Les plantes luminescentes sortent enfin des films de science-fiction grâce aux scientifiques chinois

Des scientifiques chinois ont créé les premières plantes luminescentes multicolores en injectant des particules phosphorescentes. Ces végétaux stockent l'énergie solaire et brillent jusqu'à deux heures, ce qui pourrait révolutionner l'éclairage urbain durable.

Par
Olivier Delavande
Fils d’un père français et d’une mère vietnamienne, Olivier Delavande a baigné dans une double culture qui a façonné sa curiosité et son ouverture d’esprit dès...
7 Minutes de lecture
Image créée par IA

Les plantes luminescentes ne relèvent plus du domaine de la science-fiction. Des chercheurs de l’université agricole de Chine du Sud sont parvenus à transformer des végétaux ordinaires en sources de lumière naturelle, reproduisant ainsi les arbres phosphorescents de la planète Pandora, dans le film Avatar.

Cette avancée pourrait transformer notre approche de l’éclairage urbain. À la différence des tentatives précédentes de génie génétique, cette nouvelle méthode se distingue par sa simplicité et son efficacité remarquables.

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Une méthode révolutionnaire en dix minutes chrono !

L’équipe dirigée par Shuting Liu a développé une technique surprenante de rapidité. « Nous voulions utiliser des matériaux que nous utilisons déjà en laboratoire. Imaginez des arbres lumineux qui remplaceraient les lampadaires », s’enthousiasme le principal auteur de l’étude publiée dans la revue Matter.

Le processus ne nécessite que dix minutes de préparation et coûte environ 1,5 dollar par plante. Les scientifiques injectent des particules de phosphore rémanent directement dans les feuilles des plantes. Ces particules, de la taille d’un globule rouge, produisent une luminescence visible à l’œil nu.

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Cette méthode fonctionne particulièrement bien avec les plantes succulentes, comme l’Echeveria ‘Mebina’. Leurs feuilles épaisses possèdent en effet une structure interne dense avec des espaces intercellulaires uniformes qui facilitent la diffusion des particules.

Le secret des plantes grasses révélé

Les chercheurs chinois ont découvert que les plantes succulentes surpassaient les végétaux ordinaires pour ce type de modification. Alors que les feuilles classiques présentent 29,6 % d’espaces aériens pour une épaisseur moyenne de 54,28 micromètres, les plantes grasses n’en comptent que 3,75 % pour une épaisseur moyenne de 14,73 micromètres.

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Cette différence structurelle s’avère cruciale. Les particules de taille micronique se diffusent en effet mieux dans les canaux plus étroits et uniformes des succulentes. Elles évitent ainsi l’agrégation qui bloquerait leur transport dans les feuilles classiques.

« Je trouve tout simplement incroyable qu’un matériau microscopique entièrement fabriqué par l’homme puisse s’intégrer aussi harmonieusement à la structure naturelle d’une plante », explique Shuting Liu. « C’est presque magique. »

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Des couleurs multiples pour la première fois !

L’innovation majeure réside dans la création des premières plantes luminescentes multicolores. Les équipes sont parvenues à produire des végétaux émettant du bleu-violet, du vert, du rouge et du bleu. Cette gamme couvre l’ensemble du spectre visible, entre 400 et 650 nanomètres.

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En mélangeant différents phosphores dans des proportions précises, ils ont même créé des plantes émettant une lumière blanche chaude. Cette diversité chromatique ouvre des perspectives inédites en matière d’éclairage décoratif et architectural.

Les tests ont montré que les plantes modifiées conservaient leur luminescence pendant plus de deux heures après une exposition au soleil de seulement deux minutes. Sous un éclairage artificiel de 360 lux, elles brillent encore pendant une heure.

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Les propriétés optiques des plantes succulentes E. « Mebina » modifiées et non modifiées – © Photo : Elsevier Inc.

Une luminosité record jamais atteinte !

Ces végétaux phosphorescents établissent un nouveau record de brillance. L’intensité lumineuse maximale est 3,6 fois supérieure à celle obtenue avec des particules plus petites et 2,3 fois supérieure à celle des particules plus grosses.

Un mur végétal lumineux constitué de 56 plantes d’Echeveria produit entre 0,9 et 1,3 lux d’éclairage. Cette intensité équivaut à celle d’une bougie située à un mètre d’une surface d’un mètre carré, ce qui est largement suffisant pour la vision humaine.

Les applications pratiques se multiplient. Lors des tests, l’éclairage permettait de lire un livre, de distinguer les traits d’un visage adulte et d’observer les mouvements de petites figurines placées à une distance comprise entre 3 et 10 centimètres.

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Plantes luminescentes multicolores issues de l’ingénierie des matériaux et leurs applications – © Photo : Elsevier Inc.

La stabilité et la sécurité validées sur dix jours

Le suivi sanitaire des végétaux a été rigoureux. Les analyses physiologiques montrent que les taux de chlorophylle, de sucres solubles et de protéines sont restés comparables à ceux des plantes témoins après dix jours.

Les particules de phosphore ont reçu un revêtement de phosphate afin d’améliorer leur résistance à l’eau et leur biocompatibilité. Sans cette protection, elles se dégradent rapidement au contact de l’humidité, ce qui fait grimper le pH au-dessus de 11.

La stabilité optique est remarquable. Après dix jours, les spectres d’émission ne présentent aucun changement de position des pics ou de leur forme. L’intensité et la durée de la phosphorescence restent constantes.

Le stockage d’informations optiques possible

Une application inattendue concerne le stockage d’informations. En exposant une feuille modifiée à travers un masque comportant des motifs découpés, les chercheurs parviennent à graver des images lumineuses temporaires.

Des motifs, tels que des animaux ou des formes géométriques, apparaissent clairement dans l’obscurité pendant plus de deux minutes. Cette propriété ouvre la voie au codage d’informations optiques sur des supports végétaux vivants.

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Injection de particules PO4-SA de différentes tailles dans des plantes succulentes E. « Mebina » – © Photo : Elsevier Inc.

Vers un éclairage urbain révolutionnaire ?

Cette technologie pourrait transformer l’éclairage public. À la différence des systèmes actuels qui utilisent des énergies fossiles, ces plantes stockent l’énergie solaire pendant la journée pour la restituer la nuit.

L’impact environnemental est positif à double titre : réduction de la consommation électrique et encouragement de la végétalisation urbaine. Les villes pourraient intégrer ces végétaux phosphorescents à leurs projets d’aménagement durable.

Les chercheurs travaillent déjà à optimiser les concentrations et à étendre cette technologie à d’autres espèces végétales. L’objectif est de développer des systèmes d’éclairage naturel économiquement viables.

Cette avancée scientifique rapproche la réalité de la fiction, transformant un rêve cinématographique en une solution technologique concrète pour l’avenir de nos villes.

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