La marinière pour homme occupe une place particulière dans l’histoire de la mode française. Ce vêtement rayé, né dans les coursives des navires militaires, a conquis les ateliers des plus grands couturiers parisiens pour devenir un symbole intemporel de l’élégance masculine décontractée.
Des origines maritimes aux podiums parisiens
L’histoire officielle de la marinière débute le 27 mars 1858, lorsqu’un décret militaire impose ce tricot rayé comme uniforme des marins français. Les spécifications étaient précises : 21 rayures blanches de 20 millimètres alternant avec 20 rayures bleues de 10 millimètres. Cette codification stricte transformait un simple sous-vêtement en emblème de la Marine nationale.
Selon la légende, ces 21 rayures symbolisaient les victoires navales de Napoléon Bonaparte. Bien que cette origine reste incertaine, elle témoigne de l’aura particulière qui entoure ce vêtement depuis ses débuts. Les rayures horizontales facilitaient également le repérage des marins tombés à la mer, fonction pratique qui est ensuite devenue un atout esthétique.
Coco Chanel révolutionne la perception de ce tricot marin dès les années 1910 sur les plages de Deauville. La créatrice française transforme cet uniforme masculin en pièce de mode féminine, ouvrant ainsi la voie à sa démocratisation. Cette appropriation marque le début de l’ascension sociale de la marinière, qui quitte définitivement l’univers exclusivement maritime.

Quand les artistes s’emparent du tricot rayé
Pablo Picasso adopte la marinière avec enthousiasme, posant régulièrement pour les photographes vêtu de ce tricot rayé. L’artiste espagnol contribue à associer ce vêtement à l’image de l’intellectuel bohème, loin de ses origines prolétaires. Jean Cocteau suit cette tendance, immortalisé lui aussi en marinière lors de séances photos emblématiques.
Le cinéma américain s’approprie également ce symbole français. John Wayne la porte dès les années 1940, lui assurant une renommée hollywoodienne. Cette adoption par une star du western américain illustre parfaitement la capacité de ce vêtement à transcender les frontières culturelles et géographiques.
Brigitte Bardot popularise la marinière féminine au cinéma, notamment dans Le Mépris de Jean-Luc Godard en 1963. Jean Seberg la porte également dans À bout de souffle, créant un lien durable entre la marinière et la Nouvelle Vague française. Ces apparitions cinématographiques ancrent définitivement le tricot rayé dans l’imaginaire pop culturel international.
Jean-Paul Gaultier et la révolution de la marinière masculine
Dès son premier défilé en 1978, le créateur français révolutionne l’approche de la marinière homme. Le créateur français fait de ce vêtement sa signature personnelle et le décline sous toutes les formes possibles : crop tops, robes de soirée, parfums. Sa collection « Boy Toy » de 1983 place la marinière au cœur de l’esthétique Gaultier.
Le couturier parisien comprend alors le potentiel homoérotique de ce vêtement moulant. Il réinvente les codes masculins traditionnels en proposant des marinières ajustées qui subliment la silhouette. Cette approche audacieuse influence durablement la mode masculine contemporaine, libérant ce vêtement de ses connotations exclusivement hétéronormatives.
La collaboration entre Jean-Paul Gaultier et Madonna lors de la tournée « Blond Ambition » en 1990 propulse la marinière sur la scène internationale. Cette association entre haute couture française et pop culture américaine témoigne de la capacité d’adaptation de ce vêtement centenaire aux codes contemporains.
Suivez toute l’actualité d’Essential Homme sur Google Actualités, sur notre chaîne WhatsApp, sur Flipboard ou recevoir directement dans votre boîte mail avec Feeder.
L’héritage contemporain de la tenue de marin
Yves Saint Laurent intègre la marinière à sa collection « Matelot » de 1966, déclinant les rayures sur des robes sophistiquées. Cette approche élégante inspire les maisons de couture contemporaines qui continuent de réinterpréter ce classique. En 2011, Karl Lagerfeld collabore avec Nike pour créer le maillot rayé de l’équipe de France de football, preuve de la vitalité commerciale de ce motif.
La marinière masculine contemporaine se décline aujourd’hui dans tous les registres, du prêt-à-porter accessible aux collections de luxe. Les marques françaises comme Mousqueton perpétuent la tradition artisanale, tandis que les créateurs internationaux proposent leurs propres interprétations.
Les icônes masculines actuelles continuent d’adopter ce vêtement intemporel. David Beckham l’intègre régulièrement à sa garde-robe décontractée, soulignant sa capacité à s’adapter aux tendances vestimentaires actuelles. Cette permanence témoigne de la pertinence durable de ce vêtement dans l’expression de la masculinité moderne.