La collection printemps 2026 de Thom Browne débarque dans l’ancien hôtel particulier du créateur. Le créateur américain a choisi l’hôtel Pozzo di Borgo pour présenter son univers dans lequel la rencontre du troisième type s’invite dans le vestiaire masculin. Vous voilà plongé dans une proposition qui vous transporte bien au-delà de la rive gauche parisienne.

Thom Browne ouvre son défilé avec des mannequins au visage argenté, vêtus de son tailleur gris emblématique. Leurs vestes arborent un visage extraterrestre vert brodé sur la poche de la poitrine. Ces personnages traversent les couloirs où Karl Lagerfeld régnait autrefois, distribuant des cartes à quelques invités. Le message inscrit sur les cartes : « Nous venons en paix ».
La bande originale de Rencontres du troisième type de Steven Spielberg accompagne l’arrivée de la première pièce forte. Thom Browne présente une nouvelle veste en seersucker gris, ajustée au torse, dont la ligne d’épaule légèrement avancée rappelle celle d’une manche raglan. Cette modification subtile change tout. « Nous étions en essayage et nous jouions avec l’épaule », explique le designer. « Je savais que je voulais développer une nouvelle forme. »
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Cette veste se décline en plusieurs versions tout en conservant l’esprit preppy de la côte est américaine. Les tweeds semblent si légers qu’ils pourraient flotter dans la stratosphère. Des carreaux sont tissés en mousseline de soie. D’autres pièces sont ornées de fermetures éclair ou d’anneaux argentés, apportant une touche punk à la précision de leur confection.

Les manteaux présentés en fin de défilé semblent trempés dans des constellations de perles ou recouverts de mercure liquide. Le savoir-faire des ateliers de Thom Browne transparaît particulièrement dans les créations aux formes extraterrestres : une veste et une jupe aux courbes bombées évoquent le robot de Planète interdite.
Certaines pièces conceptuelles repoussent les codes du vestiaire masculin à l’extrême. Une veste en seersucker gris est dotée de plusieurs manches, accompagnée d’un pantalon étroit à plusieurs jambes, le tout accessoirisé d’une coiffe verte. D’autres tenues présentent un manteau constitué d’une multitude de manches de veste de type varsity à rayures rouges.

Les proportions habituelles de Thom Browne sont réinventées. Des jupes plissées, portées basses au-dessus du genou, sont travaillées avec des fermetures éclair, des cravates repp, des broderies perlées ou des bords bruts. Le designer explique : « J’aime que les gens voient les deux facettes de ma création. Le conceptuel et le réel. »
Le seersucker et les rayures repp, signatures du créateur new-yorkais, sont réinterprétées dans des tissus inattendus. Les blazers aux couleurs vives côtoient des manteaux à franges et des cravates XXL. Certaines vestes se miniaturisent, d’autres prennent des proportions démesurées. Les tweeds bleu saphir et les cotons rayés vert menthe retiennent l’attention.

Thom Browne reprend également les broderies anatomiques de son défilé haute couture automne 2024, qu’il applique ici sur des tops transparents moulants. Des œillets en argent sterling ornent plusieurs tenues superposées. Le créateur justifie ce choix : « J’aime l’idée d’intégrer des détails et des éléments couture dans mes collections prêt-à-porter. »
La mise en scène est aussi élaborée que les vêtements. La musique du générique de Doctor Who, composée par Delia Derbyshire, résonne dans les salons. Les mannequins, perchés sur des bottes en daim à talons aiguilles, défient la gravité. Le public, parmi lequel on remarque Anna Wintour et FKA Twigs, découvre des créatures extraterrestres brandissant des pancartes numérotées.

« La construction de tout est très sérieuse, mais je voulais qu’elle ait un sentiment très léger », confie Thom Browne. La finale musicale apporte une dernière touche d’humour avec Calling Occupants of Interplanetary Craft des Carpenters, un titre de 1977. Les extraterrestres reviennent saluer le public, puis le créateur surgit des coulisses.
Cette collection apporte un moment de joie bienvenu après des journées éprouvantes de Fashion Week. L’évocation d’extraterrestres accueillants arrivant en paix peut être interprétée comme un commentaire sur l’état actuel du monde. Thom Browne signe une proposition audacieuse dans laquelle l’élégance classique du vestiaire masculin rencontre l’imaginaire spatial.











