Le concept Dacia Hipster représente une rupture audacieuse dans l’industrie automobile européen. Le constructeur roumain présente une vision alternative de la mobilité électrique, à la fois ultra-abordable et ultra-essentielle, qui vise à combler le vide entre la voiturette sans permis et la citadine électrique traditionnelle.
Présenté en octobre 2025, ce prototype de trois mètres de long incarne la volonté de Dacia de réinventer la voiture populaire pour le XXIe siècle.

Un format compact aux dimensions record
Ses mensurations détonnent sur le marché actuel. Avec ses 3 mètres de long, 1,52 m de haut et 1,55 m de large, ce cube sur quatre roues offre quatre vraies places et un coffre modulable.
Stéphanie Chiron, responsable produit avancé chez Dacia, résume cette prouesse technique : « Le Dacia Hipster Concept, c’est tout ce que l’on attend d’un véhicule du quotidien dans seulement 3 m de long, 1,53 m de haut et 1,55 m de large : quatre vraies places et un coffre modulable de 70 à 500 litres. » Cette capacité d’accueil distingue radicalement le prototype des Citroën Ami et autres voiturettes sans permis, limitées à deux places.
La banquette arrière rabattable permet de transformer le volume de chargement de 70 à 500 décimètres cubes, offrant ainsi une polyvalence inédite dans ce segment. Les grandes surfaces vitrées et la hauteur de carrosserie digne d’un petit SUV procurent un espace aux jambes supérieur à celui de nombreuses citadines.

Un design minimaliste assumé
Le style du concept Dacia Hipster s’inspire clairement des voitures populaires iconiques du passé. Romain Gauvin, responsable du design avancé et du design extérieur chez Dacia, explique cette approche : « Notre ambition en réinventant la vraie voiture populaire était de lui offrir un design évident et mémorisable. Une voiture qu’on peut dessiner en trois coups de crayon. » La silhouette cubique évoque un mini Land Rover Defender, avec ses quatre roues positionnées aux quatre coins et l’absence totale de porte-à-faux.
La face avant privilégie l’horizontalité, tandis que le hayon arrière, qui s’ouvre en deux parties, couvre toute la largeur du véhicule pour faciliter l’accès au coffre. Les feux arrière, placés derrière la vitre du hayon, illustrent l’expertise de Dacia en matière de design à faible coût en éliminant le besoin de vitrages spécifiques. Les protections latérales en Starkle®, un matériau partiellement recyclé développé par les ingénieurs de Dacia, renforcent la robustesse du concept.
David Durand, le directeur du style chez Dacia, explique le choix du nom du prototype : « On n’est pas obligé de porter des chemises à carreaux et une barbe bien taillée », ajoutant que « hipster signifie surtout être en marge ». Cette dénomination traduit la volonté de proposer un objet qui échappe aux catégories établies.
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Un habitacle dépouillé et personnalisable
La planche de bord totalement nue rappelle immédiatement la Citroën Ami. Le tableau de bord en format portrait se contente d’afficher les informations de conduite essentielles. La radio et la climatisation ont été supprimées du catalogue afin de réduire les coûts. Le smartphone, fixé au centre de la planche de bord, fait office de clé numérique, d’écran multimédia et de système de navigation.
Le concept Dacia Hipster adopte le système YouClip développé par la marque. Onze crochets répartis dans l’habitacle permettent d’arrimer des accessoires tels qu’un ventilateur, une enceinte connectée ou un porte-gobelet. Cette modularité permet une personnalisation à la carte, en fonction des besoins réels de l’utilisateur.
Les sièges avant fusionnés forment une banquette unique, une solution simple qui allège la structure tout en rendant hommage aux voitures populaires historiques. Les dossiers de la banquette avant sont dotés d’un treillis façon siège de bureau, ce qui permet d’éviter de rogner sur l’espace aux jambes des passagers arrière. Les vitres latérales coulissantes permettent de réduire la masse et les coûts par rapport aux vitres électriques.

Une motorisation adaptée à un usage quotidien
Le constructeur vise une vitesse maximale d’environ 90 km/h et une autonomie nécessitant deux recharges par semaine. La batterie ne devrait pas excéder 20 kWh de capacité, associée à un moteur électrique d’une trentaine de chevaux, pour une autonomie d’environ cent kilomètres. Dacia justifie ce cahier des charges par les besoins réels des automobilistes : 94 % des conducteurs français parcourent en effet moins de 40 kilomètres par jour.
Le concept Dacia Hipster affiche une légèreté remarquable, inférieure de 20 % à celle de la Spring. Cette performance est le fruit de l’approche éco-smart globale du constructeur, qui privilégie la réduction du poids afin de diminuer la consommation d’énergie et l’empreinte carbone. Dacia ambitionne de diviser par deux l’empreinte carbone sur l’ensemble du cycle de vie du véhicule par rapport aux meilleurs véhicules électriques quatre places actuels.
Romain Gauvin souligne la portée sociétale du projet : « C’est le projet le plus Dacia sur lequel j’ai travaillé. Un projet qui a la même portée sociétale que Logan il y a 20 ans. » Il s’agit d’inventer un objet qui n’existe pas aujourd’hui. »

Un défi réglementaire majeur
Le principal obstacle à la commercialisation du concept Dacia Hipster est le cadre législatif européen. Le prototype ne peut pas être homologué selon la norme GSR2 en vigueur depuis juillet 2024, car celle-ci impose des aides à la conduite onéreuses. L’homologation en catégorie L7e est également impossible, car avec sa batterie, le véhicule dépasse largement les 450 kilogrammes maximum imposés par cette norme.
Cette impasse réglementaire s’ajoute à l’absence d’une base technique viable. La plateforme de la future Renault Twingo électrique s’avère déjà trop onéreuse pour permettre d’atteindre un prix de vente de l’ordre de 12 000 euros. L’Union européenne devrait créer un nouveau cadre pour permettre l’émergence de ces kei cars à l’européenne, un concept dont on parle depuis dix ans sans qu’il ait été concrétisé.
Les kei cars japonaises existent depuis plus de soixante-dix ans et représentent jusqu’à 50 % des ventes dans certaines villes japonaises. Luca de Meo, directeur général du groupe Renault et président de l’ACEA, défend ce modèle en soulignant qu’il aurait un impact environnemental inférieur de 75 % et qu’il pourrait être proposé à un prix réduit de moitié par rapport aux modèles de milieu de gamme.

Un prix ciblé pour une mobilité accessible
Dacia vise un tarif autour de 12 000 euros pour rendre le concept Dacia Hipster accessible au plus grand nombre. Cette ambition s’inscrit dans un contexte d’augmentation de 77 % du prix moyen des véhicules neufs en Europe entre 2010 et 2024, une hausse bien supérieure à la progression du pouvoir d’achat des ménages. Le constructeur cherche à s’adresser au public qui ne trouve actuellement aucune offre correspondant à son budget.
La gamme actuelle de Dacia s’éloigne progressivement de son essence même. Une Sandero Stepway ECO-G 100 Expression dépasse désormais les 17 000 euros, un Duster pareillement configuré atteint au moins 22 000 euros, et le nouveau Bigster hybride culmine à 32 000 euros dans sa finition haut de gamme Journey. Le concept Dacia Hipster représente donc un contrepied radical face à cette montée en gamme.
François Lemaur, journaliste à L’Automobile Magazine, conclut son analyse par cette observation : « À moins que l’Union européenne ne crée un nouveau cadre pour cette kei car maison dont on parle depuis dix ans, refaire le « coup » de la Logan demeurera complexe pour Dacia… malgré sa motivation ! ».

Une alternative aux voiturettes actuelles
Le concept Dacia Hipster se positionne entre la Citroën Ami et les citadines électriques telles que la Dacia Spring ou la Leapmotor T03. La Citroën Ami, voiturette sans permis accessible dès 14 ans, ne développe que 8 chevaux pour une vitesse maximale de 45 km/h et une autonomie de 70 kilomètres avec sa batterie de 5,35 kWh. Strictement biplace, elle ne propose aucune polyvalence en matière de chargement.
Le concept Dacia Hipster franchit un cap en proposant quatre places, des airbags conducteur et passager, ainsi qu’une vitesse autoroutière. La présence d’airbags indique clairement l’usage souhaité du prototype, qui ne se limite pas aux trajets urbains des voiturettes. La banquette arrière rabattable offre une modularité inédite pour ce type de véhicule.
L’habitacle du concept Dacia Hipster exploite chaque centimètre cube disponible. Les vitres et le pare-brise très verticaux épousent les lignes cubiques de la carrosserie. La partie avant vitrée du toit apporte une luminosité qui renforce la sensation d’espace. La position d’assise du conducteur et du passager reste identique à celle de la Dacia Sandero, garantissant ainsi confort et sécurité.










