Les bénéfices du groupe Swatch chutent drastiquement au premier semestre 2025

Les bénéfices du groupe Swatch subissent une chute drastique de 88% au premier semestre 2025, principalement due à la crise chinoise, malgré d'excellentes performances américaines et des innovations prometteuses.

8 Minutes de lecture
© Photo : Swatch

Les bénéfices du groupe Swatch ont connu une chute spectaculaire de 88% durant le premier semestre 2025, reflétant les difficultés persistantes auxquelles il est confronté en raison de la crise chinoise. Cette performance décevante soulève des questions importantes sur la capacité du groupe à naviguer dans un environnement économique particulièrement hostile.

Un effondrement des résultats sans précédent

Le bilan semestriel publié par le Swatch Group révèle une situation financière préoccupante. Le bénéfice net est tombé à 17 millions de francs suisses, contre 147 millions pour la même période en 2024. Cette baisse vertigineuse de 88 % est un signal d’alarme pour l’industrie horlogère suisse.

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Le chiffre d’affaires net s’établit à 3,059 milliards de francs suisses, soit une diminution de 7,1 % à taux de change constants. Cette performance est inférieure aux attentes des analystes, qui tablaient sur 3,2 milliards de francs suisses. L’effet négatif des taux de change a représenté une perte de 113 millions de francs suisses.

Le résultat opérationnel n’échappe pas à cette tendance baissière, s’établissant à 68 millions de francs suisses, contre 204 millions précédemment. La marge opérationnelle s’érode ainsi à 2,2 %, bien loin des 5,9 % enregistrés l’année précédente.

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La Chine, un boulet persistant

La faiblesse du marché chinois continue de peser lourdement sur les performances du groupe. « Le recul du chiffre d’affaires est exclusivement imputable à la Chine (y compris Hong Kong et Macao) », précise le communiqué officiel. Cette situation reflète une réalité économique complexe, dans laquelle la consommation de produits de luxe peine à retrouver ses niveaux d’avant-crise.

Les activités de vente en gros dans la Grande Chine ont chuté de plus de 30 %, en raison notamment de la fermeture de points de vente tiers. Le commerce de détail propre au groupe s’en sort légèrement mieux, avec une baisse de 15 %. La part de la Chine élargie dans le chiffre d’affaires total du groupe est ainsi passée de 33 % à 24 % au cours des 18 derniers mois.

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Les marchés d’Asie du Sud-Est, qui dépendent fortement du tourisme chinois, subissent également les contrecoups de cette situation. Cette dépendance géographique souligne la vulnérabilité du modèle économique du groupe face aux fluctuations d’un marché unique.

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Des performances contrastées selon les régions

Paradoxalement, les autres régions affichent des résultats remarquables. « Le chiffre d’affaires des autres régions a atteint, en monnaies locales, le niveau des années records 2023 et 2024 », indique le rapport semestriel. Cette performance témoigne de la solidité des marques du groupe sur leurs marchés traditionnels.

Les États-Unis, le Mexique et le Canada enregistrent une croissance à deux chiffres particulièrement encourageante. L’Inde se distingue avec une hausse des ventes de plus de 20 % par rapport à l’exercice précédent. Le Japon maintient ses ventes au niveau record de 2024, confirmant ainsi la vitalité de ce marché mature.

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« Performance impressionnante des marques Omega, Longines, Rado, Tissot, Hamilton et Swatch aux États-Unis, avec des augmentations de 10 % à 30 % », souligne le communiqué. Ces chiffres témoignent de l’appétit constant des consommateurs américains pour l’horlogerie suisse.

Le Moyen-Orient et l’Australie contribuent également à cette dynamique positive, démontrant ainsi la diversification géographique réussie du groupe en dehors de la zone chinoise.

Innovation et stratégie produit

Malgré les difficultés financières, le groupe Swatch maintient une politique d’innovation ambitieuse. Les investissements marketing sont préservés afin de renforcer l’attractivité des marques. Cette stratégie à long terme vise à consolider les positions acquises sur les marchés porteurs.

Les lancements de produits du premier semestre témoignent d’une créativité intacte. Breguet célèbre son 250e anniversaire avec des modèles spéciaux qui rendent hommage à l’héritage de la marque. OMEGA connaît un succès exceptionnel avec l’Aqua Terra pour dames, équipée d’un mouvement mécanique ultra-plat Master Chronometer révolutionnaire.

Tissot innove avec la PRC 100 Solar et son cadran photovoltaïque, illustrant ainsi la capacité du groupe à intégrer les nouvelles technologies. Harry Winston poursuit sur sa lancée positive dans le secteur de la bijouterie, confirmant ainsi la pertinence de cette diversification.

L’intelligence artificielle au service de la personnalisation

L’annonce la plus surprenante concerne le futur lancement par Swatch d’un concept unique de personnalisation assistée par intelligence artificielle. « Le client pourra communiquer directement avec l’intelligence artistique de Swatch, appelée AI-DADA, et créer ainsi sa propre montre Swatch », explique le communiqué.

Cette innovation s’appuie sur une base de données de 40 ans d’histoire du design Swatch, incluant des œuvres de street art et des événements marquants. L’objectif est de proposer des montres absolument uniques tout en préservant l’ADN de la marque. Cette approche technologique pourrait révolutionner l’expérience client dans l’univers de l’horlogerie accessible.

Défis de production et stratégie industrielle

Le secteur de la production affiche un résultat opérationnel fortement négatif en raison d’un nombre insuffisant de commandes. Le groupe refuse délibérément de licencier son personnel qualifié ou de recourir au chômage partiel. Cette politique sociale coûteuse témoigne de l’engagement du groupe envers ses collaborateurs suisses.

« Swatch Group reste fidèle à son orientation industrielle stratégique, à savoir la fabrication en Suisse de produits à grands volumes », affirme la direction. Cette verticalisation génère des pertes en période de baisse, mais offre des avantages compétitifs lors de la reprise.

Perspectives d’amélioration

Le groupe identifie des signes encourageants pour le second semestre. « Les premiers signes positifs d’amélioration sont visibles, notamment dans le commerce électronique et la réduction des stocks chez les détaillants chinois. » Cette évolution pourrait annoncer une reprise progressive des commandes.

Avec des liquidités nettes de 1,091 milliard de francs suisses, le groupe dispose d’une marge de manœuvre financière confortable. Le ratio de capitaux propres de 86,2 % témoigne de la solidité du bilan du groupe, qui lui permet d’absorber cette période difficile.

L’e-commerce affiche une croissance à deux chiffres, confirmant ainsi l’adaptation réussie aux nouveaux modes de consommation. Cette transformation numérique pourrait compenser en partie les difficultés du commerce traditionnel.

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