Quel phénomène ! Voilà le mot qui vient à l’esprit, sans détour. Le jeune prodige français Léon Marchand est devenu champion du monde du 200 m 4 nages à Singapour, ajoutant une nouvelle ligne en or à un palmarès qui commence sérieusement à se remplir.
La course a été un véritable bras de fer. Marchand, qui avait déjà stupéfait tout le monde en pulvérisant le record du monde la veille en demi-finale, a de nouveau livré une performance exceptionnelle. Le chronomètre affiche 1 min 53 s 68. Un temps monumental, à peine plus lent que son record stratosphérique de 1 min 52 s 69 établi 24 heures plus tôt. Ces deux performances relèguent aux oubliettes l’ancienne marque de l’Américain Ryan Lochte, qui tenait depuis 14 ans.
Après un tel exploit en demi-finale, la question était de savoir s’il pourrait tenir le choc physiquement et mentalement. La réponse est un oui franc et massif. « C’était un peu dur aujourd’hui, mais c’était super », a-t-il confié avec une simplicité désarmante après sa victoire. Sa lucidité est totale, même dans l’effort. « Je sais que Shaine part toujours très vite, donc je savais que je ne pouvais pas être loin de lui. C’était une bataille jusqu’à la fin, donc c’était cool pour moi. »
Cette déclaration révèle toute la finesse de son approche. Il n’a pas foncé tête baissée dans une course folle contre la montre, mais a géré son effort en fonction de son adversaire direct, l’Américain Shaine Casas. C’est la marque des grands champions : savoir s’adapter, lire la course et porter l’estocade au bon moment. La bataille fut intense, et le voir l’analyser avec autant de calme témoigne d’une maturité impressionnante.
Le podium de cette finale du 200 m 4 nages est une histoire en soi, une anecdote savoureuse qui en dit long sur l’excellence. Sur la plus haute marche : Léon Marchand, de France. Sur la deuxième, Shaine Casas, États-Unis. Sur la troisième, Hubert Kós, Hongrie. Trois pays, trois drapeaux, mais un seul et même mentor : l’Américain Bob Bowman. Les trois athlètes s’entraînent ensemble à l’université du Texas, à Austin, sous la direction de l’homme qui a façonné la carrière du légendaire Michael Phelps.
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Imaginez un peu la scène. Chaque jour, à l’entraînement, ils se poussent les uns les autres et se tirent vers le haut. Ils sont coéquipiers en semaine et rivaux le week-end. Cette émulation saine a porté ses fruits de la plus belle des manières. Marchand a tenu à rendre hommage à son entraîneur et à ses coéquipiers. « Je visais le titre et je courais contre mes coéquipiers. Nous sommes sur le podium ensemble. Cela montre à quel point Bowman est un excellent entraîneur de natation. »
Il y a une immense reconnaissance dans ses propos. Il sait ce qu’il doit à cette structure d’entraînement de très haut niveau qui lui permet de progresser sans cesse. Cette victoire a une saveur texane, celle du travail acharné accompli au quotidien. Pour Shaine Casas, cette médaille d’argent, assortie d’un record personnel, est une consécration. Seuls Marchand, Lochte et Phelps ont nagé plus vite que lui.
Pendant que Marchand brillait de mille feux, d’autres compétitions tenaient le public en haleine à Singapour. La Canadienne Summer McIntosh a remporté l’or sur le 200 mètres papillon, décrochant ainsi son troisième titre de ces championnats. Elle a frôlé le record du monde, affichant une déception touchante de l’avoir manqué de si peu. Preuve du niveau d’exigence de ces athlètes.
Sur le 100 mètres nage libre masculin, le Roumain David Popovici a décroché l’or avec le deuxième temps le plus rapide de l’histoire, juste derrière le recordman du monde chinois, Pan Zhanle. L’Américain Jack Alexy a décroché une superbe médaille d’argent, confirmant ainsi son immense potentiel. Chaque course est une finale de très haut niveau, ce qui rend la performance de notre Français encore plus remarquable.
Malgré un virus gastrique qui a perturbé sa préparation, l’équipe américaine a montré sa force de caractère. Katharine Berkoff a remporté l’or sur le 50 mètres dos, devançant de peu sa compatriote Regan Smith, qui a décroché deux médailles d’argent le même soir. Ces résultats témoignent de la profondeur du réservoir américain.
Pour Léon Marchand, le travail n’est pas terminé. Le 400 mètres 4 nages se profile à l’horizon, une épreuve dont il détient déjà le record du monde. L’appétit vient en mangeant, mais le champion reste prudent. « C’est encore un tout nouveau défi », a-t-il déclaré à propos de cette épreuve. « Je sais que j’ai gagné en puissance, mais je ne suis pas encore sûr que cela fasse une grande différence sur 400 mètres. Nous verrons bien. »
Cette humilité, alliée à une confiance sereine en ses capacités, est peut-être sa plus grande qualité. Il ne se repose jamais sur ses lauriers. Chaque course est une nouvelle page à écrire. Sa victoire sur le 200 m 4 nages n’est pas un aboutissement, mais une étape. Une magnifique étape qui confirme qu’il est bien le patron actuel de la discipline.