Maria Grazia Chiuri fait son grand retour. La créatrice italienne, qui a quitté Dior en mai dernier, vient d’être nommée directrice de création chez FENDI. Vous avez bien lu. Elle revient dans la maison romaine où elle avait commencé sa carrière en 1989, alors qu’elle contribuait au développement de la gamme d’accessoires de la marque.
Cette annonce confirme les rumeurs qui couraient depuis plusieurs mois dans les cercles de la mode à Paris et à Rome. FENDI, qui appartient au groupe LVMH tout comme Dior, accueille donc une créatrice qui connaît parfaitement les codes et l’histoire de la maison.
Un retour aux sources
Bernard Arnault, président-directeur général du groupe LVMH, ne cache pas son enthousiasme. « Maria Grazia Chiuri est l’un des plus grands talents créatifs de la mode actuelle, et je suis ravi qu’elle ait choisi de revenir chez FENDI pour continuer d’exprimer sa créativité au sein du groupe LVMH, après avoir partagé sa vision engagée de la mode », déclare-t-il.
Il ajoute : « Entourée des équipes de FENDI et dans une ville qui lui est chère, je suis convaincu qu’elle contribuera au renouveau artistique et aux succès futurs de la maison tout en perpétuant son héritage singulier. »
Maria Grazia Chiuri exprime elle aussi son émotion face à ce retour. « Je reviens chez FENDI avec honneur et joie, après avoir eu le privilège de commencer ma carrière sous la direction des cinq sœurs fondatrices de la maison », confie-t-elle.
Un poste qui va au-delà de la création
Le titre de directrice de la création est une nouveauté pour FENDI. Ramon Ros, président-directeur général de la maison, explique la portée de cette fonction. « Le rôle d’un créateur ou d’une créatrice ne consiste plus simplement à créer de beaux vêtements, mais à façonner une culture et à refléter le monde dans lequel nous vivons », affirme-t-il.
Cette vision correspond parfaitement au profil de Chiuri. Il souligne que la créatrice « a une très forte empathie avec les clients, elle est très intelligente et comprend immédiatement le contexte, ce qui se passe dans le monde et ce dont le monde a besoin ».
Il va même plus loin en précisant que « parfois, les créateurs doivent être plus sociologues que créateurs ». Une remarque qui résume bien l’approche de Maria Grazia Chiuri, connue pour son engagement féministe et sa capacité à traduire les préoccupations contemporaines en vêtements.
Une vision unifiée pour la maison
Maria Grazia Chiuri présentera sa première collection FENDI automne-hiver 2026-2027 à Milan en février prochain. Les défilés homme auront lieu en juin, puis la haute couture en juillet.
Cette organisation marque un tournant. « Une seule personne apportera de la cohérence sur tous les fronts et une solidité à long terme », explique Ramon Ros.
Le PDG insiste sur l’importance de cette nomination pour l’avenir de la maison. « Son talent et sa vision contribueront à renforcer l’héritage de FENDI, à développer les talents futurs de la maison et à approfondir notre engagement envers l’artisanat italien », promet-il.
L’héritage des cinq sœurs
FENDI occupe une place particulière dans le cœur de Maria Grazia Chiuri. « FENDI a toujours été un vivier de talents et un point de départ pour de nombreux créatifs du secteur, grâce à l’extraordinaire capacité de ces cinq femmes à encourager et à nourrir des générations par leur vision et leur savoir-faire », souligne-t-elle.
La créatrice se dit « reconnaissante envers M. Arnault de me confier cette mission qui consiste à écrire un nouveau chapitre de l’histoire de cette entreprise extraordinaire fondée par des femmes ».
Ce lien avec l’héritage féminin de FENDI n’est pas anodin. Ramon Ros rappelle en effet que FENDI et Chiuri « partagent les mêmes valeurs de l’artisanat italien », ce qui permet à la créatrice de « renforcer la production, y compris au niveau industriel ».
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Un parcours impressionnant
Avant de quitter Dior, Maria Grazia Chiuri a transformé la maison française. Elle est devenue la première femme à diriger les collections féminines de Dior, écrivant ainsi un chapitre décisif de l’histoire de la maison.
Pendant neuf ans, elle a fait croître la marque grâce à des produits commercialement réussis et à une approche féministe affirmée. Selon les estimations de HSBC, ses collections ont permis à Dior de quadrupler ses revenus, passant de 2,2 milliards d’euros en 2017 à 8,7 milliards d’euros en 2024.
Elle a également organisé des défilés spectaculaires dans des lieux variés, de Mumbai à Mexico en passant par Tokyo, Athènes, Marrakech et Séoul. Ses créations, marquées par des signatures fortes telles que la veste Bar, les jupes plissées en tulle, les robes déesses et des accessoires emblématiques comme le Book Tote, ont marqué les esprits.
Une spécialiste des accessoires iconiques
Maria Grazia Chiuri s’est forgé une réputation de créatrice d’accessoires à succès. Elle a notamment contribué au sac Baguette de FENDI et à la pompe Rockstud de Valentino.
Elle a rejoint la maison Valentino Garavani en 1999, où elle a travaillé aux côtés de Giancarlo Giammetti. Elle y est restée 17 ans, dont huit en tant que codirectrice de la création avec Pierpaolo Piccioli.
Chiuri et Piccioli avaient auparavant collaboré pendant dix ans chez FENDI. Valentino Garavani les avait choisis pour dynamiser la catégorie accessoires de sa marque, ce qu’ils ont brillamment réussi en rajeunissant cette division.
Les changements chez FENDI
La nomination de Maria Grazia Chiuri s’inscrit dans une série de mouvements au sein de la maison de couture. Fin septembre, Silvia Venturini Fendi a été nommée présidente d’honneur, confirmant ainsi que des changements étaient en cours depuis le départ de Kim Jones de son poste de directeur artistique des collections haute couture, prêt-à-porter et fourrure pour femmes, en octobre dernier.
Selon Ramon Ros, Silvia Venturini Fendi et Maria Grazia Chiuri « apporteront plus de visibilité et d’attention aux archives et à ce qui a été fait dans le passé, qui n’est pas toujours suffisamment reconnu ou connu à l’extérieur ».
Delfina Delettrez Fendi, la fille de Silvia, reste en charge des collections de bijoux de la marque. Ramon Ros souligne que « FENDI a longtemps été un vivier de talents : tant de créateurs ont commencé à travailler ici et sont partis pour diriger de grandes marques ». Outre Chiuri, on peut citer Pierpaolo Piccioli, Alessandro Michele et Frida Giannini.
Une rencontre estivale décisive
C’est durant l’été, alors qu’ils finalisaient les candidatures, que Ramon Ros a rencontré Maria Grazia Chiuri pour la première fois. Le PDG confie avoir « toujours respecté son leadership féminin, sa cohérence, sa détermination et son métier, qui sont les fondations d’une maison de succès ».
Il décrit la créatrice comme « une professionnelle hors pair », ajoutant que « sa discipline est incroyable. Elle est dévouée et a donné de son temps ; il faut des années pour devenir si qualifiée. Tout cela correspond à notre idée de produits uniques et durables. »
Des valeurs partagées
L’objectif de FENDI sous la direction de Maria Grazia Chiuri est clair. Ramon Ros parle de « produits uniques et iconiques qui donneront de la joie aux clients et leur donneront du pouvoir sur le long terme, et pas seulement pour une saison, pour être cool ou à la mode ».
Il ajoute : « Nous travaillons pour le prochain chapitre, les 100 prochaines années, pleines de passion et de vision, afin d’amener la marque là où elle mérite d’être. »
Le fait que Maria Grazia Chiuri ait déjà travaillé chez FENDI et connaisse bien la marque aide à « partager l’histoire de la marque et ce qu’elle peut devenir », explique Ramon Ros.
Un nouveau chapitre romain
Originaire de Rome, Maria Grazia Chiuri entretient des liens étroits avec sa ville natale. Son dernier défilé pour Dior, en mai dernier, s’est d’ailleurs déroulé dans la capitale italienne, dans le cadre spectaculaire de la Villa Albani Torlonia. Elle y avait présenté un mélange de tenues de la collection croisière et de la collection haute couture, en présence de ses collaborateurs réguliers, comme l’artiste Eva Jospin, les photographes Brigitte Niedermair, Brigitte Lacombe et Maripol.
Avant ce dernier défilé pour Dior, la créatrice avait dévoilé son investissement personnel dans le Teatro della Cometa, à Rome, qu’elle restaure depuis cinq ans.
Son retour chez FENDI la ramène donc dans un environnement qu’elle connaît parfaitement. Rome, la maison romaine, l’artisanat italien : tout se rejoint pour ce nouveau chapitre professionnel.