Huawei prépare le lancement à grande échelle de sa nouvelle puce d’intelligence artificielle, la Ascend 910C, pour conquérir le marché chinois laissé vacant par Nvidia

Huawei prévoit de déployer massivement sa puce d'intelligence artificielle Ascend 910C en Chine dès le mois de mai 2025, profitant des restrictions américaines sur les ventes de Nvidia pour s'imposer sur ce marché stratégique.

6 Minutes de lecture
© Photo : burdun (Depositphotos)

Huawei s’apprête à distribuer massivement sa puce d’intelligence artificielle Ascend 910C aux entreprises chinoises dès le mois prochain. Le géant chinois de la technologie saisit l’opportunité créée par les récentes restrictions américaines qui ont bloqué Nvidia sur ce marché stratégique.

- Publicité -

Selon deux sources proches du dossier, Huawei a déjà commencé à livrer quelques exemplaires de sa puce Ascend 910C à certains clients. Cette accélération de la production intervient à un moment crucial pour les entreprises chinoises spécialisées dans l’intelligence artificielle, qui cherchent désespérément des alternatives locales au processeur H20 de Nvidia.

Ce mois-ci, l’administration du président américain Donald Trump a imposé de nouvelles restrictions, exigeant désormais une licence d’exportation pour la vente des puces H20 en Chine. Cette décision a porté un coup sévère à Nvidia, qui anticipe une perte de 5,5 milliards de dollars liée à ces nouvelles mesures.

- Publicité -

« Les dernières restrictions américaines sur les puces Nvidia H20 signifient que la puce Ascend 910C de Huawei deviendra le matériel privilégié par les développeurs chinois de modèles d’IA et pour le déploiement de capacités d’inférence », explique Paul Triolo, partenaire au cabinet de conseil Albright Stonebridge Group.

La puce Ascend 910C marque une avancée architecturale plutôt qu’une percée technologique. D’après une troisième source familière avec sa conception, elle atteint des performances comparables à la puce H100 de Nvidia en combinant deux processeurs 910B dans un seul package grâce à des techniques d’intégration avancées.

- Publicité -

Cette configuration double la puissance de calcul et la capacité de mémoire par rapport au modèle 910B. Elle apporte également des améliorations progressives, notamment un meilleur support pour diverses charges de travail d’IA.

Les efforts de Washington pour limiter le développement technologique de la Chine, en particulier les avancées destinées à son armée, ont conduit à des restrictions sur les produits d’IA les plus avancés de Nvidia, y compris sa puce phare B200.

- Publicité -

La puce H100 a notamment été interdite à la vente en Chine dès 2022 par les autorités américaines, avant même son lancement officiel. Cette situation a créé une opportunité pour Huawei et les startups chinoises spécialisées dans les GPU comme Moore Threads et Iluvatar CoreX de pénétrer un marché largement dominé par Nvidia.

La guerre technologique entre les États-Unis et la Chine s’intensifie. Les entreprises chinoises cherchent activement des alternatives nationales depuis que l’administration américaine a commencé à restreindre l’accès aux technologies de pointe. Huawei, déjà sur la liste noire américaine, développe sa propre gamme de GPU « de bout en bout », dont le dernier modèle serait l’Ascend 910C.

- Publicité -

Les spécifications techniques de ce dernier sont impressionnantes. Elle atteindrait 800 TFLOP/s en FP16 avec une bande passante mémoire d’environ 3,2 TB/s, ce qui équivaut à environ 80 % des performances de la puce H100 de Nvidia. Huawei utiliserait la technologie de processus 7 nm pour fabriquer l’Ascend 910C.

Selon les analystes, ce revers pour Nvidia pourrait représenter une opportunité pour les producteurs chinois de puces d’IA. Brady Wang, directeur associé chez Counterpoint Research, note que « plusieurs entreprises chinoises fabriquent des puces pour rivaliser avec Nvidia ».

Malgré les efforts de Huawei, des obstacles persistent. La production de puces avancées reste difficile en raison des restrictions américaines sur les équipements de fabrication de semi-conducteurs. Selon une source, le rendement de fabrication de la puce Ascend 910C par SMIC, le principal fabricant chinois de puces sous contrat, reste limité à environ 20 % en raison du manque d’équipements de lithographie avancés.

Pour que ces puces soient commercialement viables, les rendements doivent dépasser 70 %. Huawei aurait stocké une grande quantité de processus 7 nm de TSMC avant l’entrée en vigueur des restrictions américaines en 2019, et envisagerait de les adopter pour ce nouveau semi-conducteur d’intelligence artificielle avancé.

L’Ascend 910C a déjà été utilisé dans la technologie DeepSeek R1 et atteindrait 60 % des performances d’inférence du processeur Nvidia H100. Les entreprises technologiques chinoises, qui attendaient toujours des livraisons de H20 d’ici la fin de l’année, ignoraient les restrictions à venir.

Cette évolution marque un tournant dans la course à l’intelligence artificielle entre les États-Unis et la Chine. Alors que ces restrictions visent à préserver la suprématie technologique américaine, elles pourraient accélérer le développement de solutions alternatives en Chine.

Huawei continue ses efforts pour devenir la meilleure alternative aux puces d’IA de Nvidia. Il sera intéressant d’observer comment ces efforts se concrétiseront dans les mois à venir et s’ils permettront à la Chine de réduire sa dépendance aux technologies américaines dans ce domaine stratégique.

- Publicité -
Partager cet article