Cette journée du lundi 26 mai restera un moment fort de Roland-Garros. Pendant que Carlos Alcaraz passait son premier tour avec brio face à l’Italien Giulio Zeppieri, Richard Gasquet vivait des montagnes russes émotionnelles lors de ce qui pourrait être son dernier match sur la terre battue parisienne. Deux destins se sont croisés sur les courts de la Porte d’Auteuil : l’un au sommet de son art, l’autre qui refuse de baisser les armes malgré ses 38 ans.
Carlos Alcaraz affiche déjà ses ambitions
Le tenant du titre n’a pas fait dans la dentelle pour son entrée en matière. Face à Zeppieri, 310e mondial issu des qualifications, l’Espagnol a livré une démonstration de puissance sur le court Suzanne-Lenglen. En moins de deux heures, il a bouclé l’affaire en trois sets (6-3, 6-4, 6-2), ne laissant que des miettes à son adversaire qui n’a converti aucune de ses trois balles de break.
« J’ai bien commencé et j’ai gardé un bon rythme pendant le match. J’ai essayé de rester concentré sur mon jeu et de trouver un bon rythme. Je suis vraiment fier de mon début ici à Roland-Garros », a confié Alcaraz après sa victoire. Cette entrée en matière maîtrisée confirme les excellentes dispositions du Murcien, qui a récemment remporté les Masters 1000 de Monte-Carlo et de Rome.
L’Espagnol de 22 ans semble déterminé à rejoindre Rafael Nadal dans l’histoire en conservant son titre, un exploit que seul le Majorquin avait réalisé en 2019 et 2020. Sa route vers les huitièmes de finale s’annonce dégagée, avec un prochain rendez-vous face au Hongrois Márton Fucsovics, puis un potentiel duel contre Stefanos Tsitsipas dont l’aura sur terre battue s’estompe d’année en année.
Richard Gasquet se bat contre la montre
Sur le court Philippe-Chatrier, l’atmosphère était tout autre. Le Français entamait son 22e et dernier Roland-Garros face à Terence Atmane, dans un duel 100 % français chargé d’émotion. Le vétéran de 38 ans a parfaitement négocié le premier set, qu’il a emporté 6-2 sous les ovations du public parisien.
« Je vais essayer de profiter du début à la fin, de tout donner. Je ne sais pas si je peux parler de sérénité, mais j’ai l’envie et le plaisir, ça c’est sûr. Je suis heureux de pouvoir être là encore une dernière fois », avait confié Gasquet avant son entrée sur le court. Cette détermination s’est traduite par un break d’entrée et une première manche maîtrisée face à son jeune compatriote.
Mais Atmane, 23 ans, n’a pas dit son dernier mot. Le gaucher du TC Boulogne-sur-Mer a complètement retourné la situation dans le deuxième set, égalisant à une manche partout sur le score de 6-2. « Atmane est un autre joueur. Il continue de malmener Gasquet à qui il adresse un coup droit très lifté et imparable », pouvait-on lire dans les comptes-rendus en direct.
L’émotion était au rendez-vous pour les adieux
Cette montée en puissance d’Atmane montre la difficulté pour Gasquet de maintenir son niveau sur la durée. L’ancien 7e mondial, qui avait annoncé sa retraite en octobre dernier, doit composer avec un corps qui lui rappelle son âge et un manque de rythme après un mois sans compétition.
« C’est évident que depuis un mois, je n’ai pas joué, j’ai manqué beaucoup de compétitions, mais mon niveau n’est pas si mauvais ! », s’était-il rassuré avant le match. Cette lucidité sur ses limites actuelles n’empêche pas le Biterrois de vouloir prolonger le plaisir une dernière fois sur ses courts favoris, lui qui avait atteint les quarts de finale en 2016 et disputé quatre autres huitièmes de finale.
La symbolique de ce duel franco-français prend une dimension particulière quand on sait qu’Atmane regardait Gasquet à la télévision quand il était enfant. Aujourd’hui, c’est lui qui tente de mettre un terme à la carrière de son idole d’enfance, preuve que le tennis continue de tourner et que les générations se succèdent.
Hugo Gaston survit à un marathon franco-français
Sur le court 7, Hugo Gaston a vécu un véritable calvaire face à son compatriote Ugo Blanchet, issu des qualifications. Le Toulousain s’est finalement imposé au terme d’un match haletant de près de trois heures (2-6, 6-0, 2-6, 6-3, 6-4), prouvant qu’il pouvait renverser la vapeur dans des situations apparemment compromises.
Mené deux sets à un, Gaston semblait au pied du mur face à ce Haut-Savoyard de 26 ans qui disputait son premier Roland-Garros. « Bousculé par Ugo Blanchet, Hugo Gaston s’en sort en cinq sets et rejoint Ben Shelton au deuxième tour », résumait parfaitement L’Équipe. Le 83e mondial a su puiser dans ses ressources pour inverser la tendance, s’appuyant sur son expérience des grands rendez-vous.
Cette victoire lui ouvre les portes d’un deuxième tour face à l’Américain Ben Shelton, dans ce qui s’annonce comme un nouveau défi de taille pour le joueur au style si particulier. Blanchet, malgré la déception, peut être fier de sa performance lors de sa première apparition en Grand Chelem.
Arthur Fils porte les espoirs du tennis français
Le nouveau leader du tennis français masculin, Arthur Fils, aborde ce Roland-Garros avec des ambitions légitimes. Actuel 14e mondial, le joueur de 20 ans s’apprête à affronter le Chilien Nicolas Jarry avec la ferme intention de franchir enfin le premier tour parisien.
« Quand on nourrit de l’espoir par rapport à quelqu’un, cela veut dire que la personne peut réaliser de grandes choses. J’espère qu’ils seront nombreux au premier tour et qu’il y aura une bonne ambiance », confie-t-il avec cette décontraction qui le caractérise. Fils arrive à Roland-Garros auréolé de ses performances en Masters 1000 cette saison, notamment ses quarts de finale à Indian Wells, Miami et Monte-Carlo.
Son duel contre Carlos Alcaraz à Monte-Carlo, où il était passé tout près de la victoire (4-6, 7-5, 6-3), a confirmé sa montée en puissance. « Ce sont des défaites qui ont fait mal, mais qui ont servi. Le classement et la période n’ont plus rien à voir. Je joue mieux que l’année dernière, j’ai plus d’expérience », analyse-t-il avec lucidité.
Paula Badosa s’inspire de l’empreinte de Nadal
Le court Philippe-Chatrier a également été le théâtre d’un affrontement spectaculaire entre la Espagnole et l’Américaine. L’Espagnole, 10e mondiale, s’est imposée en trois sets (6/7(1), 6/1, 6/4) au terme d’un match de haute volée qui a tenu toutes ses promesses.
« Quand j’étais menée d’un set, j’ai regardé l’empreinte de Rafa (Nadal) sur le court », a révélé Badosa après sa victoire. Cette source d’inspiration inattendue a visiblement porté ses fruits puisque l’Espagnole a complètement retourné la situation après avoir concédé le premier set au tie-break.
La Japonaise, remarquée pour sa tenue fleurie « kit sakura » qui a fait sensation sur les réseaux sociaux, a longtemps tenu tête à son adversaire avant de fléchir physiquement. Touchée aux doigts de la main droite, Osaka a vu Badosa prendre l’ascendant dans les deux derniers sets grâce à sa puissance en coup droit.
Emma Navarro, première sensation du tournoi
La plus grosse surprise de cette première journée est l’élimination fracassante d’Emma Navarro. La 9e mondiale américaine a été littéralement balayée par l’Espagnole Jessica Bouzas Maneiro sur le score sans appel de 6-0, 6-1 en seulement 57 minutes.
Cette « terrible déculottée » infligée à l’une des prétendantes au titre constitue le premier coup de tonnerre de ce Roland-Garros 2025. Navarro, huitième de finaliste l’an dernier et demi-finaliste à l’US Open, n’a pas trouvé les ressources nécessaires pour rivaliser avec cette « pure terrienne de 22 ans » qui réalise le match de sa vie.
Bouzas Maneiro, 68e mondiale, n’avait pourtant pas brillé cette saison sur terre battue, se contentant de quarts de finale à Rouen et Rabat. Cette performance retentissante lui ouvre grand les portes du tableau, et elle disputera son deuxième tour face à une adversaire bien plus abordable sur le papier.
Cette journée du 26 mai 2025 restera comme un parfait condensé des émotions que peut procurer Roland-Garros : la démonstration d’un futur multiple vainqueur et les derniers soubresauts d’une carrière exceptionnelle qui refuse de s’éteindre sans se battre.
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