L’ascension inébranlable de Novak Djokovic : une nouvelle finale de Wimbledon s’annonce

Par Aurélien Ronto 10 vues 6 Minutes de lecture
© Photo : AFP

Lorsqu’on se trouve en compagnie de Novak Djokovic ces jours-ci, on a l’impression de se trouver à l’ombre d’une montagne qui a appris à sourire. Le féroce combattant, autrefois connu pour son air renfrogné, arbore aujourd’hui un sourire détendu, aussi accueillant que déconcertant.

Il y a à peine six mois, après son titre à l’Open d’Australie, l’image de Novak Djokovic était celle d’un extatique, submergé par la victoire, dévoré par les bras de ses entraîneurs et de ses proches. Lorsqu’il a devancé Rafael Nadal dans la course au titre du Grand Chelem à Roland-Garros le mois dernier, la victoire de Djokovic a ressemblé à une ascension métaphorique de l’Everest. Sa récompense ? Un séjour de randonnée paisible aux Açores avec sa tendre moitié, la joie d’embrasser le numéro 23.

Et pourtant, nous voici aujourd’hui sur les greens sacrés du All England Club, où un tout nouveau Djokovic s’épanouit. L’homme qui arborait autrefois un visage formidable de détermination et de lutte semble aujourd’hui flotter à travers la foule, son regard n’étant plus fixé sur le sol. Il s’arrête pour échanger des plaisanteries, se livre à ses fans pour des selfies et des autographes, et refuse de quitter les conférences de presse même après que l’animateur a pris congé. L’homme a changé et, alors qu’il se dirige vers sa résidence voisine pour un dîner familial tranquille, on se rend compte à quel point il est bon d’être Novak Djokovic ici et maintenant.

Cette prise de conscience, déjà brillante, s’est accentuée vendredi dernier lorsque Djokovic a battu sans difficulté le jeune prodige italien Jannik Sinner en deux sets. Cela ouvre la voie à un autre grand spectacle dimanche – une confrontation avec le jeune espoir espagnol, Carlos Alcaraz.

Le dernier rallye contre Sinner a été un véritable chef-d’œuvre – une séquence passionnante de passion et de précision, dont le point culminant a été une autre aspiration décimée par un revers décisif de Djokovic. Le public s’est déchaîné, tout comme Djokovic, qui a salué le match d’un coup de poing, tandis que le gazon de Wimbledon ressentait le poids de sa jubilation.

Un silence réussi l’accompagne désormais sur les conflits territoriaux de sa patrie, la Serbie avec le Kosovo, et les débats en cours sur la santé publique et la liberté individuelle. Les foules se tournent vers ses concurrents, espérant sans doute allonger le match et tirer leur épingle du jeu en achetant un billet d’entrée au Centre Court. Mais Djokovic comprend : il suffit de ne pas l’interrompre pendant qu’il sert ou pendant le match.

Sa 34e victoire consécutive à Wimbledon lui permet de viser un cinquième titre d’affilée en simple, ce qui le place à égalité avec le record de huit titres de Roger Federer.

« L’anticipation, l’excitation, les nerfs – ils m’accompagnent à chaque match« , a-t-il avoué après la victoire de vendredi. « Lorsque j’entrerai sur le court pour la finale de dimanche, ce sera comme si c’était la première fois« .

Sa victoire pourrait lui permettre de réaliser un exploit sans précédent : devenir le premier homme, depuis Rod Laver en 1969, à remporter les quatre titres du Grand Chelem en un an. Huit autres victoires le séparent de cet exploit monumental.

En près de vingt ans de carrière, Djokovic n’a subi que cinq défaites en Grand Chelem après avoir remporté le premier set, et une seule défaite après avoir remporté les deux premiers. Mais ce n’était pas la même époque, et le Djokovic que nous voyons aujourd’hui est presque une réincarnation invincible de ce qu’il était auparavant. Sa maîtrise du jeu, même face à un risque de déstabilisation, témoigne de ses prouesses durables.

Sa position de redoutable maître du monde du tennis semble assurée, surtout depuis que ses rivaux de toujours, Federer et Nadal, sont hors jeu. Avec leur disparition, l’ambition première de Djokovic, qui est de les surpasser régulièrement, a besoin d’une nouvelle cible. Il a donc jeté son dévolu sur une génération de talents en herbe comme Medvedev, Thiem, Tsitsipas, Zverev, Rublev et Khachanov. Son aura et sa domination passée continuent de subjuguer ces jeunes stars.

Aujourd’hui, Djokovic a un nouveau titre du Grand Chelem à sa portée et les jeunes sont déterminés à le renverser avant son départ. A l’horizon, il y a la revanche avec Alcaraz, la star espagnole de 20 ans qui s’est effondrée sous l’effet des crampes lors de leur face-à-face à Roland-Garros.

Cette fois, Alcaraz sera confronté à un Djokovic beaucoup plus détendu pour sa neuvième finale à Wimbledon. L’Espagnol n’a vécu qu’une douzaine de matches à Wimbledon, mais il est aussi impatient que le vétéran serbe de remporter la victoire.

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