Avec leur collection Printemps 2026 de LAZOSCHMIDL, Josef Lazo et Andreas Schmidl signent une réflexion audacieuse sur l’identité masculine contemporaine. Baptisée « RENDEZVOUS », cette proposition explore les tensions entre ce que l’on montre et ce que l’on dissimule dans notre époque hyperconnectée.

Le duo autrichien a orchestré une présentation inédite dans une cour ensoleillée du Marais parisien, abandonnant le format traditionnel du défilé pour une installation évolutive. Dix mannequins masculins évoluent librement dans des cabines translucides mobiles, se changeant selon leurs envies pendant deux heures et demie. Cette approche revisite le phénomène des vidéos « Get Ready With Me » si populaires sur les réseaux sociaux, questionnant notre rapport au voyeurisme et à l’exhibition volontaire.
« Cette collection n’est pas particulièrement sexy ! », plaisante Andreas Schmidl lors de la présentation. Pourtant, cette expérience révèle une sensualité subtile, celle du quotidien transformé en spectacle. Les mannequins endossent tour à tour débardeurs échancrés, chemises à rayures verticales ouvertes, maillots de bain, pantalons trois-quarts et sandales à bride, créant des associations spontanées qui élargissent la perception de la marque.

Les créateurs puisent dans leurs références personnelles pour concevoir cette garde-robe hybride. Londres et sa scène Nu Rave transparaissent à travers les couleurs vives et les surfaces ironiques. L’académisme de Francfort se reflète dans les clins d’œil à la littérature pop japonaise. Haruki Murakami côtoie Wolfgang Tillmans et Miley Cyrus dans un panthéon éclectique qui nourrit cette esthétique sans filtre.
La palette chromatique oscille entre esthétique corporate et chaos : bleus délavés, roses poudrés, jaunes décolorés qui contrastent avec des gris banquier et des rouges hyperréalistes. Les rayures de banquier rencontrent les imprimés manga, tandis que le workwear se pare de paillettes. Chaque look joue avec l’exposition et l’auto-mythologie.
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L’innovation technique accompagne cette démarche conceptuelle. Les créateurs transforment ainsi des photos d’archives en bandes dessinées, les déclinant sur une veste et un pantalon en denim teintés jaune citron, ou encore sur un top en mesh transparent. Le ripstop translucide fait son apparition dans une version hoodie, tandis que les bermudas en coton enduit PU arborent un motif faux serpent.
Les associations arbitraires révèlent des accords inattendus : pantalon de pyjama métallisé multicolore avec chemise popeline rayée, ou pantalon court gorpcore avec pull rayé moulant. Cette liberté stylistique illustre parfaitement la philosophie du label, qui encourage l’appropriation personnelle plutôt que la prescription.

« Nous voulions rendre visible ce moment quotidien de performance et en faire de l’art », expliquent les designers. Cette démarche interroge la masculinité contemporaine et ses nouveaux codes d’expression. Alors que les jeunes hommes naviguent entre timidité réelle et extraversion numérique, LAZOSCHMIDL leur propose un espace de liberté vestimentaire.
La devise reste simple : « Goûte au fruit défendu ». Cette tentation alimente l’ensemble de la production. Chaque regard ose sortir des sentiers battus. Printemps/Été 2026 offre un accès privilégié à cette transformation permanente. Banquier le matin, rêveur l’après-midi, LAZOSCHMIDL maintient cette porte ouverte vers l’inattendu.