Ce tournant marque un renouveau pour la maison italienne. Alessandro Michele, directeur créatif depuis peu, semble chercher à retrouver la simplicité perdue sans renoncer à son goût pour l’émotion et la poésie du vêtement. Avec cette collection Valentino printemps 2026, les hommes retrouvent une élégance apaisée, débarrassée du superflu.
Les invitations glissées avec des bâtons fluorescents annonçaient déjà le ton : un espoir discret au milieu de la grisaille ambiante. Michele évoque une lettre du réalisateur Pier Paolo Pasolini, écrite pendant la guerre, dans laquelle il parle de la joie de voir des lucioles. Une image qui devient métaphore d’un retour à la lumière, à une beauté capable de résister à la morosité du monde.

Le défilé s’est déroulé dans un décor sombre, traversé de reflets mouvants, afin de mieux révéler les nuances des vêtements. Finies les silhouettes surchargées : l’homme Valentino avance dans des tenues nettes, presque sobres. Michele parle de « simplification », et cela se ressent. Le vestiaire se resserre autour d’éléments précis : des chemises légèrement bouffantes, des vestes aux épaules souples et des pantalons fluides qui frôlent la cheville.
Les matières, elles, restent précieuses, mais discrètes. Du satin poudre, du velours brossé, du coton légèrement craquant. Rien d’ostentatoire, tout respire la retenue. Certains ensembles rappellent la Rome des années 1980, lorsque Valentino Garavani habillait des hommes hédonistes et sûrs d’eux. Michele s’en inspire, mais l’allège, la rendant presque introspective.
Un vent de sobriété souffle également sur les couleurs. Le blanc cassé répond au bleu paon, le lilas s’accorde au brun tabac. Quelques éclats — un blouson zébré, un costume à plis marqués — rappellent toutefois que le créateur ne renonce pas à la fantaisie. Pourtant, tout semble désormais pesé, contenu, presque silencieux.
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Dans cette collection printemps 2026, le vêtement masculin devient un terrain de réflexion. Comment redonner du sens à la beauté quand le monde s’assombrit ? Michele y répond par la justesse des coupes et le soin apporté aux détails. Une couture au service d’une idée simple : retrouver le plaisir de s’habiller, sans cynisme ni excès.

Les vestes longues se portent ouvertes sur des chemises amples et les pantalons dessinent la silhouette sans la contraindre. L’ensemble crée une allure nonchalante, raffinée et profondément italienne. Même les tenues de soirée se libèrent de l’éclat : les paillettes s’effacent au profit du drapé et la brillance devient veloutée. Un costume noir, une chemise ivoire, un geste mesuré : voilà la nouvelle élégance selon Michele.
Le public a perçu ce retour à l’essentiel comme une respiration. Dans un contexte où la mode masculine peine à trouver sa direction, Valentino propose une voie : celle de la lumière tranquille. Conscient du poids de l’époque, le créateur n’essaie pas de tout réenchanter. Il propose simplement d’allumer quelques lucioles dans l’obscurité et de réapprendre à regarder ce qui brille encore.
Sous la lumière vacillante des projecteurs, les silhouettes finales semblaient presque suspendues. Pas de déclaration tonitruante, pas de manifeste à lire, mais une impression durable : celle d’un homme Valentino en paix avec son temps.