La première collaboration de Palace avec Nike est enfin là. Ce n’est pas une simple collection. C’est un événement. Un moment attendu depuis des années par les fans de la marque londonienne et de ses mouvements silencieux mais puissants dans les univers du skate, du football et de la mode urbaine.

Lev Tanju, cofondateur et directeur créatif de Palace, ne cache pas son enthousiasme à Highsnobiety. « Je suis plus excité que je ne l’ai jamais été, mec. » Il le répète plusieurs fois au téléphone, entre deux bruits de circulation, alors qu’il se rend à pied vers les bureaux de la marque, situés dans le sud de Londres. Ce n’est pas qu’un projet commercial. C’est une réalisation personnelle, presque intime.
Gareth Skewis, son associé, confirme : « C’était le bon moment. Notre équipe de skate et Nike ont tellement de points communs. » La marque américaine n’a jamais été un sponsor potentiel parmi d’autres. Elle était un rêve, une référence, une obsession d’enfance pour beaucoup de membres de l’équipe Palace.

La collection s’appelle P90. Elle rend hommage à la chaussure Total90, sortie au début des années 2000 et portée par toute une génération de footballeurs en herbe, dont Wayne Rooney, qui enfile fièrement la version revisitée pour la campagne photographiée par Alasdair McLellan.
« Il y a eu un moment où j’étais présent dès les premières esquisses du T90. C’était ma chaussure préférée. Faire partie de son évolution vers le P90, c’est quelque chose dont je suis sincèrement fier », dit Rooney.
Autour de lui, on retrouve Leah Williamson, capitaine de l’équipe féminine anglaise, Reece James de Chelsea, les jeunes talents Lenna Gunning-Williams et Jamie Bynoe-Gittens, ainsi que les skateurs de l’équipe Palace et le rappeur Giggs, figure incontournable de la scène grime londonienne. Un casting rare, pensé comme un pont entre les mondes.
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Les pièces ? Survêtements amples, maillots aux couleurs vives, sneakers marquées du logo P90. Le tri-ferg de Palace traverse le swoosh de Nike — une superposition visuelle qui, selon Tanju, « est juste iconique. Un vrai coup de génie graphique. »
Mais ce qui rend cette collaboration unique, ce n’est pas seulement la collection. C’est aussi tout ce qui l’entoure. À Londres, un lieu vient d’être transformé. Manor Place, un ancien gymnase de boxe construit en 1895, renaît en effet en tant que centre communautaire ouvert à tous. Entrée libre. Ouvert. Chaleureux.

« C’était un terrain vague, presque un champ de ruines », raconte Tanju. Skewis se souvient y avoir participé à des raves clandestines il y a vingt ans. Aujourd’hui, c’est un skatepark en béton qui peut se transformer en terrain de football grâce à un ingénieux système de dalles escamotables.
Tanju a conçu chaque détail. Les bancs de Victoria, disparus il y a quatre ans, ont été retrouvés, récupérés et réinstallés — « ils pèsent une tonne chacun ». Les carreaux du sol proviennent de Southbank, le spot mythique situé à quelques rues de là. Rien n’a été laissé au hasard.

Un espace galerie accueillera des expositions temporaires — la première présentera les photos de McLellan. Un studio créatif proposera des résidences à de jeunes talents. Tout a été pensé pour accueillir, partager et créer. « On voulait construire quelque chose de gratuit, de sûr et de chaleureux », insiste Skewis. « Dans une grande ville, c’est rare. »
Cette collaboration dépasse les frontières du vêtement. Elle redessine un espace public. Elle réunit des communautés autrefois séparées : skate, football, musique, art. Elle célèbre une culture britannique hybride, spontanée et sans prétention.

Tanju, dont le père jouait au football semi-professionnel en Turquie, a toujours refusé les cloisons. En 2012, Palace sortait déjà un maillot de foot avec Umbro, une première pour une marque de skate. « Ça avait fait scandale dans le milieu », se souvient-il. « Personne ne comprenait pourquoi on mélangeait les deux. Moi, je n’ai jamais vu de raison de les séparer. »
Aujourd’hui, voir Rooney poser devant les bureaux de Palace en tenue P90 semble presque naturel. « Certaines choses, tu ne penses jamais qu’elles arriveront », murmure Skewis, encore ému.
La collection sera disponible en magasin et en ligne dès vendredi. Les chaussures seront également disponibles via l’application Snkrs en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique. Mais plus qu’un simple lancement, c’est un signal. C’est la preuve que les passions peuvent se croiser, se nourrir et se prolonger dans l’espace public.
Palace ne fait pas les choses à moitié. Quand c’est le moment, c’est tout ou rien. Et cette fois, c’est tout.








