Ce jeudi 20 mars 2025, la Zimbabwéenne Kirsty Coventry a écrit une page de l’histoire en devenant la première femme élue à la présidence du Comité International Olympique (CIO). À 41 ans, cette ancienne nageuse olympique, actuellement ministre des Sports dans son pays, a triomphé dès le premier tour du scrutin organisé à Costa Navarino, en Grèce, lors de la 144ᵉ session de l’instance.
Face à six autres candidats, Coventry s’est imposée avec 49 votes, devançant largement Juan Antonio Samaranch Jr. (28 voix) et Sebastian Coe (8 voix). Cette victoire nette illustre la forte adhésion des membres du CIO à sa candidature. Elle succèdera officiellement à Thomas Bach le 23 juin prochain, pour un mandat de huit ans.
« Je suis extrêmement honorée et ravie d’être élue à la présidence du Comité International Olympique », a déclaré la présidente élue. « Je tiens à remercier sincèrement mes collègues pour leur confiance et leur soutien. »
Septuple médaillée olympique en natation, dont deux titres obtenus à Athènes en 2004 et à Pékin en 2008, Coventry représente parfaitement le renouveau à la tête du mouvement olympique. Son parcours sportif exceptionnel lui confère une légitimité indiscutable auprès des athlètes.
« La jeune fille qui a commencé la natation au Zimbabwe il y a tant d’années n’aurait jamais pu rêver de ce moment », a-t-elle confié avec émotion. « Je suis particulièrement fière d’être la première femme présidente du CIO, ainsi que la première originaire d’Afrique. J’espère que cette élection sera une source d’inspiration pour de nombreuses personnes. Aujourd’hui, un plafond de verre a été brisé et je suis pleinement consciente de mes responsabilités en tant que modèle. »
Un parcours impressionnant
Kirsty Coventry n’est pas une novice dans les instances olympiques. Membre du CIO depuis 2013, elle a d’abord représenté la commission des athlètes avant de devenir membre individuelle en 2021. Elle a remporté sept des huit médailles olympiques du Zimbabwe à ce jour, ce qui fait d’elle l’athlète la plus décorée du continent africain.
Sa carrière sportive exceptionnelle lui a valu le surnom de « trésor national » dans son pays. Le président zimbabwéen Robert Mugabe l’avait même qualifiée de « fille en or » et lui avait personnellement remis 100 000 dollars américains en récompense de ses performances aux Jeux olympiques de 2008.
Depuis 2018, Coventry occupe le poste de ministre de la Jeunesse, des Sports, des Arts et des Loisirs au Zimbabwe, ce qui constitue une expérience politique précieuse pour naviguer dans les complexités diplomatiques inhérentes à la présidence du CIO.
Des défis majeurs à relever
La nouvelle présidente arrive à la tête de l’instance dans un contexte international complexe. Les Jeux Olympiques d’hiver de Milano Cortina 2026 constitueront son premier grand défi, suivis par les Jeux d’été de Los Angeles 2028, qui se dérouleront pendant la présidence de Donald Trump aux États-Unis.
Sur cette perspective, Coventry avait déclaré avant son élection : « La communication sera la clé. Le nouveau président du CIO devra dire : « Juste un rappel, cela figurait dans le contrat d’hôte, voici ce que nous attendons, voici nos valeurs, voici pourquoi nous vous avons attribué les Jeux et nous ne ferons pas de compromis sur x, y et z. » »
Elle a également abordé la controverse entourant les boxeuses Imane Khelif et Lin Yu-ting lors des Jeux de Paris, proposant une approche concrète sur les questions de genre dans le sport : « Je pense que le CIO devrait réunir tout le monde dans une salle pour régler cette question. Pour certaines fédérations internationales, comme l’équitation, les hommes et les femmes concourent les uns contre les autres, ce qui n’est donc pas une priorité pour elles. Le CIO doit donc jouer un rôle de premier plan. »
Une vision claire pour l’avenir
Thomas Bach, qui restera président jusqu’au 23 juin, a chaleureusement félicité sa successeure : « Je salue la décision des membres du CIO et me réjouis de la solidité de notre coopération, en particulier pendant la période de transition. Il ne fait aucun doute que l’avenir de notre Mouvement olympique sera radieux. »
La vision de Coventry pour l’avenir du mouvement olympique s’appuie sur une volonté d’innovation et d’inclusion. « Le sport a le pouvoir inégalé de rassembler, d’inspirer et de créer des opportunités pour tous. Je m’engage à faire en sorte que nous exploitions ce pouvoir au maximum », a-t-elle affirmé.
Cette élection historique ouvre un nouveau chapitre pour le CIO, qui se prépare à affronter les défis du sport mondial avec une direction renouvelée. « Avec l’ensemble de la famille olympique, athlètes, supporteurs et sponsors compris, nous nous appuierons sur nos fondations solides, nous adopterons l’innovation et nous défendrons les valeurs de l’amitié, de l’excellence et du respect. L’avenir du Mouvement olympique est radieux. J’ai hâte de me mettre au travail ! » a conclu la nouvelle présidente.
L’élection de Kirsty Coventry représente également une victoire symbolique pour le continent africain, jusqu’alors absent des plus hautes sphères dirigeantes du sport mondial. Elle apporte une perspective nouvelle, forte de son expérience d’athlète de haut niveau et de sa connaissance des réalités sportives des pays en développement.
Le CIO, fondé en 1894, n’avait jamais été dirigé par une femme en 131 ans d’existence. Ce changement majeur témoigne d’une évolution des mentalités dans le monde sportif international, traditionnellement dominé par les hommes.