Le constructeur californien affiche des résultats supérieurs aux attentes des analystes pour les trois derniers mois. Cette performance s’explique principalement par la ruée des acheteurs américains qui souhaitaient bénéficier des crédits d’impôt fédéraux avant leur suppression fin septembre. Avec 497 099 véhicules écoulés durant le 3e trimestre, Tesla dépasse les prévisions de livraison, affichant une progression de 7,4 % par rapport à la même période en 2024.
Une stratégie commerciale payante
La firme dirigée par Elon Musk a multiplié les communications autour de l’expiration des avantages fiscaux. Cette approche a été combinée à des remises tarifaires et à des offres de financement attractives pour stimuler les ventes et les locations de ses modèles électriques. Les résultats sont éloquents : 481 166 exemplaires des Model 3 et Model Y ont été livrés entre juillet et septembre, soit bien plus que les prévisions de Wall Street.
L’action du groupe a toutefois reculé de près de 1 % lors de la séance matinale. Les investisseurs s’inquiètent des conséquences de la suppression du crédit fédéral de 7 500 dollars sur les ventes futures.
Des perspectives contrastées pour la fin d’année
Seth Goldstein, analyste senior chez Morningstar, tempère toutefois l’enthousiasme général. « Si le troisième trimestre a été solide, nous nous attendons à ce que les ventes du quatrième trimestre baissent, conformément à la première moitié de l’année, en raison de l’expiration du crédit d’impôt américain », explique-t-il à Reuters. Cette prévision reflète une réalité économique difficile à contourner pour le constructeur.
Les projections annuelles tablent sur environ 1,61 million de livraisons pour l’ensemble de 2025, soit un recul d’environ 10 % par rapport à 2024, selon Visible Alpha. Pour atteindre cet objectif, Tesla devra écouler 389 498 véhicules lors du dernier trimestre. Un défi de taille, compte tenu du contexte fiscal défavorable.
Le marché européen reste fragile
Le Vieux Continent reste un point faible persistant pour la marque. Les ventes européennes, y compris au Royaume-Uni, ont chuté de 22,5 % en août par rapport à l’année précédente. Selon les données de l’Association des constructeurs automobiles européens, la part de marché est tombée à 1,5 %.
Cette situation s’explique par l’offensive commerciale des concurrents sur les modèles hybrides rechargeables. Les marques chinoises de véhicules électriques gagnent également du terrain sur ce marché ultra-concurrentiel. Tesla doit composer avec des rivaux de plus en plus agressifs sur les prix et les offres.
La Chine comme bouée de sauvetage
Le géant asiatique pourrait redonner un coup de fouet à l’entreprise. En septembre dernier, Tesla a commencé à livrer la Model Y L, une version à empattement long dotée de six places. Cette version familiale vise à séduire les clients du premier marché mondial des véhicules électriques.
Cette stratégie revêt une importance capitale pour l’équilibre des comptes. Le constructeur prévoit en effet de produire localement une version à prix réduit de la Model Y, qui sera également déployée en Europe. Cette approche permettrait de compenser les surcoûts liés aux droits de douane.
Une transformation vers la technologie
Elon Musk oriente progressivement Tesla vers le statut d’entreprise technologique. L’accent est mis sur les systèmes de conduite autonome basés sur l’intelligence artificielle, les robotaxis et les robots humanoïdes. Cette transition soulève des questions quant à l’avenir de l’activité automobile traditionnelle.
Le conseil d’administration propose aux actionnaires un nouveau système de rémunération pour le dirigeant. Ce dispositif pourrait lui octroyer environ 12 % de l’entreprise, valorisée jusqu’à mille milliards de dollars, si les objectifs de performance et de valorisation sont atteints. Les actions Tesla représentent l’essentiel de la fortune du milliardaire, dont la valeur nette a franchi le cap des 500 milliards de dollars mercredi dernier.
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La clé du succès réside dans les modèles abordables
Les analystes insistent sur l’importance d’une gamme accessible financièrement. Matt Britzman, analyste senior chez Hargreaves Lansdown, souligne cet enjeu. « Le défi maintenant est de faire face à la potentielle baisse de régime qui suit, et c’est là qu’un nouveau modèle plus abordable devient crucial pour maintenir l’élan », précise-t-il. Le spécialiste détient personnellement des actions du constructeur.
Le groupe a retardé de plusieurs mois le lancement de la Model Y à prix réduit aux États-Unis. La version allégée devrait coûter environ 20 % moins cher à produire que la Model Y actuelle. La capacité de production pourrait atteindre 250 000 unités par an aux États-Unis d’ici 2026.
Rivian suit la même tendance
Le concurrent Rivian a également profité de la précipitation des acheteurs. Le constructeur a dépassé les estimations trimestrielles de livraisons, malgré une révision à la baisse de ses prévisions annuelles. Le phénomène des crédits d’impôt a donc profité à l’ensemble du secteur de l’automobile électrique aux États-Unis.
L’action Tesla affiche une hausse de près de 14 % depuis le début de l’année. Les prochains résultats trimestriels seront publiés le 22 octobre. Ils permettront d’éclairer la rentabilité réelle de cette période faste et d’évaluer la solidité financière du groupe face aux défis à venir.
