Mercedes-Benz cède sa participation dans Nissan dans le cadre d’une transaction majeure, selon les sources citées par Reuters. Le constructeur allemand a finalisé la vente de ses 3,8 % de parts dans Nissan Motor pour un montant de 47,83 milliards de yens, soit environ 325 millions de dollars.
Cette décision intervient dans un contexte particulièrement délicat pour le constructeur japonais. Les actions Nissan ont immédiatement réagi à l’annonce, chutant de plus de 6 % en séance mardi. Il s’agit de la plus forte baisse quotidienne du titre depuis le début du mois de juillet.
Le fonds de pension de Mercedes-Benz a cédé l’intégralité de ses actions Nissan au prix unitaire de 341,3 yens. Ce prix représente une décote de 5,98 % par rapport au cours de clôture de lundi, fixé à 363 yens. Les investisseurs se sont montrés très intéressés par cette opération, la demande ayant largement dépassé l’offre disponible.
Une décision stratégique assumée
Lundi, un porte-parole de Mercedes-Benz avait déclaré que cette participation « n’était pas d’importance stratégique » pour le groupe. Selon lui, l’opération s’inscrit dans une démarche de « nettoyage de portefeuille ». Cette participation avait été transférée aux actifs de retraite du constructeur allemand dès 2016.
Cette transaction révèle également l’évolution des alliances industrielles dans le secteur de l’automobile. Nissan avait en effet accepté plus tôt cette année de modifier son partenariat historique avec Renault, abaissant ainsi le seuil de participation requis de 15 % à 10 %.
Nissan face à des turbulences
Cette vente intervient alors que Nissan traverse une période difficile. Le constructeur japonais a enregistré une perte de 535 millions de dollars pour les trois mois achevés en juin. Les difficultés s’accumulent sur ses marchés clés, les États-Unis et la Chine, où les ventes reculent et où les droits de douane pèsent sur la rentabilité.
La réaction négative des investisseurs reflète leur scepticisme quant aux perspectives de redressement de Nissan. Depuis l’éviction de Carlos Ghosn, l’ancien architecte de l’alliance Renault-Nissan, l’entreprise peine à retrouver sa dynamique d’antan.
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Un nouveau dirigeant aux commandes
Ivan Espinosa, à la tête de Nissan depuis avril dernier, a présenté un plan de redressement ambitieux. Ce programme prévoit une réduction drastique des capacités de production mondiales, qui passeront de 3,5 millions à 2,5 millions de véhicules d’ici l’exercice 2027. Le nombre de sites de production sera également réduit, passant de 17 à 10 unités.
« Nissan est encore dans les premières phases de redressement, mais nous progressons dans la réduction des coûts », avait déclaré Espinosa fin juillet. Ces mesures drastiques témoignent de l’ampleur des défis auxquels le constructeur nippon est confronté.
Renault reste dans l’équation
Renault conserve sa position d’actionnaire majoritaire avec 35,7 % du capital de Nissan. Cependant, le constructeur français a lui-même dû déprécier de 11 milliards de dollars sa participation le mois dernier.
Christopher Richter, analyste automobile chez CLSA, anticipe une évolution progressive de cette relation : « Renault va probablement continuer à vouloir réduire sa participation dans Nissan, mais il est lié par des restrictions contractuelles l’empêchant de vendre ses actions sur le marché ouvert. »
Des perspectives incertaines
L’expert souligne également un changement d’attitude de la part de Nissan concernant le rachat d’actions : « Avant que les finances de Nissan ne se détériorent, Nissan voulait racheter ces actions. Mais maintenant que les liquidités sont limitées chez Nissan, l’appétit pour racheter des actions à Renault est beaucoup moindre. »
Seiji Sugiura, analyste senior au Tokai Tokyo Intelligence Laboratory, confirme cette tendance : il s’attend à ce que Renault réduise progressivement sa participation dans Nissan à mesure que leur partenariat s’affaiblit.