Alors que près de 61 % des Français ont déjà eu recours à ces produits au cours des deux dernières années, la question se pose avec acuité : faut-il vraiment prendre des compléments vitaminés si l’on suit un régime alimentaire équilibré ? Alors que l’industrie se développe à marche forcée et que les recommandations scientifiques sont nuancées, il est temps de faire le point.
Une habitude en croissance : consommation et marché des compléments alimentaires
Selon Synadiet, le syndicat national des compléments alimentaires, 61 % des Français consomment des compléments alimentaires, dont 77 % plusieurs fois par an. Ce taux était de 46 % en 2018, ce qui souligne une progression notable.
Le marché suit cette dynamique : en 2024, il génère 2,9 milliards d’euros de chiffre d’affaires, soit une hausse de 5,7 % par rapport à 2023.
Quelles sont les motivations ? Les consommateurs invoquent souvent le besoin de renforcer leur immunité, d’améliorer leur forme ou même leur beauté, une attente qui est parfois davantage marketing que scientifique.

Que disent les autorités françaises ?
En France, les compléments vitaminés, tout comme les autres compléments alimentaires, sont définis comme des denrées destinées à compléter un régime alimentaire normal et contenant des nutriments ou d’autres substances à effet nutritionnel ou physiologique. Ils ne sont pas considérés comme des médicaments.
L’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) surveille les effets indésirables potentiels et évalue les risques liés à ces produits via son dispositif de nutrivigilance. L’une de ses expertises (avis de 2015) détaille les apports usuels en vitamines et minéraux dans la population française ainsi que les risques de dépassement des limites de sécurité.
Ses conclusions ? Pour la plupart des Français bien nourris, un régime alimentaire varié et équilibré suffit largement à couvrir les besoins en vitamines et minéraux.
Dans quels cas les compléments peuvent-ils être justifiés ?
L’ANSES pointe du doigt des situations spécifiques où la supplémentation est pertinente, voire nécessaire :
- Les végétaliens stricts, en raison du risque de carence en vitamine B₁₂ ;
- Les nourrissons et les jeunes enfants, surtout pour la vitamine D, en raison d’une exposition solaire insuffisante ;
- Les femmes en âge de procréer, notamment celles qui souhaitent devenir enceintes, pour la vitamine B₉ (acide folique) ;
- Les personnes dont l’exposition solaire est faible, notamment durant l’hiver, pour la vitamine D.
Hors de ces cas, la prise de compléments vitaminés relève davantage du réflexe bien-être ou de la prévention non médicalement justifiée qu’elle ne répond à un véritable besoin nutritionnel.
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Risques et limites des compléments pris sans nécessité
Les compléments alimentaires ne sont pas anodins. L’ANSES a signalé plusieurs effets indésirables graves :
- Des surdosages (par exemple, une hypercalcémie due à un excès de vitamine D) ;
- Atteintes hépatiques, notamment liées à certains extraits botaniques (levure de riz rouge, Garcinia cambogia, etc.).
Certaines associations de consommateurs soulignent qu’une utilisation non encadrée ou prolongée peut entraîner des interactions médicamenteuses, des intoxications ou même perturber l’équilibre nutritionnel.
Faut-il vraiment prendre des compléments vitaminés si l’on suit un régime équilibré ? La réponse est claire : non, sauf dans des circonstances particulières (pratique d’un régime restrictif, âge, statut physiologique ou pathologique spécifique).
En pratique, il est conseillé :
- Faire évaluer son alimentation par un professionnel (médecin, diététicien ou nutritionniste) avant d’envisager une supplémentation ;
- Privilégier une alimentation variée, riche en fruits, légumes, produits laitiers, sources de protéines, céréales complètes, etc ;
- Rester prudent face aux promesses marketing et consulter son médecin avant d’adopter un complément alimentaire.