Jeudi, OpenAI a dévoilé sa nouvelle technologie phare, GPT-5, marquant une étape cruciale dans l’évolution de l’intelligence artificielle. Cette nouvelle version, qui vient équiper le célèbre chatbot ChatGPT, est présentée comme une mise à niveau majeure.
Destinée aux millions d’utilisateurs de la plateforme, elle promet des performances accrues et une interaction plus naturelle. Cette annonce n’est pas une surprise pour les férus de technologie, mais elle confirme la volonté de la start-up de conserver son avance sur ses concurrents directs, tels que Google, Meta ou encore Anthropic.
Une amélioration significative des capacités
Selon les dirigeants d’OpenAI, ce nouveau modèle est non seulement plus rapide, mais aussi plus précis. Un effort particulier a été fait pour réduire la tendance des modèles précédents à « halluciner », c’est-à-dire à inventer des informations.
« GPT-5 est la première fois que l’on a l’impression de parler à un expert dans n’importe quel domaine, un expert de niveau doctorat », a affirmé Sam Altman, le directeur général d’OpenAI, lors d’une présentation à la presse.
Cette montée en gamme se traduit par une expérience utilisateur profondément transformée. Nick Turley, vice-président en charge de ChatGPT, a souligné que la technologie « semble nettement meilleure, de manière évidente et subtile ».
L’un des aspects les plus notables de cette évolution est la sensation que le modèle est « plus humain » dans ses interactions. Il s’adapte mieux aux nuances de la conversation et fournit des réponses qui semblent plus réfléchies.
Le « raisonnement » devient accessible à tous
La véritable innovation de GPT-5 réside dans sa capacité de « raisonnement ». Pour la première fois, cette fonctionnalité est intégrée à la version gratuite de ChatGPT.
Contrairement aux modèles précédents, GPT-5 peut prendre le temps d’analyser les problèmes complexes avant de formuler une réponse. Ce processus, parfois appelé « chaîne de pensée », permet au système de décomposer une question en plusieurs étapes logiques, comme s’il s’agissait d’un monologue interne, avant de livrer sa conclusion.
Cette approche vise à améliorer la qualité des réponses, notamment pour les tâches complexes telles que les mathématiques ou la programmation. « Pour la plupart des gens sur ChatGPT, c’est leur première introduction au raisonnement », explique Nick Turley. Le système détecte lui-même quand il est nécessaire d’adopter cette méthode de réflexion approfondie.
Cette avancée place OpenAI en bonne position face à des concurrents comme la start-up chinoise DeepSeek, qui avait déjà marqué les esprits en janvier en rendant visible sa propre « chaîne de pensée ».
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Vers la création de logiciels sur demande
L’une des promesses les plus fortes de GPT-5 concerne la génération de code informatique. Sam Altman a insisté sur le fait que le modèle était particulièrement performant dans ce domaine, ce qui est devenu un argument de vente majeur pour les développeurs d’IA.
Pour illustrer ce potentiel, une démonstration a été réalisée : à partir de deux paragraphes d’instructions, GPT-5 a créé en quelques minutes un site web proposant des cours de français, avec un jeu de mots et des tests de vocabulaire quotidiens.
Cette capacité ouvre des perspectives fascinantes. Altman imagine un avenir dans lequel des personnes sans aucune formation informatique pourraient rapidement générer les logiciels dont elles ont besoin pour leur travail ou leurs tâches personnelles. « Cette idée de logiciel à la demande sera un élément déterminant de la nouvelle ère GPT-5 », a-t-il prédit.
Un modèle économique à deux vitesses
Tous les utilisateurs de ChatGPT auront accès à GPT-5, mais de manière différenciée. Les utilisateurs de la version gratuite pourront poser un certain nombre de questions qui seront traitées par le nouveau modèle, avant que le chatbot ne bascule sur une version plus ancienne. Pour un accès illimité aux capacités de GPT-5, il faudra souscrire à un abonnement « Pro » à 200 dollars par mois.
Ce modèle freemium est au cœur de la stratégie d’OpenAI, qui n’est pas encore rentable. L’entreprise, qui vend également ses technologies à des entreprises et des développeurs, espère ainsi monétiser sa technologie la plus avancée tout en continuant à toucher un public très large avec sa version gratuite.
Parallèlement, OpenAI a récemment annoncé la mise en open source de deux autres de ses modèles d’IA, espérant que les utilisateurs de ces technologies gratuites se tourneront ensuite vers ses produits payants plus puissants.
GPT-5 est encore loin de l’intelligence artificielle générale
Malgré ces avancées, GPT-5 n’est pas une intelligence artificielle générale (AGI), c’est-à-dire une machine hypothétique capable d’accomplir toutes les tâches qu’un cerveau humain peut réaliser. Sam Altman lui-même reconnaît que, si GPT-5 constitue « une étape significative », il manque encore de nombreux éléments clés pour atteindre cet objectif ultime.
Les limites actuelles sont d’ailleurs visibles. Lors d’une démonstration en direct, le modèle a par exemple commis une erreur en expliquant le principe de Bernoulli appliqué aux ailes d’avion, fournissant une explication courante mais incorrecte. Cela rappelle que, même si les systèmes d’IA progressent rapidement, ils ne sont pas infaillibles. La notion même d’AGI reste floue, car l’intelligence humaine est complexe et difficilement comparable aux capacités des ordinateurs.
La sécurité et l’éthique sont au centre des préoccupations
OpenAI affirme avoir travaillé à réduire la tendance de son chatbot à la « sycophanie », un phénomène dans lequel l’IA renforce les croyances de l’utilisateur de manière potentiellement dangereuse. Ce problème avait conduit au retrait d’une mise à jour en avril dernier. Avec GPT-5, l’entreprise affirme avoir encore amélioré ce point.
La question des risques psychosociaux est également prise très au sérieux. Un rapport publié à l’occasion du lancement de GPT-5 indique qu’OpenAI a étudié ces risques en collaboration avec Microsoft.
Si des améliorations sont encore nécessaires, notamment pour détecter la détresse émotionnelle, la société collabore avec des médecins de plus de 30 pays afin d’améliorer les réponses de ChatGPT dans ces situations délicates. Nick Turley a précisé que l’objectif n’est pas d’optimiser l’engagement à tout prix, mais de proposer un outil responsable.
