La marque berlinoise 032c, autrefois un magazine culte et aujourd’hui un label de mode qui repousse les limites, a fait une déclaration provocante pour l’automne 2025 lors de la Semaine de la mode de Paris. La directrice de la création, Maria Koch, a ancré la collection dans ce qu’elle appelle « SUSPICIOUS MINDS », une philosophie qui rejette les traditions rigides à travers des créations qui mêlent héritage européen et futurisme dystopique. Le défilé, qui s’est tenu à la Maison des Métallos, a fusionné des coupes nettes et le folklore alpin avec des détails troublants, reflétant un monde en proie à des bouleversements politiques et culturels.
La vision de Koch se nourrit de la contradiction. Les silhouettes intemporelles (manteaux, fourreaux en ligne A, cardigans) ont été retravaillées avec des fioritures macabres : pendentifs en forme de dents, jacquards de marguerites fondantes et embellissements d’entrejambe qui ont transformé les vêtements masculins classiques en quelque chose de primitif. Un pull en mohair Bambi, d’une douceur désarmante, contrastait avec des tricots enduits de gypse, tandis que des manteaux en coton imperméable présentaient des cols en soie qui s’effondraient. Ces juxtapositions reflètent la conviction de Koch de remettre en question les normes. « S’habiller en monstre nous permet d’échapper à l’ancien », a-t-elle noté, faisant référence aux festivals alpins où les costumes symbolisent la renaissance.
Les sous-entendus politiques semblaient délibérés. Alors que les créateurs européens anticipent tranquillement une montée du conservatisme, l’approche antizeitgeist de 032c rejette les réponses faciles. Une veste masculine d’inspiration dirndl, aux proportions exagérées, associée à un pantalon utilitaire scellé aux coutures, suggère les uniformes d’une époque fracturée. Même la bande-son est passée du punk à Suspicious Mind d’Elvis, un clin d’œil à la clarté au milieu du chaos.
Cette saison a été marquée par la maturité de 032c. Les collections précédentes s’appuyaient sur des pièces de type merchandising, mais l’automne 2025 a donné la priorité au désir : un déshabillé réimaginé avec des bretelles de sac à dos, des bombers mille-fleurs et des pantalons avec des motifs floraux alpins. Les racines éditoriales de Koch transparaissent, équilibrant la portabilité et l’inconfort. Le résultat ? Des vêtements qui semblent à la fois familiers et étrangers, une métaphore appropriée pour naviguer dans l’incertitude.
