Nouveau rebondissement dans le scandale politique auquel fait face actuellement To Lam, le ministre vietnamien de la Sécurité publique qui a été filmé en train de déguster un steak recouvert de feuilles d’or 24 carats dans le restaurant londonien du célèbre chef Nusret Gokce : Facebook a annoncé aujourd’hui avoir débloqué le hashtag du surnom du célèbre chef, “#saltbae”, après avoir découvert que le hashtag avait été bloqué dans le monde quelques jours après la mise en ligne de la vidéo accusatrice.
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“Nous avons débloqué ce hashtag sur Facebook et nous cherchons pourquoi cela s’est produit”, a déclaré à Reuters un porte-parole de Facebook Meta, confirmant que le hashtag avait été bloqué pour tous les utilisateurs de Facebook dans le monde, et pas seulement au Viêt Nam.
Lorsqu’un utilisateur de Facebook faisait une recherche sur ce hashtag, il s’est vu indiquer, par un message, que les normes de la communauté avaient été violées.
Pour le moment, aucune explication a été avancée sur la raison pour laquelle le hashtag a été bloqué, et le porte-parole de Facebook a refusé de commenter les raisons potentielles. Lors d’une audition devant le Congrès américain plus tôt cette année, le directeur général de Meta (FB.O) Mark Zuckerberg a déclaré que l’intelligence artificielle joue un rôle majeur dans la “modération du contenu” sur sa plateforme star, responsable de la suppression de plus de 90 % du contenu jugé contraire aux directives de la firme.
La vidéo qui a rapidement fait le tour des réseaux sociaux, publiée à l’origine sur le compte officiel TikTok de Gokce, montrait le haut fonctionnaire, bouche ouverte, savourer avec entrain la viande enveloppée de feuilles d’or 24 carats comestibles, cuisinée par “Salt Bae”, le surnom de Nusret Gokce – on murmure que ses fameux steaks coûteraient plus de 1 000 dollars la pièce.
Dans un pays où le revenu moyen est de quelques dizaines de dollars par jour, et où l’économie, frappée de plein fouet par la pandémie COVID-19, connaît sa pire performance économique depuis 1986, le comportement ne manque évidemment pas de soulever l’indignation et de choquer l’opinion publique. Beaucoup se demandant comment un responsable du Parti aussi haut placé s’est laissé filmer en train de se livrer à de la nourriture à un prix aussi élevé au milieu d’une répression étatique sur la corruption.
“Où a-t-il trouvé l’argent ? Son salaire annuel ne peut même pas payer ce repas”, s’offusque un internaute. “La population est confrontée à des difficultés extrêmes depuis la pandémie, mais [nos responsables] s’amusent telles des célébrités de renommée mondiale”, s’insurge un autre.
Présent à Londres pour la COP26, la conférence des Nations Unies sur le climat à Glasgow, To Lam est chargé notamment du contrôle de la dissidence au Vietnam. Il a adopté, depuis sa prise de fonction en 2016, une ligne dure à l’égard des mouvements de défense des droits de l’homme, très surveillés par le régime communiste.
On ne sait pas qui avait payé le repas. To Lam a refusé de répondre à des interviews, pas plus que le ministère vietnamien des Affaires étrangères qui gère les demandes des médias étrangers. To Lam est l’un des responsables les plus puissants du Vietnam, son ministère gère à la fois la police vietnamienne, mais aussi les agences chargées de réprimer la dissidence et d’enquêter sur la corruption.
Il avait été présenté comme un candidat potentiel à la présidence de l’État lors du remaniement des dirigeants de janvier et, en sa qualité de ministre de la Sécurité, est chargé d’arrêter des responsables vietnamiens accusés de corruption et de démonstrations manifestes d’opulence.
“Il n’est pas inhabituel qu’un responsable du gouvernement soit super riche au Vietnam, mais un ministre vu ouvrir largement la bouche pour mordre un steak doré est honteux”, a déclaré un client d’un café du nord du Vietnam qui a refusé d’être nommé, citant des problèmes de sécurité.
© Avec certaines citations mentionnées sur Reuters