une approche volontairement brute. Il préfère les finitions imparfaites aux pièces trop léchées qui dominent les défilés milanais. Cette philosophie se traduit par des vêtements qui célèbrent les heureux accidents de la fabrication. Les bords irréguliers deviennent des signatures esthétiques.

Le jersey teint en pièce décline des tons gris-vert et blanc cassé. Ces tuniques sont découpées en deux couches, puis cousues ensemble. Le tissu est ensuite déchiré avec précision pour créer des lambeaux qui bougent à chaque pas. Cette technique artisanale donne lieu à des pièces uniques dans lesquelles la destruction devient création.
Les savoir-faire traditionnels du Nigeria occupent une place centrale dans cette collection. Le crochetage de lanières de cuir habille chapeaux, sacs et ornements vestimentaires. Ces accessoires tissés à la main se distinguent par leur texture brute, en contraste avec les codes lisses du luxe italien.
Le travail du cuir témoigne d’une maîtrise technique impressionnante. Un pantalon en cuir épais est orné d’œillets qui produisent un bruit lors des mouvements. Un autre modèle est orné de panneaux de perles en bois sur chaque jambe. Selon le créateur, ces perles permettraient d’entendre arriver celui qui les porte à l’église.
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L’organdi rouge et blanc est utilisé pour confectionner des pantalons et des hauts d’une construction laborieuse. Ces pièces sont composées de panneaux appliqués à la main. Malgré leur aspect visuellement saisissant, leur apparence suggère un frémissement silencieux.
Les pièces en dentelle nigériane se marient à l’imprimé léopard et à la laine à rayures couverture. Le denim vient compléter cette palette de matières. Tous ces tissus sont ponctués de détails singuliers qui interrogent les codes établis.

La collection se décline en deux registres distincts. D’un côté, les pièces spectaculaires destinées au défilé. De l’autre, des vestes trucker et des jeans qui semblent déplacés sur ce podium. Ces derniers constituent pourtant l’épine dorsale de la marque sur le plan commercial.
Le blouson en cuir à capuche aux panneaux tressés illustre cette dualité. Les blazers surdimensionnés ornés de perles sur les revers offrent une version plus accessible de l’esthétique de la marque. Les casquettes de vendeur de journaux viennent compléter ces tenues urbaines.
Tokyo James a gagné en sérieux dans la gestion de son entreprise ces dernières années. Sa vision créative s’est affinée et précisée. Le designer britannique d’origine nigériane est resté complètement indépendant financièrement.
Cette autonomie lui permet d’embrasser pleinement les aspérités de son travail. Son approche punk, influencée par Westwood, fusionne de manière fascinante avec son héritage nigérian. Le résultat est une mode masculine qui refuse les conventions tout en respectant l’artisanat traditionnel.
Cette collection démontre que l’acceptation du désordre génère des bénéfices créatifs tangibles. Tokyo James prouve qu’il est possible de construire une identité forte sans lisser les imperfections. Sa proposition masculine assume les contradictions sans chercher à les résorber.