Henri Alexander Levy, figure incontournable de la scène parisienne, a présenté sa collection Automne/Hiver 2025 sous les voûtes du Lycée Carnot, mêlant provocation silencieuse et romantisme sombre. Entre un char d’assaut en carton et des silhouettes juvéniles armées de jouets, le créateur d’Enfants Riches Déprimés explore les tensions intimes entre instinct et discipline, rébellion et tradition.

Cette saison, Levy puise dans l’art brut et la Sécession viennoise pour ciseler des pièces où le velours noir côtoie le cuir vieilli, où les ceintures ouvragées s’accordent à des vestes ajustées. Loin des déclarations politiques, le défilé se veut un manifeste personnel : une lutte entre indépendance créative et diktats du luxe contemporain. « La beauté ne disparaît pas, elle persiste dans la résilience de ceux qui refusent le désespoir », peut-on lire dans les notes de show.
Les looks oscillent entre le pirate gentleman et l’écolier anarchiste. Une cape noire drapée sur une chemise en soie, un pantalon en cuir ultra-slim associé à des bottes montantes, un sac médecin en box calfskin sertissant une montre Patek Philippe… Autant de détails qui rappellent l’attachement viscéral de Levy à l’artisanat et au symbolisme. La pièce maîtresse ? Une robe du soir bordeaux fendue jusqu’au sternum, promise aux tapis rouges.
Parisien d’adoption, Levy imprègne ses créations d’une ironie typiquement française. Son magasin de la rue Charlot et son bar à livres d’art témoignent de cette ambition : redéfinir les codes masculins sans céder au spectaculaire. Si certains éléments flirtent avec le costume – références à Nosferatu ou aux héroïnes gothiques –, le tailleur structuré ou la veste longue rappellent que l’élégance reste une armure quotidienne.
Enfants Riches Déprimés affirme ici sa singularité : un anticonformisme raffiné, loin des excès narratifs. Une collection où le raffinement se cache dans les coutures, les fermoirs en argent, les drapés qui épousent le mouvement. Pour l’automne 2025, Levy ne révolutionne pas la garde-robe masculine ; il la sublime par fragments, comme un poème inachevé.