Giorgio Armani n’était pas présent lundi lors de la présentation de sa collection printemps 2026 à Milan, mais son héritage sartorial imprégnait chaque silhouette qui défilait sur le podium. Le créateur italien de 90 ans se remettait chez lui d’un récent malaise, laissant Leo Dell’Orco, directeur du bureau de style masculin, prendre les applaudissements à sa place.

Cette absence physique n’a nullement diminué l’impact de cette présentation majeure de 116 looks qui célébrait l’ADN Armani dans toute sa splendeur. Les épaules tombantes caractéristiques des années 1980, les coupes fluides et les superpositions décontractées rappelaient l’âge d’or du maestro milanais.
L’inspiration puisait directement dans l’île de Pantelleria, refuge estival du couturier depuis des décennies. Des faux rochers volcaniques noirs encadraient le podium, tandis que les manteaux discrets et les ensembles de motard minimalistes en cuir noir mat évoquaient ce paysage méditerranéen. Un horizon marin infini à la Hiroshi Sugimoto entourait l’espace, parsemé de fougères vivantes et de sculptures ondulantes.

La palette chromatique déployait les nuances signature du créateur : le fameux « greige », les taupes et gris, puis les tons sable du désert, les bleus mélancoliques et les couleurs estivales méditerranéennes comme le bougainvillier et le cyclamen. Cette progression chromatique structurait naturellement le défilé autour d’histoires visuelles distinctes.
Les matières luxueuses transformaient les codes Armani : soies lustrées, cuirs gantés, daim léger, lins cirés et mailles ajourées. Le daim dominait particulièrement l’accessoirisation, des spacieux sacs-tapis d’Emporio aux mocassins souples et aux boots du désert. Les motifs de palmiers tissés ornaient chemises imprimées, sacs polochons, vestes et pantalons, rappelant l’influence textile nord-africaine.
Depuis son domicile, Armani confirmait son ressenti sur cette nouvelle génération : « Il semble que les nouvelles générations de créateurs s’intéressent à mon travail, et je dois dire que c’est une source de fierté pour moi, car cela signifie que je peux parler aux jeunes créatifs qui n’étaient probablement même pas nés dans les années 90. »
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Les couples mixtes ponctuaient régulièrement le défilé, démontrant la polyvalence des bermudas bien coupés et des vestes croisées. Cette approche unisexe s’inscrivait dans la vision contemporaine de la garde-robe Armani, où Lee Radziwill, amie de longue date du créateur, aurait naturellement trouvé sa place.

Les nouveautés restaient fidèles à l’esthétique de la marque : une élégante veste à col châle avec un bouton unique légèrement décentré incarnait parfaitement l’esprit Armani. Les pulls tricotés légers se nouaient en diagonale sur des chemises de soie à col Nehru multipotons, portées avec des pantalons au fini froissé rappelant l’effet peau de requin des sacs.
La richesse du textile révélait le réseau de manufacturiers spécialisés cultivé par Armani : chemisages tissés texturés, cuirs richement traités, tissus de tailleur aux finitions métallisées argentées ou noir d’encre. Chaque silhouette, même les tenues de couple, présentaient des variations précises sans jamais se répéter exactement.
L’accessoirisation confirmait l’excellence artisanale : chaussures en rotin tressé aux formes ondulantes, sacs en toile et cuir de bride archétypaux, étuis pour téléphone en peau de requin et pochettes tissées en forme d’enveloppe.

Pour l’avenir, Armani conseillait aux jeunes créateurs : « Je conseille aux nouvelles générations de trouver leur propre signature. Peut-être pouvons-nous commencer par évoquer le travail d’un créateur que nous admirons, puis, par essais et erreurs, nous parviendrons à atteindre notre propre style ».
Cette collection printemps 2026 prouve que l’influence d’Armani traverse les générations, des collaborations avec Kith et Our Legacy jusqu’à la résurgence globale de son esthétique chez Fear of God et Brioni. Jean-Michel Basquiat, grand admirateur du créateur qui achetait ses costumes par douzaines, apparaît d’ailleurs dans les teasers du prochain défilé masculin de Jonathan Anderson chez Christian Dior.