Jonny Johansson, directeur créatif d’Acne Studios, observe depuis longtemps la façon dont les jeunes hommes naviguent dans l’identité, à travers ses fils, les tendances virales et maintenant à travers la collection automne 2025 de la marque. Ancrée dans la sous-culture numérique du « lookmaxxing », cette collection allie une conscience exacerbée des idéaux physiques à une approche humoristique de la mode masculine. Le résultat ? Une série de vêtements à la fois contemporains et rafraîchissants.

La collection s’inspire de la fascination de Johansson pour la façon dont la génération Z associe l’obsession du fitness et le style. Les débardeurs courts ornés de logos de salles de sport fictives font référence à l’époque des « journées jambes » et des biceps saillants, tandis que les shorts inspirés des boxers et réimaginés en micro-denims remettent en question les stéréotypes traditionnels des vêtements de sport. Ces pièces coexistent avec des blazers ajustés et des hybrides chemise-veston à carreaux, offrant des options pour ceux qui concilient les routines de gym et les codes vestimentaires du bureau. Cette juxtaposition est le reflet d’un changement culturel plus large : la masculinité est aujourd’hui autant une question de politesse dans les salles de réunion que de biceps fléchis.
Les tenues de bureau prennent une tournure subversive. Les jeans minces et usés et les costumes décontractés à rayures font référence au « power dressing » des années 80, mais des détails comme les sacs d’appareil photo surdimensionnés intégrés aux vestes ou les imprimés en trompe-l’œil (les jeans superposés sur des chaps en cuir) ajoutent de l’irrévérence. Même les mocassins et les trenchs classiques sont revisités, ces derniers étant gonflés avec du matelassage pour une silhouette bouffante qui confond l’utilité et l’absurdité.
La famille de Johansson a influencé l’énergie éclectique de la collection. Le style caméléonesque de son fils aîné, qui passe de la flamboyance de Lenny Kravitz à l’austérité du gothique japonais, inspire le refus de la collection de s’installer dans une esthétique unique. Cette fluidité est intentionnelle. « Si c’est trop sérieux, c’est prétentieux », note Johansson en pointant du doigt les baskets hybrides qui combinent des baskets de boxe et des escarpins de ballet. Le message ? La mode se nourrit de la contradiction.
La praticité rencontre la provocation dans des détails tels que les chemises à carreaux réversibles et les shorts en denim matelassés qui se transforment en vêtements d’extérieur. Les blousons en cuir aux fermetures éclair exagérées et les jeans « 2010 » hyper-harmoniques s’adressent à ceux qui recherchent la précision sans sacrifier l’audace. Pour Johansson, l’objectif n’est pas de se moquer des tendances ni de faire preuve de looksmaxxing, mais d’aborder celles-ci avec curiosité. La collection devient un dialogue entre les générations, entre l’ironie et le sérieux, entre la salle de sport et le lieu de travail.
La collection Automne 2025 d’Acne Studios ne prêche pas. Au contraire, elle invite les hommes à expérimenter, à associer l’absurde à la sophistication et à accepter le processus désordonné de présentation de soi à l’ère de la surveillance numérique. Ici, la masculinité n’est pas une formule rigide, mais un vestiaire de possibilités.