La collection Automne 2024 de Nigo pour KENZO n’est pas une simple promenade sartoriale dans la rue Vivienne – c’est un saut galactique, brouillant les lignes entre le streetwear tokyoïte, l’élégance parisienne et une pincée de fantaisie Star Wars. À l’aube de sa cinquième année à la tête de la marque, Nigo s’abstient de toute référence manifeste à Takada, préférant tisser méticuleusement les techniques et les silhouettes du défunt fondateur en une tapisserie qui jette un pont entre les continents et les cultures.
Finis les imprimés audacieux qui marquaient les précédentes sorties. Cette saison, Nigo fait preuve d’une sophistication plus subtile, abstrayant des éléments japonais classiques tels que les manches de kimono et les motifs de tatami pour en faire des carreaux et des imprimés jacquard sophistiqués. Imaginez une robe fourreau ornée d’un motif karakusa que l’on retrouve sur les tissus d’emballage traditionnels furoshiki, ou un jean brodé du même motif vibrant. Un clin d’œil subtil à l’héritage, qui s’intègre parfaitement au style contemporain.
Le défilé lui-même, organisé dans les grandes salles de la Bibliothèque nationale de France, n’avait pas l’exubérance juvénile des précédentes éditions de KENZO de Nigo. En cherchant à insuffler un raffinement parisien à la mode féminine, certains pourraient dire qu’il a sacrifié un peu de l’énergie brute de Tokyo. De superbes vestes en shearling pour lui, des mini-robes en tricot côtelé avec des jupes “chapeau champignon” pour elle, et les longues robes cardigan caractéristiques de Nigo dégagent une allure adulte, tout en conservant leur côté ludique.
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Au milieu de l’élégance parisienne, des chuchotements de science-fiction résonnent dans des variations de gilets pare-balles, de combinaisons argentées (qui rappellent vaguement les habits de Jedi ?) et de gants duveteux. Mais tout comme ces subtils motifs japonais, les références à Star Wars sont habilement brouillées, ce qui témoigne de la capacité magistrale de Nigo à mélanger les influences sans succomber au cliché. Cette saison, même la marque est reléguée au second plan, au profit d’une élégance discrète.
Les uniformes scolaires, thème récurrent de la collection KENZO de Nigo, se matérialisent dans des costumes-pantalons sans col avec des boutons en laiton, évoquant les souvenirs de l’école primaire japonaise du créateur. Il se souvient que les élèves se rebellaient subtilement par le biais de personnalisations invisibles, une leçon de non-conformité qu’il a prise à cœur. La rébellion de Nigo ? Ne pas toucher à son uniforme, trouver l’anticonformisme dans l’acceptation de la norme.
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© KENZO
