Depuis plusieurs semaines, un cercle bleu et mauve mystérieux est apparu dans l’interface de WhatsApp chez des millions d’utilisateurs français. Baptisée Meta AI, cette nouveauté s’est installée sans demander l’avis des utilisateurs et suscite de nombreuses interrogations quant à son utilité réelle et ses implications en matière de confidentialité.
Déployé progressivement en Europe depuis le 20 mars 2023, Meta AI représente la concrétisation d’une stratégie annoncée par Meta dès 2024. L’entreprise californienne affichait alors clairement son ambition de devenir le « leader des assistants IA », en s’appuyant sur un atout considérable : ses applications sociales WhatsApp, Facebook, Instagram et Messenger comptent parmi les plus utilisées au monde.
Mais qu’est-ce que Meta AI exactement ?
Cet assistant conversationnel fonctionne selon le même principe que ChatGPT ou « My AI » de Snapchat. Propulsé par Llama, le modèle de langage développé par Meta, il permet d’obtenir des réponses automatisées générées par intelligence artificielle. Concrètement, Meta AI peut répondre à des questions, suggérer des idées, approfondir des sujets d’actualité ou encore générer différents types de contenus.
Pour l’invoquer, il suffit de cliquer sur l’icône circulaire bleue et mauve qui est apparue en bas à droite de l’écran principal de WhatsApp. Cette fonctionnalité est également présente sur Messenger et Instagram, suivant la même logique d’intégration forcée.
Une implémentation qui fait grincer des dents
« J’utilise WhatsApp, et depuis peu, je vois le cercle de l’IA. J’aimerais le supprimer. Comment faire ? », s’interrogeait récemment un internaute. La réponse est malheureusement simple : c’est impossible. Meta n’offre actuellement aucune option permettant de désactiver ou supprimer définitivement Meta AI de l’application.
Cette absence de choix laissé aux utilisateurs soulève des questions légitimes sur le respect de leur autonomie numérique. D’autant que certaines interactions avec Meta AI ont donné lieu à des réponses pour le moins surprenantes. Lorsqu’ils ont demandé à l’assistant quel était l’objectif de Meta en proposant cette IA, celui-ci a évoqué des intentions de « générer des revenus », « consolider le pouvoir » ou encore « assurer une hégémonie mondiale ».
Des préoccupations en matière de confidentialité
Si l’intégration forcée de Meta AI irrite les utilisateurs, c’est aussi pour des raisons de protection des données personnelles. Meta affirme que le chiffrement de bout en bout protège le contenu des messages privés de toute intrusion de l’IA, mais des inquiétudes persistent quant à la collecte et l’utilisation des données.
Pour tenter de répondre à ces préoccupations, WhatsApp a annoncé le 29 avril 2023 l’introduction d’une nouvelle fonctionnalité appelée « Private Processing ». Ce système vise à faciliter l’accès au cloud tout en garantissant qu’aucune entité, pas même Meta, ne puisse visualiser les conversations chiffrées de bout en bout. Cependant, des experts continuent d’exprimer des inquiétudes concernant les risques potentiels.
Comment limiter les interactions avec Meta AI ?
À défaut de pouvoir supprimer complètement Meta AI, quelques astuces permettent d’en minimiser la présence :
Sur Android, effectuez un appui long sur la conversation de Meta AI, puis sélectionnez l’option « Supprimer » ou « Archiver » pour la retirer de votre liste principale de discussions.
Sur iPhone, faites glisser la conversation vers la gauche et choisissez « archiver » ou « supprimer ».
WhatsApp a également discrètement introduit une fonctionnalité appelée « Advanced Chat Privacy » qui permet, pour une conversation donnée, de bloquer l’utilisation des messages à des fins d’intelligence artificielle. Pour l’activer, il suffit d’appuyer sur le nom de la conversation, puis de sélectionner cette option. Ce paramètre empêche également l’exportation du chat et le téléchargement automatique des médias sur l’appareil.
L’avenir de Meta AI
Cette offensive de Meta dans le domaine de l’IA conversationnelle s’inscrit dans une tendance plus large d’intégration de l’intelligence artificielle dans les applications de communication quotidienne. Avec près de 3 milliards d’utilisateurs à travers le monde, WhatsApp est un vecteur de choix pour démocratiser ces technologies.
Toutefois, l’approche actuelle consistant à imposer Meta AI sans option de désactivation complète risque de froisser une partie des utilisateurs qui se soucient de leur vie privée ou qui simplement souhaitent conserver une interface épurée. La question se pose donc : Meta écoutera-t-il ces préoccupations en offrant plus de contrôle aux utilisateurs ou continuera-t-il à adopter une stratégie d’intégration forcée ?
En attendant, les utilisateurs de WhatsApp devront composer avec cette nouvelle réalité où l’intelligence artificielle s’invite, que nous le voulions ou non, dans nos conversations quotidiennes.
